• L'Enfant de Verre

     

    Si transparent, et si fragile,
    Cet habit clair qui m’est échu !
    O Dieu, vers où porter mes pas
    Pour éviter de le briser ?

    Il est cristallin et brillant,
    Mais j’ai trop peur en vérité…
    Mes semblables sont noirs de terre,
    O Dieu, comme leur argile est solide !

    J’ai peur d’eux et je les envie
    D’être résistants et opaques…
    Et vont-ils rire en me voyant !
    Je crains même de n’être point vu…

    Mais moi je vais leur dire :
    « Eh non, je ne suis rien
    Face à votre écrasante image ;
    Mais regardez plutôt par transparence ! »

    Hélas, et je m’écarterai
    Pour n’être point brisé, mon Dieu,
    Tandis que votre douce lumière
    Gentiment me traversera…

    Alors ils s’effraieront peut-être :
    Hé ! Que se passera-t-il donc ?
    Ils cligneront des yeux, ils seront éblouis
    Des étincelles d’or qui sortiront de moi.

    Et ils s’étonneront :
    « Mais quel est celui-là ?
    Nous le croyions enfant de verre,
    Et le voici Enfant-Soleil ! »

    Et je rutilerai de joie,
    Mon Dieu, tant pis si je suis seul !
    J’aime mieux être frêle et nu
    Que raidi dans leur boue séchée.
     
    20.06.1983

     

     Tous les gauchers seraient-ils des enchanteurs ?...

     

    « Hélène Grimaud for ever...Sphinx »

  • Commentaires

    1
    Mardi 15 Novembre 2005 à 12:00
    Qu'il est beau et tendre ce poème pour ceux qui se sont toujours senti diférence.. ... Lorsque j'étais enfant Ma bouche aimait toucher les grosses pierres grises Dont était faite la maison. Je promenais mes lèvres sur les colimaçons Tout englués dedans leur calcaire chemise. J'aimais leur douceur lisse, leur humeur annelée Meme si quelques bêtes Faisant les polissonnes ouvraient leur coque bée Suspendue pour toujours en conversation muette. Amonites, armadilles et autres crustacés Papotaient de concert dans la pierre incrustés. En regardant de près on voyait leur rateau Leurs pelles et ballons pour jouer au bord de l'eau. Je les imaginais faisant chateau de sable Sous le regard aimable D'un fringant dinosaure et d'une hippocampesse Se huilant les écailles d'une historique adresse, Puis un frisson de peur me saisissait soudain. Et si sans le savoir , j'étais dans un écrin De cristal et de vent Une fossilenfant? Encore un poème magnifique ... Merci Viviane !


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