•          Voici le 4e volet du conte commencé ici. Par sa portée symbolique, il est aussi au "cœur" de l'histoire puisque celle-ci comporte 7 épisodes.


     

    Arothron Meleagris - Photo du net

     

         Je réfléchis avant de répondre.

        « - Écoute, je ne sais ni d’où je viens ni où je vais, mais j’ai marché très, très longtemps à travers landes et montagnes et je n’ai jamais vu le lieu où il me plairait de demeurer. Cependant depuis que j’ai aperçu la lumière qui émane de toi je ne puis plus m’en détacher. Es-tu un être divin, magique, pour luire aussi prodigieusement ? 

         - Tu te trompes ! répliqua le petit poisson. Je ne suis ni divin, ni magique. Ce que tu vois n’émane pas de moi, mais de Celui qui m’a déposé là. »

         Déroutée, je me redressai et fouillai du regard les alentours. Une calme lumière dorée baignait la totalité du lieu où je me trouvais. La montagne rayonnait doucement et les feuillages des arbres environnants semblaient animés d’un souffle imperceptible. Mais quel pouvait bien être « Celui » qui avait posé là mon étrange interlocuteur ? D’un tel Être je ne voyais nulle trace.

        Scrutant les algues de la rive dans l’espoir d’interroger de nouveau l’animal, je me penchai inconsidérément et perdis soudain l’équilibre. Je cherchai désespérément où me raccrocher, battis des bras sans résultat et m’effondrai de tout mon long au milieu de la rivière.

        Un grand bruit se fit entendre, l’eau aspergea abondamment les rives et je me sentis couler à pic. Étant tombée à la renverse je fus totalement engloutie sous des flots opaques ; mais par chance le cours d’eau était peu profond et je touchai rapidement le fond de mes épaules.

         D’un brusque mouvement des coudes je me dégageai et émergeai à la surface, ruisselante et trempée jusqu’aux os, les cheveux dégoulinants et les vêtements collés à la peau.  C’est piteusement que je me hissai sur les avant-bras et les genoux jusqu’au replat de la berge, m’accrochant à chaque motte de terre et grelottant au chaud soleil du soir… Mais j’avais beau maudire cette situation imbécile, l’évidence m’obsédait : pourquoi devrais-je poursuivre un voyage interminable et sans but quand j’avais rencontré ici la plus belle aventure, le plus séduisant miracle dont j’aie pu rêver ?

        L’atmosphère qui m’environnait, la douce chaleur qui me réconfortait me prouvaient qu’il n’y avait pas plus loin à aller. Et la présence bien réelle du poisson extraordinaire me semblait indiquer que, malgré ses dénégations, c’était bien lui le Maître des lieux...

     

    Le Petit Poisson d'Or 4/7
    (Photo du net)

      

    ***

     

    (à suivre)

     

     


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  •      Ici s'ouvre le 5e épisode du récit que j'ai commencé , le 19 février dernier. J'avais promis d'en publier un tous les deux jours de façon à achever le 2 mars cette aventure entamée au moment où nous entrions dans le signe astrologique des Poissons. Il est clair que c'est une vue de l'esprit, une idée futile mais, comme l'indique ce conte, je suis assez attachée à la pensée "magique"... On m'a toujours reproché de croire au Père Noël : mais qu'est-ce que la Foi, sinon la certitude qu'il y a quelque chose qui nous dépasse et que par conséquent une impulsion, aussi sotte qu'elle paraisse, peut avoir une raison d'être encore ignorée ? 

         Ceci pour vous dire qu'étant loin de chez moi tout ce week-end, j'ai programmé cet épisode ainsi que le suivant à paraître respectivement les 27 et 29 février. Je vous demande donc par avance de m'excuser si je manque à vous répondre et demeure absente de vos blogs jusqu'à lundi après-midi sans doute - sauf opportunité imprévue ou tapotage exceptionnel sur un téléphone dont je ne garantis pas le résultat ! Mais ensuite je me rattraperai bien sûr.

