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Tableau de Valérie Vickland : "La Colombe"
(éditions "Le Chant des Toiles")
O Grand Silence
O Source Pure dans le Grand Silence
O Cœur si blanc replié sur toi-même
O Cœur si blanc aux ailes de Colombe
O Source fraîche au délicieux murmure
Qui t’écoules sans trêve au sein du Grand Silence
O douce et neuve et régulière Source
Au Cœur du Grand Silence
Jaillie du Cœur si blanc aux ailes de Colombe
Recueillies en attente à demi repliées
Au Cœur du Grand Silence
O Lumière immobile
O douces ailes d’ange à demi déployées
O Cœur du Grand Silence
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Au jeu des balançoires
Il a perdu son âme…
Ou n’est-ce pas auparavant,
Tandis qu’enfouie au fond de lui
Il la tenait captive,
Muette et oubliée,
Qu’il en était privé ?
Et voici qu’à force de rire
A gorge déployée
Sur un morceau de bois agité dans les airs,
Atterrissant et décollant sans cesse
En un piqué-levé,
En une chute-élévation,
Allant, venant,
Poussé, chassé,
Il ne fut plus qu’un ample mouvement,
Que vitesse envolée,
Que va-et-vient charmé,
Qu’emportement ravi…
Et soudain,
Son âme s’échappa comme l’eau s’évapore
Et s’immobilisa à le regarder vivre,
Ailes déployées,
Superbe comme un lys
Dressé dans le soleil couchant…
Défaillant, à sa corde agrippé,
Il vit le soir doré
Superbement s’épandre,
Et il sentit les arbres exhaler leur odeur,
Tandis que peu à peu
Leurs effluves le pénétraient…
Et le rayonnement secret du soir,
Comme une nourriture exquise
Entra dans sa respiration,
Y demeura comme en suspens,
S’y déploya…
En un instant,
Il se sentit égal au paysage,
Rire égrené sur fraîcheur répandue,
Et chute suspendue ;
Alors son corps fut si sensible
Qu’il le posa sur le gazon.
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Journées
Multiples facettes de ma vie
kaléidoscopique
Palettes métalliques où le soleil se joue
par éclairs successifs
Journées comme des oies de cirque
marchant de leur pas consulaire
à l’abattoir
Têtes royales tranchées
l’une après l’autre
Journées
Mes tranches de fromage
Où je me taille ici ou là un petit trou
pour oublier un peu
l’horreur du jeu
Journées pâles comme des jeunes filles
Flexibles comme des roseaux verts
exagérément étirées
Journées compactes comme de grands rochers
marquant ma route par jalons
de leur grondement de tonnerre
Journées étalées sur ma chaussée de ciment
Sur vous je joue à la marelle
à cloche-pied à contre-cœur
D’un mouvement toujours avant
toujours précaire
Sans espoir de retour
Sans espoir de repos
Terre où t’ai-je laisséeMais où est donc le Ciel
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(En écoutant le "Poème" pour violon et orchestre d'Ernest Chausson)Il est seul
Ses ailes pliées contre son cœur
Il est seul et s’agenouille
Comme l’ange devant Marie
Il est triste
Et plus il est triste et plus il est vibrant
Plus se fait pénétrante la musique de son âme
La musique du désert
Sa nuque est si fragile
Qu’il n’y passe que ses cordes vocales
Sa poitrine si émouvante
Qu’il s’y ouvre deux larges blessures
Mais il est si sensible
Si doux comme une jeune fille
Que dès qu’on l’a touché
Il s’embrase d’amour
Il éveille le désir
Et le désarme aussitôt
Le métamorphosant
En détresse adorante
O violon inviolé
Prisonnier de l’archer qui t’effleure
Mais ne te blesse point
Tu es Merlin en son rempart
Aime et pleure d’aimer
La forêt t’accompagne
Et l’immense tristesse des arbres
Jusqu’en l’éternitéNote : Ernest Chausson est un compositeur français du début du siècle, qui s'est particulièrement inspiré des légendes bretonnes. Il est question ici d'une oeuvre musicale dans laquelle l'instrument soliste semble déclamer dans un phrasé particulièrement expressif et mélancolique.
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Ce soir
Les martinets pépient très haut
Il y a fête dans le ciel
Bleu très bleu
Jusqu’aux plus lointains horizons
Les toits armés de leurs fourches graciles
Masquent la mer avec ses dunes
On entend le ressac
Et le vent nous apporte ses effluves herbeux
Ses odeurs de mouettes
Piaillardes
On se marie quelque part
Loin très loin dans le ciel
J’ai même vu la lune souriant dans son coin
Elle s’est endimanchée
Toute vêtue de blanc
Allez ce n’est pas pour demain
La fin du monde
Allez nous en aurons encore
De jolis jours à vivre
Voyez les millions de paillettes
Dont s’allume le soir
Sentez l’odeur si fraîche diffusée par la nuit
Elle est belle la Terre
Elle nous aime encore
Elle a toujours voulu
Que nous soyons heureux
O mère bienveillante
C’est ta fête ce soir
Tous les oiseaux le savent
Et le vent et les fleurs
Et même les toitures
Avec leurs araignées
Tous te célèbrent et se pressent en ton sein
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