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Ariane et Barbe-Bleue
Une reprise intéressante, mais controversée...
Hier soir, en allumant mon poste de radio sur France Musique, j'eus la surprise de découvrir une musique inconnue, mais superbe, et qui me tint sous le charme aussitôt. Je pariai d'abord, dans mon ignorance, pour de la musique anglaise (style Lord Elgar...) ; mais bientôt des voix féminines s'exprimèrent en français, ce qui m'orienta vers un opéra du début du 20e siècle : mon attention était piquée. J'entendis prononcer le nom de Mélisande, et le thème du Pelléas de Debussy retentit à l'orchestre, ce qui me plongea dans des abîmes de perplexité : Pelléas et Mélisande ?? Y aurait-il tant de passages que je n'en connaîtrais pas ?
- Non, ce n'était pas possible, la texture musicale, l'ambiance orchestrale n'avaient rien de debussyste ; j'hésitais sur une transition étrange entre Massenet et le jeune Messiaen. Qui pouvais-je ignorer à ce point, qui n'était ni Albert Roussel ni Poulenc, mais cependant me semblait largement les égaler ?... Là-dessus, coup de théâtre : j'entends formuler le prénom d'Ariane ; s'agirait-il du mythique opéra de Paul Dukas Ariane et Barbe-Bleue, dont j'avais entendu parler mais ne savais rien du tout ?
Ouvrant internet, je découvris qu'en effet il s'agissait bien de la dernière représentation, à l'Opéra Bastille, d'Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas.
Né à Paris le 1er octobre 1865 et mort en cette même ville le 17 mai 1935, Paul Dukas aurait pu voir ces jours-ci célébrer son anniversaire. C'est en effet un musicien bien méconnu, et en bonne partie par sa faute si j'ai bien compris : en effet, doutant de lui, il aurait jeté la plupart de ses œuvres, et certaines auraient même été sauvées par ses élèves.
On le connaît surtout pour l'Apprenti Sorcier ; mais pour qui écouterait son ballet La Péri (l'histoire d'une fée entraînant à la mort les voyageurs passant dans ses parages, en les faisant danser jusqu'à épuisement), ou encore sa Symphonie en ut, il apparaît vite comme un musicien de premier plan, malgré sa maigre production - ou du moins ce qui nous en reste. D'ailleurs, n'a-t-il pas été le maître en composition musicale d'Olivier Messiaen, qui le tenait en haute estime ? C'est pourquoi sans doute j'avais cru retrouver dans « Ariane » l'ambiance orchestrale des premières compositions de ce dernier.
Ariane et Barbe-Bleue, qui date de 1907, est un conte d'inspiration contemporaine écrit par le symboliste Maurice Maeterlinck - d'où l'allusion au personnage de Mélisande - qui imagine en Ariane une jeune femme déterminée à refuser la domination de son mari, et donc à s'émanciper ; sixième épouse du célèbre monstre de Charles Perrault, elle pousse ses sœurs (qui ne sont pas mortes, mais simplement soumises), à se libérer, à fuir l'emprise d'un maître illégitime. Mais elle n'y réussira pas, et partira seule - d'où le sous-titre ajouté parfois : « le refus de la délivrance ».
Malheureusement, si l’œuvre m'apparut splendide à l'oreille (tout au plus dirais-je que je comprenais mal les propos de l'héroïne, son interprète étant anglaise), je découvre sur le net un déluge de critiques, plus généralement orientées contre la mise en scène. Heureuse étais-je donc, d'avoir pu profiter d'une retransmission toute naïve, où liberté m'était laissée d'imaginer les décors !
Nous pouvons les retrouver sur le livret ici, mais aussi déguster la musique grâce aux enregistrements qui en existent. Par exemple celui-ci, où l'on voit - pour revenir à mon point de départ - l'intérêt porté par les anglais à ce type de partition : heureusement que nous les avons pour sauvegarder nos chefs d’œuvres oubliés !...
Il ne me reste plus qu'à attendre la reprise au Châtelet de « Padmâvatî » d'Albert Roussel - autre chef d’œuvre méconnu.
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Commentaires
1PatrickVendredi 12 Octobre 2007 à 12:00L\\\'oeuvre de Dukas "l\\\'apprenti sorcier" a été superbement animée dans Fantasia par les studios de W Disney.Répondre
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