• Ces toits gris aplanis,
    Chaque rayon discret du soleil du matin
    Tendrement les redore.

    Des étoiles au ciel
    Glissent très doucement sur des nuages roses
    Vers des pays lointains…

    - Dans la cour oubliée,
    L’orgue de barbarie laisse flotter dans l’air
    Quelques chants attristés,
    Souvenir esseulé
    Du passé endormi…


     

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    Cygnes sur le Cher (octobre 2005)
     
     
    Nous avons fui vers le terroir humide
    Déjà les troncs sont noirs et le feuillage ambré
    La rivière se gonfle et roule un flot boueux
    Le ciel est tourmenté l’automne est roi
    Mais un automne lourd malade
    Et les oiseaux sont loin

    Ah que ne vous avons-nous suivies
    Hirondelles et cigognes
    Vers les terres rouges et âcres des déserts
    Nous allons vers la nuit et la maison se ferme
    Frileusement sur sa chaleur
    Dans l’attente de son Noël
    L’absence de Noël

    Car où l’enfant naissait la nuit était bien douce
    Chaude de tous ses habitants
    Tranquille et toute plombée d’étoiles
    Vibrante d’anges et d’animaux

    Oh partons au désert où sont les hirondelles
    Et suivons la cigogne jusqu’à l’ibis sacré
    En Egypte devant les immenses piliers
    Des temples millénaires
    Au parvis des tombeaux creusés dans la montagne
    Jusqu’au cœur de la terre
    Où sont les dieux dormant
    Et le palpitement d’un soleil oublié
     
     


    Façade du temple d'Abou Simbel   
     
     
     

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    Ils avaient dîné très tard.
    Des lustres, les chandelles s’affaissaient en pleurant...
    Les lampions rougeoyants souriaient un peu ivres,
    Noyés dans le brouillard tiède.

    Sur eux le Songe se fermait
    Comme un grand coquillage…

    Aveugles, ils s’endormirent,
    Vaincus par l’éternel sourire des soleils
    Qui glissent à rebours des cercles enchantés,
    Etourdis par les pleurs intermittents des astres
    Cloués à leur abîme.

    Et lorsqu’ils s’éveillèrent,
    Ils étaient seuls !

    Seuls…
    Ils se regardaient
    A travers l’ombre hostile,
    Balbutiant des mots
    Qui n’avaient plus de sens…

    Etrangers,
    Eperdus,
    Ils se cherchaient,
    Mais ne se trouvaient plus !


    © Editions Saint-Germain-des-Prés, Paris 1973
    (« Le Rossignol d’Argent»)


     
     
     

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    Etoiles...

     

     

    Oui j’irai dans la nuit des étoiles
    Oui j’irai dans le soir des étoiles
    Sans voiles
    Au milieu des étoiles
    Et pâle
    A l’éclat des étoiles

    Je courrai dans le froid des étoiles
    Je courrai dans l’hiver des étoiles
    Etrange
    Dans la nuit des étoiles
    Immense
    Dans le soir des étoiles

    Je fuirai dans les cris des étoiles
    Je fuirai dans le chant des étoiles
    Perdue
    Dans le froid des étoiles
    Menue
    Dans l’hiver des étoiles

    Je crierai dans le flot des étoiles
    Je crierai dans le mer des étoiles
    Pleurante
    Dans les cris des étoiles
    Mourante
    Dans le chant des étoiles

    Et la vie dans la nuit des étoiles
    S’enfuira dans un envol d’étoiles
    En gerbes
    Comme un bouquet d’étoiles
    En perles
    Comme un essaim d’étoiles

    Et l’amour dans le froid des étoiles
    S’enfuira comme le flot d’ étoiles
    En vagues
    Comme une mer d’étoiles
    En vagues
    Et volutes d’étoiles

    Je verrai s’évanouir les étoiles
    Une à une je verrai les étoiles
    Pâlir
    Comme au matin l’Etoile
    Mourir
    Dans un souffle d’étoile

    Je verrai s’effacer les étoiles
    S’effacer comme on dissipe un voile
    Brouillard
    Qui s’envole en étoiles
    Ou soir
    Se fondant en étoiles

    Plus de jour pour survivre aux étoiles
    Quand seront disparues les étoiles
    La Nuit
    Sera l’unique étoile
    La Nuit
    Me tuera pauvre étoile

    Je mourrai alors dans les étoiles
    Je fuirai comme une brume un voile
    Sans voile
    Au milieu des étoiles
    Et pâle
    Tout comme les étoiles


    Publié en 1974 aux éditions Saint-Germain-des-Prés
    dans un ensemble intitulé
    Pour Survivre,
    (Le Rossignol d'Argent)
     
     
     

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  • Cri

     
     


     
     
    Il y a mille ans que je t'appelle
    Petite étoile
    Blottie au fond du ciel

    Et comme à chaque fois
    Tu caches en frissonnant ton sexe d'orchidée
    Et ta nudité tombe en flèche
    Dans le goulet du ciel obscur

    Mais aujourd'hui
    Le voile du soleil s'est déchiré
    Aujourd'hui
    Mon cri a ébranlé les voûtes de l'espace
    Et la grande clameur des astres
    Le répercute à l'infini

    Fasse le dieu solaire
    Que je meure d'amour
    Si tu ne viens à moi

    Les ombres de ma vie auraient péri depuis longtemps
    S'il ne m'avait fallu t'attendre
    Et te chercher
    Et t'espérer
    Petite étoile petite
    Blottie au fond du ciel

    Mais vois-tu la nuit passe
    Et les journées s'étirent
    Comme de longs serpents
    Mes cheveux dénoués

    Tu fondras dans le jour
    Dans le soleil d'un jour
    Dans le feu d'un regard
    Dans le feu d'un soleil

    Si tu ne viens à moi
    Avant l'aube imprécise
    Petite étoile enfuie
    De mille continents
    Et de toutes mes vies
     
     

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