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Par Aloysia* le 3 Novembre 2005 à 12:00Parmi les auteurs que j'admire, il y a Joël Martin, le maître de la Contrepèterie.... Mais au fait, qu'est-ce qu'une "contrepèterie" ? Cela consiste à échanger les syllabes, les voyelles, ou même seulement les consonnes de certains mots de manière à en former d'autres... Un art très subtil du jeu de mots dans lequel Joël Martin excelle tant, qu'il en pond comme d'autres sifflotent dans leur douche : à gogo ! Et j'en suis éberluée car cela semble couler de source alors qu'en ce qui me concerne, rien à faire : je n'ai jamais réussi à en fabriquer une, je le confesse.
Bien sûr, bien sûr, diront certains, la contrepèterie est un art qui fit fureur dès la Renaissance, surtout pour maquiller des grossièretés, et que les messieurs échangent encore dans les salons avec des clins d'yeux complices en direction des dames...
Mais tout le mérite de Joël Martin est d'en avoir écrit dans des livres à l'intention des enfants : eh ! oui, la "contrepèterie pour tous" est aussi sa spécialité !!
Alors, comme je suis quelqu'un de sérieux - et qu'en plus ces textes sont tordants -, ce sont eux que je vais vous citer ici. Tirées de la page "journaux" du livre intitulé "La vie des mots... l'ami des veaux !"
Lutte animée à l'humanité !
Le loubard balourd de Vénissieux était né vicieux...
Vers Saint-Cloud, cinq loups verts...
Quand ça pollue, ça pue l'eau !
Invasion de rappeurs dans les studios : stupeur dans les radios !
La sœur du notaire a volé la terre du noceur...
Et maintenant voici deux menus à l'entrée d'un restaurant :
1) menu gastronomique 2) menu touristiqueLoup aux cèpes Soupe au lait
Coquillages à l'aneth Coquillettes à la nage
Fesses de grenouilles Graisse de fenouil
Lourdes pastèques Steaks, palourdes
Poires aux pruneaux Prunes aux poireaux
Bon appétit !
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Par Aloysia* le 19 Janvier 2006 à 12:00
Maurice Audejean est né en avril 1942 dans l’Indre, d’une famille d’agriculteurs. A 18 ans, sa découverte d’Arthur Rimbaud l’a décidé à se lancer dans la poésie.
D’abord berger en Camargue, il est devenu instituteur dans l’Indre, et a longuement enseigné en zones rurales, car il adorait la campagne. Il puisait son inspiration dans la nature, notamment l’été en Ardèche. Ses élèves l’appréciaient pour ses connaissances et pour son aptitude à susciter l’intérêt.
Passionné de philosophie et de lecture, il rencontra beaucoup de poètes, notamment René Char qui l’encouragea énormément dans sa vocation.
Marié et père de trois enfants (dont un tôt disparu), il était aussi travailleur acharné, et se levait avant l'aube pour peaufiner ses manuscrits, qui furent publiés aux éditions Rougerie, en Haute-Vienne, grâce à l’aide financière du Centre National des Lettres.
On trouve successivement Drains (1982), La Cime du Lieu (1984), Le Peu et l’impossible (1987), Le Pré du Brasil (1984), Au Matin Calme (1988), et Partir avant la Fin (1990) – uniquement de la poésie.
Hélas, Maurice Audejean nous a quittés à l’âge de 49 ans, en janvier 1992, des suites d’une longue maladie.
Maurice Audejean (photographie gracieusement prêtée par la famille)
Je lui rendrai hommage ici à l’aide de quelques poèmes tirés de « La Cime du Lieu ».
1 - Grands yeux ouverts.
Le soleil passe dans le vent2 - Comme tout est calme ici !
Terre étendue.
Le vent plie les nuages,
Hache la pluie
Qui s’en repart.
Un peu plus loin
Sur le retour,
Nous croiserons la lumière
Remontant à flots la vallée.
Décision un peu folle
De rester tapis
Dans un coin de rocher.
*
Mais où est ton cœur donné
Ton corps jailli ?
Tu relances la plaine dans le cri.
A nouveau, je ne sais plus comprendre,
Ma faiblesse redevient prière,
Je me déplie comme une feuille,
Mon cœur sous ma peau se dilate,
Le matin exagère !
Le ciel m’attrape tout entier,
Je n’ai plus de poids sur la terre,
Il faut suivre un nouveau chemin
Quelque chose m’abandonne
Quelque chose m’attend.
Je suis heureux et las,
Incertain et impatient.
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Par Aloysia* le 21 Janvier 2006 à 12:00
(Suite de cet article)Avant-hier, j'évoquais Maurice Audejean, personnalité éminemment attachante de ma région, poète trop tôt disparu. Voici d'autres citations tirées de ses livres, pour vous permettre de mieux appréhender cette poésie toute de subtilité et de profondeur, aussi intense que pudique.
On trouve ici une page qui lui est consacrée sur le site "Printemps des poètes".
Extrait de « Drains » (Rougerie, Mortemart, 1982, p.50)
Où il faut toujours aller au-delà.
