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Par Aloysia* le 23 Mai 2005 à 12:00
(En écoutant le "Poème" pour violon et orchestre d'Ernest Chausson)Il est seul
Ses ailes pliées contre son cœur
Il est seul et s’agenouille
Comme l’ange devant Marie
Il est triste
Et plus il est triste et plus il est vibrant
Plus se fait pénétrante la musique de son âme
La musique du désert
Sa nuque est si fragile
Qu’il n’y passe que ses cordes vocales
Sa poitrine si émouvante
Qu’il s’y ouvre deux larges blessures
Mais il est si sensible
Si doux comme une jeune fille
Que dès qu’on l’a touché
Il s’embrase d’amour
Il éveille le désir
Et le désarme aussitôt
Le métamorphosant
En détresse adorante
O violon inviolé
Prisonnier de l’archer qui t’effleure
Mais ne te blesse point
Tu es Merlin en son rempart
Aime et pleure d’aimer
La forêt t’accompagne
Et l’immense tristesse des arbres
Jusqu’en l’éternitéNote : Ernest Chausson est un compositeur français du début du siècle, qui s'est particulièrement inspiré des légendes bretonnes. Il est question ici d'une oeuvre musicale dans laquelle l'instrument soliste semble déclamer dans un phrasé particulièrement expressif et mélancolique.
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Par Aloysia* le 4 Juin 2005 à 12:00
1 - Prélude
Sous le scintillement diffus des projecteurs,
Les instruments au loin resplendissent dans l'ombre...
Le piano ténébreux comme un miroir obscur
Ressemble à un félin faiblement assoupi ;
Près de lui est couché l'élégant violoncelle,
La nuque renversée comme un enfant rêveur...2 - Sonate
Le piano gronde
Au fond d'un gouffre de splendeur,
Tandis que monte, intermittente,
La plainte âpre du violoncelle...
Puis c'est un lac profond à nos regards noyés,
Sur lequel vient glisser en volutes d'espace
Le chant sonore et grave d'un adolescent...
Par questions et réponses, ils luttent un instant,
Puis s'estompent en mourant, comme repris par l'ombre.
Leurs voix s'enlacent encore
Au-dessus de nos têtes,
Flamboyant caducée
Au ciel imaginaire...3 - Postlude
Le rêve chaud vibre dans l'air,
Comme une chevelure ondulante et soyeuse
Jetant à profusion
Ses flammèches fluides...
La vision arrêtée
Fige les cœurs en suspension,
Le souffle sur les lèvres,
L'âme prête à jaillir...
Mais le torrent subit des applaudissements
Brise soudain l'extase
De cette nuit d'été.
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Par Aloysia* le 25 Novembre 2005 à 15:16
PACIFIC 231
En hommage à Arthur Honegger
Souffle
Crache
Siffle
Grincement d’essieux
Lourde machine en marche
Tu pars pesante et tu martèles à coups de reins
Le sol des rails où tu t’ébranles
Monstre masse de ferrures énormes
Et tu pars et tu files et tu t’élances au long de la campagne
Et tu cours à travers les champs que tu dévoiles
De part et d’autre de tes flancs en bandes délirantes
Et tu files au vent tel un cheval au grand galop
Fendant le paysage en Reine que tu es
Et soudain tu te cabres
Arrêt Il faut stopper
Et voilà tu arrives
Une gare est là-bas
Il te faut enchaîner peu à peu tes essieux
Et tu lâches un grand jet
De vapeur jusqu’aux cieux
Et tu viens
Peu à peu
T’arrê-
Ter
Écoutez la musique correspondante ici
(vidéo youtube en bas de l'article)
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Par Aloysia* le 7 Décembre 2005 à 12:00Tu dormais mon piano
Les yeux baissés sur tes songes précieux
Brillant comme un miroir
De mes pensées confuses
Enrobé dans le soir
Tu m’attendais
Tu attendais que j’ose esquisser sur tes lèvres
L’ébauche d’un sourire
Et que je te réchauffe à courir sur tes touches
A travers les bémols et les accords parfaits
Que je souffle à tes joues le parfum des berceuses
Et que je te rappelle
Tant de moments chantants
Frémissement rêveur
Tu t’ébroues doucement sous mes doigts malhabiles
Et puis te ressaisis sous des gammes précises
Un arpège s’effondre
Un autre s’affermit
Tu ronronnes à présent mon piano réveillé
J’aime sentir ta joie quand je te fais revivre
Pour une mélodie pour un instant d’extase
Le clair balbutiement d’une chaude arabesque
Jusqu’au seuil de l’été déployé dans la nuit
Puis tu fermes tes yeux discrètement complice
Et tu gardes en ton cœur l’harmonie qui résonne
Le jardin des délices à ton front se reflète
Ruisselant à jamais
De la claire fontaine aux mille touches blanches
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Par Aloysia* le 26 Novembre 2007 à 12:00Voici un poème que j'ai écrit en écoutant une œuvre pour violon et orchestre d'Ernest Chausson, intitulée précisément "Poème". Dans cette magnifique page, le violon semble s'avancer devant l'orchestre qui lui fait écho, et se lance dans une longue déclamation, d'abord paisible, puis véhémente, déchirante, avant de retomber dans le calme de l'acceptation.
Chausson, comme ses contemporains Vincent d'Indy ou Guy Ropartz, voulait adapter le style wagnérien à la tradition française, et a souvent puisé l'inspiration dans la légende arthurienne - notamment avec son drame lyrique "le Roi Arthus" et son poème symphonique "Viviane". C'est ce qui motive mon allusion à Merlin l'enchanteur.
Il est seul
Voici en illustration musicale
Ses ailes pliées contre son cœur
Il est seul et s’agenouille
Comme l’ange devant Marie
Il est triste
Et plus il est triste et plus il est vibrant
Plus se fait pénétrante la musique de son âme
La musique du désert
Sa nuque est si fragile
Qu’il n’y passe que ses cordes vocales
Sa poitrine si émouvante
Qu’il s’y ouvre deux larges blessures
Mais il est si sensible
Si doux comme une jeune fille
Que dès qu’on l’a touché
Il s’embrase d’amour
Il éveille le désir
Et le désarme aussitôt
Le métamorphosant
En détresse adorante
O violon inviolé
Prisonnier de l’archer qui t’effleure
Mais ne te blesse point
Tu es Merlin en son rempart
Aime et pleure d’aimer
La forêt t’accompagne
Et l’immense tristesse des arbres
Jusqu’en l’éternité
le début du "Poème" de Chausson,
interprété par Augustin Dumay et
l'Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo
sous la direction de Manuel Rosenthal
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