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Par Aloysia* le 13 Août 2005 à 12:00
Dans le ciel sans nuages il y a un bateau
avec des ailes bleues
Dans la mer écumante il y a un oiseau
avec des ailes d'or
Dans ton cœur douloureux il y a la nuit qui bat
comme un volet au vent
Dans ton cœur lumineux il y a mille étoiles
qui fusent avec ton rire
Dans la ville grondante il y a trois enfants
errant parmi des fleurs
Dans l'arbre luxuriant il y a deux vieillards
à la barbe de pluie
Dans l'espace infini il y a l'Amour fou
sur ses ruisseaux d'argent
Et pour le rencontrer nous cueillerons l'oiseau
avec ses bras d'ivresse
Nous prendrons le bateau et rêverons plus fort
pour le faire pencher
Nous ouvrirons nos cœurs jusqu'à ce qu'il chavire
et coule jusqu'à nous
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Par Aloysia* le 30 Août 2005 à 12:00
Il avait une cage où chantait un oiseau
Il eut peur de le perdre et il ferma la cage
L'oiseau chanta plus fort
L'oiseau chanta si fort et pépia si haut
Qu'il eut peur de l'entendre
Il jeta sur la cage une étoffe ouvragée
Pour oublier le chant pour oublier l'oiseau
Mais sous le drap brodé
L'oiseau chantait encore
De sa petite voix étouffée
Et il eut mal si mal qu'il voulut le cacher
A tout jamais
Il courut le ranger dans un placard
Sous une épaisse couverture
Mais dans son rêve
Il vit un tout petit oiseau doré
Qui chantait qui chantait
Un chant d'amour si beau si doux si nostalgique
Qu'il s'éveilla soudain serrant son cœur à pleines mains
Comme s'il allait mourir
Où l'avait-il caché
Pourrait-il jamais s'en souvenir
L'oiseau de ses matins l'oiseau de ses bonjours
L'oiseau de ses soleils
L'oiseau Lumière-de-ses-jours
L'oiseau de Vérité
L'oiseau de sa Vie
L'oiseau de son envol
Oxygène et respiration
Printemps navires et voyages lointains
Il aurait pu mourir
Certains meurent à ce moment-là
Juste lorsqu'ils sentent l'oiseau perdu
Mais lui il se souvint
Il se leva et crut encore
Il crut encore en lui-même
Il alla ouvrir le placard
Ota la couverture
Leva le linge brodé
Saisit la cage et l'amena à la fenêtre
Ouvrit la petite porte
Et prit entre ses mains l'oiseau tremblant
Le réchauffa et lui parla
Soufflant doucement sur son bec et ses plumes
Et lui dit
Chante chante pour moi
Et envole-toi s'il te plaît
Même au risque de te perdre à jamais
L'oiseau ouvrit ses yeux et remua ses ailes
Frémissant de partout il ouvrit le bec pour chanter
Mais aucun son ne vint
Il lui dit
Je t'aime
Tu es l'oiseau de ma Vie
Et il ouvrit ses mains
Alors l'oiseau battit des ailes et s'envola
Mais non par la fenêtre ouverte
Dont les effluves odorants soulevaient ses plumes
Il alla se poser sur son épaule
Et lui souffla dans l'oreille
Le plus beau le plus limpide
Le plus merveilleux des chants d'amour
Il pleura
Cette voix était si douce
Plus douce encore que dans la cage
Plus tendre encore que dans son rêve
Si proche et si intime
Si présente et si caressante
De ce jour l'oiseau ne quitta plus jamais
Ni son oreille ni son cœur
Même pour dormir
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Par Aloysia* le 18 Septembre 2005 à 12:00
Y en a qui travaillent
Toute la journée
Y en a qui bataillent
Au long des années
A tordre des fils
A tirer l’aguille
A tisser des toiles
A faire l’étoile
Y en a qui s’épuisent
Même en plein soleil
Et qui se déguisent
En radio-réveils
Alors que le soir
Quand l’insecte dort
L’araignée ressort
Et nous dit : « Espoir ! »
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Par Aloysia* le 17 Novembre 2005 à 12:00
Le Plomb du Cantal, 11 novembre 2005 (photo Martine Maillard)
J’ai tant vu de visages…
Autrefois ils avaient l’austérité des ombres,
Ils passaient sans éclat sur un écran d’images
Dans mon décor morose…
Un jour ils ont pris vie ;
Et j’ai vu s’allumer le fond d’un regard clair
Dans un brillant sourire :
Mon âme épouvantée s’en crut ensorcelée.
Aujourd’hui je vous vois, visages différents,
Animés d’un halo de lumière intérieure
Plus ou moins rayonnant
En fonction des effluves émanés de votre âme…
Oh ! Que j’aime surtout ces lumières paisibles
Des visages sereins,
Dont on sent la chaleur doucement attentive
Et l’éclat généreux !
O combien je m’attriste
De rencontrer encore tant de regards éteints
De visages sans vie comme nuits sans étoiles !
Mais ton visage à toi, bel ange vénitien,
Répand un feu trop vif à mon regard tout neuf…
On dirait qu’il pétille, et que mille flammèches
En jaillissent sans cesse en flèches crépitantes.
Reflète-t-il la vie ardente et enthousiaste,
Une gaieté qui fuse irrésistiblement ?
Ou est-ce qu’il attire et se veut fascinant,
Ce feu tourbillonnant, ce brillant papillon ?
Si j’approche trop près, je suis éclaboussée
De brûlures subtiles…
Avoir les yeux ouverts est vraiment s’exposer
A d’étranges blessures !
Et pourtant, dans le ciel,
Le grand soleil mousseux ressurgi d’un cratère
Dans l’éclat métallique d’un château de nuées,
Me renvoie un reflet de splendeur argentée,
Comme pour m’indiquer majestueusement
De me vêtir d’acier clair et doux comme lui,
Afin que ton pétillement doré
Puisse atteindre sans meurtrissure
La source vive de mon cœur !…
1983
Le Puy Griou, 11 novembre 2005 (Photo Martine Maillard)
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Par Aloysia* le 4 Décembre 2005 à 12:00
Marché à IssoudunJour de marché
Papotons autour des légumes
Bonjour Monsieur bonjour Madame
Et ces couteaux sont-ils solides
Regardez-les ces pantalons
Moi j’aime mieux ces jupes-là
Tiens on va prendre le café
Réchauffons-nous sous la terrasse
Robert Bichet
Jour de marché près du beffroi
Il y a la queue chez le boucher
On fait le choix des bons fromages
Et on papote auprès des fleurs
Sous la fontaine des lions
Qui n’ont plus d’eau car il fait froid
Et qui ronronnent sous les arbres
Au milieu des feuilles tombées
Croirait-on que ces photos ont été prises un 3 décembre ?... Il faisait froid, pourtant.
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