        Je vous rappelle que, cheminant par monts et par vaux depuis des temps immémoriaux, je m'étais arrêtée dans un endroit particulièrement enchanteur où j'avais à ma grande surprise découvert un petit poisson d'or évoluant librement dans une rivière ; et que cherchant vainement à l'approcher, puis ayant découvert que je l'entendais me parler alors qu'il affirmait le contraire, j'avais fini par tomber dans la rivière et y couler complètement. J'en étais ressortie trempée et fortement ébranlée.

     

    Le Petit Poisson d'Or 5/7

     

             Je l’appelai donc à nouveau, d’une voix suppliante cette fois.

          «  - Petit poisson ! Petit poisson ! Aie pitié de moi ! Pourquoi ne puis-je te saisir ? D’où provient la lumière que je vois ici partout ? »

            Mais il n’y avait plus de réponse. Je ne le voyais ni l’entendais plus.

          Mes appels se firent plus insistants, et la déconvenue de ma situation finit par me tirer des larmes.

           «  - Petit poisson ! Ne me laisse pas ! Je veux savoir ! »

         Alors survint une voix moqueuse, issue d’un creux de roche par où j’aperçus en un éclair l’or de sa face :

           « - Es-tu sûre de vouloir rester ici ? Va chercher plus loin des petits poissons qui se laisseront attraper…  Tu n’as certainement rien compris à ce que je t’ai dit : la lumière que tu désires ne provient pas de moi. Trouve-la toute seule. »

             La foudre tomba à mes pieds. Comment !! Je venais précisément de découvrir que tout émanait de lui, et maintenant il fallait que je cherche ailleurs ? Mais OÙ ?! »

              Mes regards se posèrent à nouveau sur le chemin. Un joli chemin bordé d’herbes et de brindilles, parsemé de cailloux comme j’en avais déjà suivi des milliers depuis mon départ. Un chemin fleurant bon les baies sauvages qui le jouxtaient parfois et dont je m’étais déjà souvent régalée, mais parfois barré par des troncs effondrés ou de dangereux précipices. Un chemin que je connaissais par cœur et qui ne risquait pas de me montrer grand-chose de nouveau après ce que je venais d’apercevoir.

           Pénétrée de douleur, je me retournai vers le creux de roche où le poisson m’était apparu ; mais il n’y était plus.

           Cependant la lumière chaude du soir m’avait séchée, et je remarquai que cet endroit était aussi le plus beau qu’il m’ait jamais été donné de contempler. En effet il contenait à lui seul tout ce que j’aimais, ou plutôt tout ce dont j’avais besoin pour être heureuse. L’étincellement des glaciers sur la montagne d’en face m’apportait paix et réconfort ; ils luisaient comme un sourire et même comme une promesse. Sur ma gauche, sortant du bois, apparut un chevreuil qui m’observa quelques instants avant de s’enfuir vivement… Le chant cristallin du ruisseau se mêlait au souffle doux du vent, et les arbres frémissaient de temps à autre en émettant un bruissement profond. Une vaste respiration émanait de la Nature. Je me sentais soutenue par la totalité du site.

     

    ***

    (à suivre)

     


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  •  

         Sixième volet du conte commencé ici et dont j'ai résumé le début .

         Au 5e épisode le petit poisson m'envoie chercher mes réponses ailleurs, ou du moins sans son aide.

     

    Le Petit Poisson d'Or 6/7

     

           Je fermai les yeux.

         Je ne ressentais plus l’amertume de mes récentes mésaventures. Au contraire, les expériences que je venais de traverser me paraissaient étrangement futiles. Je découvris notamment que tout ce qui avait précédé ces instants s’était comme évanoui, me semblait n’avoir jamais existé ; et qu’il était clair pour moi que plus rien ne pouvait m’advenir, si ce n’est la réponse tant attendue à mon unique préoccupation, à la seule question que je me posais : d’où provient la lumière dont rayonne le petit poisson ?

           C’est alors qu’une impression bizarre me traversa.