Que la paille couvre le toit
Que le veau lèche son auge
Qu’il fasse clair le matin,
Plus clair que le besoin
Qu’on n’imagine pas.
Minutes d’eau folles
Et toi levain,
Les bras grandissent,
La lumière se crée.
Naturelle est la femme
Et celui qu’elle aime
Retrouve ses dimensions silencieuses
Au vertige du don.
Extrait de « Le Pré du Brasil » (Rougerie, Mortemart, 1984)
Jeune et belle, déboutée de l’eau et du dedans des ronces,
Douce conque, au mot parfum polie,
Tu brasses l’air comme si des pétales te poussaient.
L’image grossière d’où tu es extraite n’a pas disparu
Mais ce passage de la mort à la vie t’a grandie
Et il fait beau des plaisirs renouvelés un à un.
A grand peine les étoiles sortent de la nuit pour nous parvenir,
Avec des dents pour mordre nos yeux
Et défaire la poussière d’ici
Qui sans cela se croirait définitive.
Toujours neuve voix, sortie du silence,
Conque étoilée entre les belles…
Extrait de « Le Peu et l’Impossible » (Rougerie, Mortemart, 1987)
Le silence sait d’où je viens
Nous retournons chercher
Au fond de la mer
Ce que nous sommes devenus.
Temps d’abstinence
Et de jouissance
Se succèdent.
Nous mâtons haut
Sans même boire.
Quand le vent tombe,
L’eau redevient poisson.
Extraits de « Au matin calme » (Rougerie, Mortemart, 1988)
Un mot simple
Recommence la vie
A chaque instant.
Dérouter les yeux
Par une longue errance
A propos du vent.
La terre est tout entière
Dans la boucle tendre de l’eau.
Les mots savent que
Nous sommes séparés
De notre vie.
Extraits de « Partir avant la Fin » (Rougerie, Mortemart, 1990 : page finale)
Tout l’été est passé de notre côté.
La terre doit célébrer le jour avec grâce.
Où ? Quand ? Comment ? Un besoin vital devient rupture d’avec soi.
La poésie des arbres entre dans la maison pour y garder le feu vivant.
Vivre ne peut tenir en une seule vie.
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Par Aloysia* le 16 Février 2006 à 12:00
Durant les vacances, je me délecte de littérature jeunesse...Eh ! oui ! Je n'ai pas la force de concentration de certains, qui lisent Pierre Lévy... C'est peut-être dû à mon éloignement des grandes villes ou à une "mauvaise passe", mais peu de littérature m'intéresse actuellement, à part vos blogs, Hélène Grimaud, et quelques ouvrages (parfois de poésie...) écrits pour la jeunesse.
En voici deux que je vous recommande (ou éventuellement pour vos enfants ou petit-enfants !) :
Alain Grousset, que j'ai eu la chance de rencontrer plusieurs fois, se passionne pour la science-fiction, mais s'inspire très souvent de la société du moyen-âge pour dériver imperceptiblement du connu vers l'inattendu, vers un mode totalement inédit dont il a l'art d'imaginer constamment de nouvelles formes...
Extrêmement actif et d'une imagination fertile, il s'associe parfois à d'autres auteurs pour des séries un peu "faciles" (par exemple avec Danielle Martinigol pour la série "Kerri et Mégane", sous le pseudonyme de Kim Aldany) ; mais dans "La Citadelle du Vertige" ou "les Chasse-Marée", qu'il a écrits seul, la trame est plus fouillée, et on peut même déceler un message, une intention dans l'écriture.
"Les Passe-Vents" est son dernier livre : touché par la mode portée actuellement aux planches de surf et par celle, dans le cinéma, de faire "voler" les gens, il y a imaginé un monde cerné par un immense gouffre de vents furieux, tellement furieux qu'on pourrait même "surfer" dessus. C'est ainsi qu'un jeune garçon, victime de la violence d'un riche seigneur avide de pouvoir, va réussir à s'échapper puis à sauver son pays. C'est un hymne à la liberté, à la tolérance, et au progrès mis à la disposition de tous.
Béatrice Egémar m'était totalement inconnue jusqu'à ce jour. Je découvre avec intérêt ce petit roman bien documenté, qui m'apprend toutes sortes de choses sur la vie en Egypte à l'époque des Ramsès, sur les habitations, l'aspect des villes, les occupations des hommes, la physionomie des temples et des tombeaux. Bien sûr, elle n'est pas la seule à avoir produit des livres sur la question : Alain Surget, Odile Weulersse y excellent déjà ! Mais si l'on en croit le paragraphe qui lui est dédié sur la couverture, elle aurait rêvé de devenir égyptologue, et ses livres nous le prouvent.
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Par Aloysia* le 13 Octobre 2006 à 12:00En hommage au très émouvant article offert par Russalka à ce poète de la rue trop oublié (de son véritable nom Gabriel Randon, il est né à Boulogne-sur-Mer en 1867 et mort à Paris en 1933, juste alors qu'on venait de le nommer Chevalier de la Légion d'Honneur), voici de lui un manuscrit autographe, trouvé dans "l'Anthologie des poètes contemporains" de G. Walch (volume III) paru chez Delagrave en 1958 (collection Pallas).
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