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    Brumes

     
     


    Un chemin qui ne va nulle part
    Ou plutôt
    Un chemin qui conduit vers ailleurs
    Une autre dimension

    L'automne est là qui tend les bras
    Au bout
    Le cocon s'entrouvre et tu marches dans l'air
    L'arbre est le seuil

    Une fumée une vapeur
    Sous tes pas le gazon mouillé
    Et puis
    Plus rien


     
     

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    Le grand cerf te connaît.
    Auteur des voûtes sombres
    Offert à la beauté,
    Dressé dessus les branches
    Il a le regard droit des souverains.
    Il voit plus loin, il voit plus haut que toi.

    - J'ai perdu, as-tu dit ;
    Et toi, tu as gagné.

    Le cerf n'a pas souri :
    Immobile et serein,
    Il voit dans l'invisible.
    Serais-tu l'inconnu des heures de l'oubli ?
    Elle sonne et résonne,
    Cette voix du sommeil.

    Mais il est là, debout ;
    Mais il est là, présent ;
    Et toi, tu vois l'éclair...
    Tu vois le jour passé,
    Tu vois que tu n'es plus.

    Tu vois l'éclair enfui,
    Et qu'il n'y a plus rien...
     



     

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    Septembre

     
     

    Septembre
    Mois des rangements
    Mois des retours
    Des classements
    Et des vendanges
     

    Septembre chaud
    Septembre las
    Septembre languissant sous l’azur apâli
    Septembre alourdi sous le poids des soucis
    Septembre décimé des bévues de l’été

    Toi qui étais si frais
    Si gaillard
    Te voici qui te traînes comme un canard sans aile
    Et déjà le chasseur se profile au lointain
    Qui tue des ours des loups
    Les chiens tirent la langue
    Dans le parc dévasté

    Comment seront tes fruits
    Nos fleurs ont rougi sur le grill
    Nos blés ont roussi au soleil
    Les pluies ont balayé notre beau ciel d’été
    Les chapardeurs sont là

    Et nous nous en allons vers un nouvel automne
    Désorientés
    Déracinés
    Guettant le jardinier qui nous replantera
    À la Sainte-Catherine
    En terre plus fertile
     
     
     

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  • Champignons




    La pluie est tombée
    Les champignons ont poussé
    La forêt s’étire
    Toute pleine de rais de soleil entre les troncs feuillus
    Je marche entre les bruyères
    Et vois des chapeaux qui me narguent
    Oh le bel olivâtre
    Et ce beau blanc cireux
    Et ces bruns mouchetés
    Décidément les amanites
    Règnent ici comme des cloportes
    Mon petit chien les snobe et passe son chemin
    Je les renverse avec ma canne
    Parfois quelques bolets douteux ou délaissés
    Gisent piteusement en travers du sentier
    Les ramasseurs sont là agglutinés plus loin dans un secteur de choix
    Mais je méprise tout je n’ai pas de panier


    Et puis le sous-bois change
    Il devient plus herbu
    Les moucherons s’agitent
    Le sol est défoncé
    Et je me prends le nez dans des fils d’araignée
    Mais sous mes pas que vois-je
    Cachées entre les herbes des corolles ocre pâle
    De si beaux champignons que je dois m’arrêter
    Je saisis dans mes mains leur joli pied charnu
    Et caresse leurs bords ourlés comme en festons
    Allons mes petits gars
    Vous trois je vous emmène
    On va voir qui vous êtes

    Ce sont des pieds de mouton
    Un mets délicieux
    Le verdict est tombé
    Ce soir nous mangerons
    De l’omelette
     
     
     

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    Lorsque descend le soir
    On entend les mésanges
    S’appeler ci et là
    Par petits cris complices
    Et le merle sifflote
    Sa mélodie rêveuse

     

    Dans la pénombre tiède
    La lune se déploie
    Dans un halo laiteux
    Sur le ciel bleu profond
    Et je me crois soudain
    Revenue au printemps



     


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