         Je me souvins de ma plongée sous la rivière… Bien sûr j’avais été surprise, effrayée ; j’avais senti le contact de l’eau et perçu l’opacité du milieu aquatique. Mais… à aucun moment je n’avais cessé de respirer ! Oui, vraiment, il me semblait bien que j’avais respiré sous l’eau, toujours aussi tranquillement, comme si rien ne se passait !

           Mais alors, n’étais-je pas en train de rêver ?  N’est-ce pas dans les rêves en effet que l’on traverse sans effort tous les milieux quels qu’ils soient ?...

         Qu’étais-je donc ? Un être humain ou un poisson ? Et quel était cet univers dans lequel je pensais évoluer, si je rêvais ?

           Mes yeux se rouvrirent. C’était plus fort que moi. Un besoin de contrôle, de vérification : où étais-je ?...

          Si le halo lumineux environnant le poisson m’avait surprise, je considérais cependant comme naturelle la lumière dorée présente alentour. Je ne remettais pas non plus en doute la présence du soleil dans le ciel, en ayant pris évidemment l’habitude… Mais que se passerait-il si ce que je voyais n’était qu'une simple projection de ma pensée, c’est-à-dire un rêve ? Cela expliquerait le fait que j’aie entendu l’animal me parler alors que selon lui il n’avait jamais proféré mot !

         Mon cœur battait encore intensément de l’émotion suscitée par ses propos et cela, c’était bien réel. En effet ceux-ci n’avaient jamais été pour me flatter, ne faisant que détruire mes certitudes ! Quel sens pouvaient-ils donc avoir ? Que devais-je en comprendre ?

          Peu à peu certains me revenaient à l’esprit : « Celui qui m’a déposé là… » et « Qui es-tu, toi-même ?! » Si le petit poisson avait été « posé » là, d’où venait-il ?...  Et moi-même, d’où pouvais-je provenir et où allais-je ?

          Je regardai de nouveau les eaux, d’un regard différent. Leur surface étale, dont le courant était paisible, miroitait en renvoyant l’image du paysage impassible et silencieux. C’est en elles que se trouvait la vie, j’en étais maintenant certaine. Une vie plus secrète où pénétrait le Souffle sans le moindre obstacle.

     Le Petit Poisson d'Or 6/7

     

    ***

    (à suivre)

     

     


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  •        Peut-on écrire la fin d'un tel conte ? Y a-t-il à un tel récit une issue déterminée ? 

           Comme vous avez déjà commencé à l'exprimer, je crois que chacun d'entre vous connaît une réponse qui lui est propre ou entrevoit une conclusion qui lui correspond.

          En ce sens, je vous laisse donc le soin de l'écrire - ou peut-être simplement de l'imaginer... 

    Tarot des Dakinis-Plongée profonde


          Cependant, à l'instar de cette carte extraite du Tarot des secrètes Dakinis de Nik  Douglas et Penny Slinger, je pense qu'il est nécessaire de plonger en soi, la rivière aperçue étant symbolique et le petit Poisson d'Or ayant été conduit là comme un appât, tels ces cerfs enchantés que les chasseurs poursuivaient inlassablement jusqu'à entrer dans le "pays merveilleux" d'où l'on ne revient pas. 

           En effet, cette eau qui n'empêche pas de respirer peut d'abord être comparée à la Vie, dans laquelle nous baignons et qui nous pénètre par tous les organes des sens, nous éveillant en permanence à sa Beauté sans cesse renouvelée.

          En second lieu elle peut aussi être comparée à la Grâce qui nous bénit, en devenant lumineuse et de moins en moins perceptible... Nous comprenons alors que nous baignons dans cet "obscur et lumineux Silence" qu'évoque Jean-Yves Leloup à la suite de Denys l'Aréopagite.

          Je citerai donc pour finir quelques textes de maîtres l'ayant expérimentée.

    Tout d'abord, Kabîr.

     

    « Subtil est le sentier de l'amour !

