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Par Aloysia* le 19 Février 2015 à 09:40
La beauté de ce matin mérite bien que je réédite ce poème daté d'octobre 2005.
Je veux des mots d'hiver
Des mots qui s'enracinent dans la fibre du temps
Et qui s'en vont figés dans le gel translucide
Des mots transfigurés
Fulgurant au soleil
Et partis à pas lents pour ramasser le ciel
Des mots de cheminée
Qui craquent sous les doigts
Et qui diront demain la douceur des aurores
Qui feront se lever le premier jour du monde
Un jour froid et superbe
Un jour étincelant
Un jour de draperies où le givre dessine
Un nouveau monde nu
Enrobé de splendeur
Sur les arbres vêtus de franges immaculéesNB : ce poème est publié dans mon recueil "Instants Secrets".
26 commentaires
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Par Aloysia* le 28 Octobre 2012 à 11:00
J’avais oublié le pouvoir des mots
Je croyais qu’il suffisait de dire
Mais non
Les mots sont vivants
Ils sont cette matière que l’on pétrit
Que l’on façonne comme la glaiseEt qu’on étale sur le papier
Comme la couleur sur un tableau1 commentaire
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Par Aloysia* le 27 Février 2012 à 12:00
Voici le second poème annoncé jeudi dernier... Il a déjà été publié lui aussi en octobre 2005.
Je veux des mots si doux qu’ils diront l’aventure
Qu’ils partiront au gré du vent qui les caresse
Et qu’ils courront perdus
Sans ânon ni collier
Petits mots à tâtons endormis sous l’ombrage
Je veux des mots qui sonnent ainsi que des clairons
Aux vastes harmonies
Aux longues résonances
Des mots comme des gongs suspendus à des chaînes
Frappés par des maillets dans des lamaseries
Je veux des mots chenus tout ridés et tout secs
Penchés sur les chemins à ramasser des glands
Des mots tremblants auprès du poussin nouveau-né
Et qui glanent aux champs avec leur vieux panier
Les mots sont les supports des rêves des poètes
Ils vivent auprès d’eux comme de grands oiseaux
Dans la clarté du soir à demi endormis
Et battent des paupières au soleil déclinant
Tandis que l’âme s’ouvre aux étoiles naissantes1 commentaire
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Par Aloysia* le 23 Février 2012 à 12:00
Je prépare actuellement une publication de tous les poèmes écrits depuis la création de ce blog. Celui-ci a été composé en octobre 2005, et s'appelait tout simplement "Les Mots" ; cependant comme il fut suivi d'un second portant le même titre, je l'ai renommé pour le différencier du second, que vous pourrez lire prochainement.Issoudun - Parc François Mitterrand - mars 2006
Je veux des mots d'hiver
Des mots qui s'enracinent dans la fibre du temps
Et qui s'en vont figés dans le gel translucide
Des mots transfigurés
Fulgurant au soleil
Et partis à pas lents pour ramasser le ciel
Des mots de cheminée
Qui craquent sous les doigts
Et qui diront demain la douceur des aurores
Qui feront se lever le premier jour du mondeUn jour froid et superbe
Un jour étincelant
Un jour de draperies où le givre dessine
Un nouveau monde nu
Enrobé de splendeur
Sur les arbres vêtus de franges immaculées1 commentaire
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Par Aloysia* le 18 Octobre 2011 à 12:00
En hommage à Russalka et à Sabine, merveilleuses conteuses, je reprends ici un poème écrit il y a quelque temps - car on ne peut être toujours inspiré ! Il faut parfois reprendre des œuvres anciennes dans les tiroirs...A l'époque j'avais accompagné une classe d'élèves de sixième jusqu'à la médiathèque de la ville, afin d'entendre notre bibliothécaire jeunesse qui avait suivi la formation de conteuse offerte par le CLIO (Conservatoire Contemporain de Littérature Orale, installé en Loir-et-Cher).
Bruno de la Salle, fondateur du CLIO
Elle était devenue spécialiste du genre et avait même aménagé une petite salle à cet effet : entièrement moquettée cette pièce présentait un carré en creux dans le sol, de telle sorte que tout le monde s'asseyait sur la petite marche, avec elle. En l'occurrence nous étions bien trop nombreux (deux classes et quatre accompagnatrices) si bien que les enfants avaient été invités à s'asseoir à même le sol, au centre du cercle.Elle m'avait bluffée, par la technique passionnante qu'elle avait acquise : en effet, dans sa manière de faire, un conte ne se résume pas à un "récit", c'est surtout une prestation orale qui s'apparente au théâtre et presque à la musique - sans le chant, mais avec le rythme.
"Conter", c'est d'abord se camper en tant que personnage ; elle démarrait à la première personne et affirmait rapporter ce qu'elle avait ouï dire - sur le ton bien sûr de la confidence, en se penchant et en parlant bas : "Oui, moi qui... je peux vous dire que..." etc. Et elle terminait surtout ainsi, sur de grands sous-entendus ramenant à la réalité présente : "... et il court toujours !"
Ensuite, conter, c'est introduire une dimension féérique au moyen de sortes de refrains, d'onomatopées, de petits mots magiques qui reviennent régulièrement, souvent dénués de sens précis mais accompagnés d'un rythme spécifique très rapide ("Et tap, et tap, et tap", ou "et j'me dépêche , et j'me dépêche"...) dans un langage simple mais toujours joli et évocateur, qui petit à petit entraîne l'auditeur dans une bulle de rêve.
Enfin, dernière technique très sensible, associer l'auditoire au récit : "... et alors, que pensez-vous qu'elle fit ... ?" La voix reste en suspens, le regard interroge les assistants bouche-bée ; et la conteuse ne reprend qu'après avoir recueilli la supposition hésitante d'un gamin. Sauf que dans le conte apparaissent des répétitions : la même situation se reproduit plusieurs fois... si bien que la question : "... et alors ? " devient si évidente que cette fois c'est la salle en choeur qui répond ce que fit la jeune héroïne. Hélas ! Au moment même où tout le monde est sûr de la réponse, c'est là que : "Ben non...", fait la conteuse sur un ton désolé ; c'est là que ça se passe autrement...
C'est en revenant de cette belle prestation que j'ai écrit ce poème en septembre 2006.
Image empruntée au site de la Communauté de communes de Podensac
Quand le conte raconte...
Le rêve du poète
Ce sont ces feuilles mortes,
Et toutes ces étoiles,
Tous ces nuages
En couleurs dans sa tête
Un peu comme un appel
Du ciel taché d'ouate,
Un peu comme une écharpe
Qui vole au vent
Un peu comme la chanson
Du matelot qui part
En traversant les houles,
Sur l’écume des flots.Le rêve du conteur
C’est un pays tout blanc
Un pays de chimère
Aux araignées gourmandes,
Aux sorcières déchues,
Où vient le bon Génie
Jouer du tambourin
Sur l’arrière-train des singes
Envolés dans les arbres ;
Ce sont des enfants-rois
Qui écoutent ravis
L’histoire d’une servante
Plus forte qu’une armée !Quand le conte raconte
Le poète s’endort :
Tout devient plus aisé
Dans un nid de papier.
Tu souris au pommier
Que tes pas ont trouvé,
Et dans le vieux chaudron
T’attend le Fils du Roi !
Raconte-m’en toujours,
Je ne veux plus grandir…1 commentaire