•      Cette reprise un peu tristounette me donne envie de vous livrer quelques sonnets "grinçants" que j'écrivis à une période peu sympathique de ma vie, lorsque j'étais le cancre d'un grand lycée de Paris où je ne me sentais pas du tout à ma place...

     

     
     

    C'est une basse-cour caquetante d'ennui :
    On se rase, on rigole, on se barbe et se marre...
    Tandis que l'une pleure et que l'autre en a marre,
    Notre coq de village a sa huppe qui luit.
     
    « Ce qu'on s'amuse ici ! » dit-elle dans le bruit ;
    Mais en guise d'amphi, nous n'avons qu'un théâtre
    Qui s'emplit de pantins gigotants et hilares...
    Les poules ont des dents et la raison s'enfuit.
     
    Ah ! Comme il est vivant, comme il est « folklorique »,
    Le dernier samedi, notre cours de latin !
    Dans les bouquins crasseux, la vieille rhétorique,
     
    Nous l'avons reléguée en des recoins lointains :
    Nous rêvons à demain, suivant d'un regard pâle
    Les nuages fuyant au ciel, pressés et sales...


     
     Je regrette de n'avoir pas d'image à associer : en effet je n'ai guère conservé de photos de l'époque.  Certains d'entre vous reconnaîtront un vocabulaire un peu dépassé aujourd'hui, comme l'adjectif "folklorique", qui fit fureur à une certaine époque, alors qu'aujourd'hui on dirait ... "top", peut-être ; d'autres se souviendront sans peine de la chanson potache qui commence par "dans un amphithéâtre"...
    Ce poème, problablement écrit la veille du départ en vacances de Noël, paraît un peu s'accorder avec la météo du jour.
    Heureusement que tout cela a bien changé !

       
              Ça ira mieux demain... 
     
     
     
     
     

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  • Extrait du tableau "Le Printemps", de Botticelli : les trois Grâces.


     
     
    Jeunes filles de marbre, où la blanche froideur
    Allie à la beauté des formes gracieuses
    La noble pureté de vierges silencieuses,
    Elles sont à la fois élégance et grandeur.

    Mais que font-elles donc là, si mystérieuses,
    Depuis les temps lointains où l’âme du sculpteur
    A soufflé un rayon léger sur leur pâleur ?
    Elles parlent tout bas de choses merveilleuses…

    Elles parlent des mains, des gestes et des yeux,
    Un langage oublié qui n’existe qu’aux cieux
    Et que nos sens grossiers ne savent plus comprendre.

    Oh ! Qu’un sculpteur divin me modèle le cœur
    Dans un marbre aussi pur que celui des trois sœurs !
    Peut-être je pourrai alors le réapprendre !
     


     

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  •      En 1970, j'étais pensionnaire dans un lycée austère où la philosophie ne me semblait plus avoir aucun sens. M'inspirant d'un poème d'Agrippa d'Aubigné (1552-1630) étudié en classe de lettres (heureusement plus intéressante), je commis alors ce vilain pamphlet :

      

    Sainte Contradiction, levier de la Raison,
    Guéris en me blessant mon angoisse profonde ;
    Et grâce à la Praxis, d'où je pars et me fonde,
    Trouve des connexions, de subtiles liaisons.

    La Théorie est vide et nous la haïssons :
    Plus de spéculations arides sur le monde !
    L'étude structurale est beaucoup plus féconde :
    Tuons le dogmatisme, amis, et "scientisons" !

    Les systèmes figés de la métaphysique
    Sont à l'entendement comme un soporifique...
    Moi, je veux progresser par les contradictions.


    Etudions désormais la gnoséologie,
    Ne nous adonnons qu'à la méthodologie,
    Puisque nous respectons enfin l'Evolution ! 
     


    Dessin humoristique extrait d'un site dédié à un organisme suisse d'amélioration de la vie sociale et culturelle (le GWA) ; il s'agit là d'un colloque qui eut lieu en mars 2003. En haut il est écrit : "méthodes de participation", et à gauche le personnage qui tire de l'eau remarque : "il ne vient rien !"
     

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        L'hiver m'épuise, je bâille de plus en plus... Je pense avoir des affinités avec les marmottes, qui hibernent ! Et cela me rappelle le dernier de ces "vilains" sonnets que j'ai écrits lors de mes pénibles études parisiennes, au sujet de ce cours de philosophie abhorré. L'amie Hélène qui y est citée n'a rien à voir avec Hélène Grimaud - dont j'aimerais vous reparler prochainement ! -, et elle s'acquittait stoïquement d'un exposé sur Platon bien étrange : n'avait-elle pas dessiné au tableau un chien en train d'aboyer, nous affirmant que ce n'était qu'une "idée de chien" ??
      
     
     

    Un chien aboie au tableau noir ;
    Hélène parle des Essences ;
    Mais si nous avons l'existence,
    Comment pouvons-nous le savoir ?

    C'est dans un sombre désespoir
    Que le cours de philo nous lance,
    Car ce que le grand Platon pense,
    Nous ne pouvons le recevoir.

    Nous dissertons ontologie
    Mais notre esprit, pauvre bougie,
    Vacille, fumeux et mourant...

    Adieu, Vérité éternelle :
    Que l'Intelligence étincelle
    Bien loin de nos corps transparents !
     
     
     
     
     

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    Comme je regardais dans le miroir des ondes,

    Je vis se dérouler des pays azurés,
    Des îlots lumineux tout couverts de forêts,
    Flottant nonchalamment parmi les mers profondes.

    De blancs voiliers ancrés auprès des rives blondes
    Semblaient dans leur sommeil aux grands oiseaux sacrés
    Des cultes d’Orient, et les cieux adorés
    Miraient à l’infini les splendeurs de ces mondes.

    Et moi, je désirais la candeur des oiseaux,
    La sereine harmonie ample et grave des eaux,
    Le radieux éclat des Iles Délicieuses,

    Et j’aspirais à fuir là-bas si ardemment
    Que, glissant vers mon rêve imperceptiblement,
    Je rejoignis dans l’eau l’image fallacieuse...

     

    Extrait de "Pour Survivre", 1969
     

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