    Là il n'y a ni demandes ni silences : toute créature s'anéantit à Ses pieds, se plonge dans la joie de Le chercher, s'immerge dans les profondeurs de Son amour comme le poisson dans l'eau. »

    Poèmes, LV
    Trad. Henriette Mirabaud-Thorens

    Poissons et Lotus - aquarelle chinoise

          Puis, Rûmî


    « Si tu as oublié la prière du cœur
    Écoute l'oraison des poissons de la mer,
    Car quiconque a vu Dieu est devenu divin,
    Qui a vu cette mer, celui-là est poisson.
    Ce monde est la mer et le corps un poisson et l'âme
    C'est Jonas, privé de la lumière de l'aube
    Et qui par l'oraison peut sortir du poisson !
    Sinon il est digéré et il disparaît...
    Dans cette mer du monde les âmes-poissons abondent
    Mais tu ne les vois pas car tes yeux sont aveugles :
    Ils s'élancent sans cesse vers toi, ouvre les yeux
    Afin de voir clairement ces poissons tels qu'ils sont !
    Et si tu ne vois pas leur forme avec les yeux
    Ne peux-tu par l'oreille entendre leur oraison ?
    La patience est pour toi l'âme des oraisons... »

    Le Masnavî, II
    « Si tu es assoiffé de l'océan de l'âme
    Arrête-toi un temps dans l'île Masnavî »
    Trad. Leili Anvar 

    Poissons et Lotus


         Enfin, Phène :

    «   Les Sages disent qu'il existe une espèce d'huître qui flotte à la surface de l'eau laissant sa coquille grande ouverte pour saisir la goutte de pluie de Svati (étoile la plus brillante) et qui plonge ensuite dans l'océan pour ne plus remonter.

    «     De même le disciple doit être doté d'une grande acuité d'esprit pour recevoir le précieux Mantra et s'immerger ensuite dans les profondeurs de son infinie Splendeur, jusqu'à s'y perdre.

    «   Mais combien d'entre nous sont disposés à recueillir la Parole lumineuse ? »


    Le Petit Atelier du Chercheur de Vérité, Immersion

     

            Nous savons bien que nous ne sommes qu'une vague de l'Océan, et qu'il suffirait que nous lâchions la surface où les vents du mental nous font friser et onduler en houles et crêtes d'écume, pour retrouver notre Vraie Nature dans les profondeurs insoupçonnées...

     

    (Cette pièce pour orgue intitulée "les Eaux de la Grâce", est tirée des "Corps Glorieux" du  grand musicien mystique Olivier Messiaen, oeuvre dans laquelle il évoque la transfiguration selon l'Apôtre Paul.  J'ai aimé particulièrement la superbe représentation du Christ qui l'accompagne et qui me semble rappeler heureusement le "Poisson d'Or" sujet de ce conte ...).

     

     


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  •  
         Depuis longtemps, une mélodie me trotte dans la tête. C'est un air que les allemands aiment à chanter sur un poème de Henri Heine intitulé "la Lorelei" (vous pouvez l'écouter ici), mais dont je ne retiens que les deux premiers couplets.

         D'ailleurs je pense bien vous en avoir déjà parlé.

           Le premier d'entre eux évoque une nostalgie : ce que le poète appelle "sa tristesse" n'est pour mon esprit que le poids d'une aspiration profonde à retrouver un souvenir perdu ; un souvenir que l'on ne peut éluder, qui vous hante et qui revient avec une obstination étrange sous la forme de cette mélodie précisément (exactement comme dans le poème de Gérard de Nerval : "Il est un air pour qui je donnerais..."). 

    Je ne sais pourquoi
    Mon cœur est si triste ; 
    Un conte des temps anciens
    Ne peut me sortir de l'esprit.

    (voir le texte ici ; j'ai modifié la traduction proposée)

           Le second est plus fascinant : il décrit une modification du ressenti intérieur (de plus en plus de paix) ouvrant à une vision (le flamboiement de la cime, qui semble quasiment fulgurant). 

    L'air est frais, le jour décline 
    Et le Rhin coule paisiblement. 
    La cime de la montagne flamboie
    Au soleil du soir.

    (même chose)

     

    Le Matterhorn

       

              C'est là qu'a germé la petite histoire que je vais vous raconter. Elle prend la place de celle initialement évoquée par le poète d'un batelier voguant sur le Rhin qui découvre une belle jeune fille assise sur un rocher : c'est une sirène (une Lorelei en allemand), qui chante d'une manière si délicieuse que, fasciné, il en oublie de guider son bateau et s'écrase sur le récif puis coule dans le fleuve... Thème classique qui inspira largement les poètes.

         Mais l'histoire que je vais vous conter n'est pas triste, bien au contraire. Cependant il est bien possible que, comme toutes les histoires, réflexions et poèmes que j'ai pu écrire sur ce blog, elle devienne obsolète à peine elle aura été publiée... et en définitive, fausse.

     

        Je voguais paisiblement sur mon bateau depuis des temps immémoriaux, admirant les paysages variés que je rencontrais, aspirant avec gourmandise les odeurs diverses qui m'environnaient et guettant avec bonheur les sons multiples émanés des alentours, me heurtant parfois à des coups de vent brutaux mais tenant toujours ma barre avec fermeté. Depuis quelque temps cependant je cherchais de plus en plus ardemment un port d'attache où me poser enfin.

         Sur le fleuve majestueux je savais avoir emprunté ce bateau à un point précis sans en avoir toutefois véritablement souvenance ; et de même je pensais devoir tôt ou tard l'abandonner quelque part mais sans savoir précisément ni où ni quand.

          J'avais appris à aimer les oiseaux et leurs doux gazouillis, à reconnaître les poissons glissant sous les flots, à suivre les éclats des vaguelettes mouvantes, à m'adapter à toute secousse du climat capricieux, et à éviter les écueils aux approches des rives comme la brûlure du soleil en été.

       Chanter était mon plus grand bonheur et je ne m'en privais pas, heureuse lorsqu'un batelier de rencontre répondait à mon chant. Nous chantions alors de concert le temps où les courants nous maintenaient en contact.

         Mais où allais-je ? Où se dirigeaient les autres ? Quoique guidant attentivement nos embarcations nous ne pouvions le savoir, occupés simplement à entretenir l'esquif qui nous portait.

    *

           Et voici qu'un beau jour, un chant limpide me parvint de la rive. Levant les yeux, j'aperçus une jeune femme d'une merveilleuse beauté, rayonnant comme le soleil, qui semblait m'appeler... Mais que disait-elle ?

         Perchée sur un rocher élevé, elle m'attirait comme un aimant. M'approchant lentement je perçus enfin ces paroles, si imperceptibles que je crus ne les entendre qu'en rêve :

    « Te voici chez toi ! »

           Mon cœur avait tressailli : chez moi ! Cela existait-il vraiment ? 

          Y avait-il un but à cet interminable voyage ? Allais-je enfin poser le pied sur une terre ferme et accueillante, et pouvoir cesser de guetter anxieusement les aléas du parcours en surveillant l'état de mon bateau ? 

          Pourtant la rive était abrupte et la roche escarpée. Rien n'indiquait la possibilité d'amarrer un navire ni la présence du moindre refuge où me nicher.  

    *

         Tandis que j'observais les lieux, indécise, le jour peu à peu s'atténua, transformant le paysage alentour en une douce pénombre et faisant disparaître le lumineux visage, puis l'éclatante montagne, le fleuve miroitant et même le ciel limpide. 

         Dans l'obscurité je discernai alors le bateau dans lequel j'avais pensé me trouver, et je le découvris totalement vide. Il voguait sur l'eau sans le moindre occupant ! J'avais cru en être le guide mais c'était une erreur.

            Et voici que j'étais dessous et que je le regardais voguer.

       Voici que je me découvrais comme cette onde infiniment tranquille,  si calme et si paisible... Infiniment déployée, infiniment profonde, infiniment douce, et qui ne faisait que refléter à sa surface le bateau que je m'étais imaginé occuper.

        Et toutes ces images que j'avais aimées, tout ce que j'avais goûté ou perçu, qu'étaient devenues toutes ces choses, sinon de purs miroitements, ombres mouvantes et jeux de lumière sur les eaux... ?

     

    Reflet

     

     


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