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Après la Chandeleur, le Mardi-Gras m'a rappelé que j'avais écrit un poème concernant des crêpes. Il s'agissait en fait d'une pizzeria de notre ville (Issoudun), nommée la Conca d'Oro et devenue célèbre à juste titre pour la qualité indéniable de ses pizzas purement siciliennes, dont la propriétaire et merveilleuse cuisinière venait de prendre sa retraite ; elle avait donc cédé l'établissement à son gendre après lui avoir enseigné toutes ses techniques, et celui-ci s'était associé avec un ami qui avait l'art de confectionner les crêpes, si bien que la Conca d'Oro offrait au choix le menu "pizzas" et le menu "crêpes"... C'était en 1997, et le nouveau patron fut heureux que je lui offre ce poème, qu'il intégra à sa brochure de menus.Aujourd'hui le spécialiste des crêpes a fait ses valises pour une autre région, si bien que mon poème n'a plus sa raison d'être à la pizzeria. Je vous l'offre donc ici.
Les photographies jointes sont tirées du net.
L'île d'Ouessant
La Conca d'Oro
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Ô toi qui prends le large au brumeux océan,
Que j’aime tes galets et tes rocs sur les grèves !
Tu viens du pays d’Ys où renaissent les rêves ;
Ta galette sent bon les prés du Morbihan.La sirène t’appelle aux récifs d’Ouessant…
Adieu, douce chaumine où ma mère affairée
A fait tourner la crêpe adroitement beurrée :
Moi, je vais vers le sud où me pousse le vent !*
Bonjour, riant pays du soleil et des vignes
Qui vis pousser les monts tout brûlants sur les flots !
J’ai quitté les brouillards pour goûter tes grelots :
La Sicile m’accueille où les barques s’alignent.Ô douceur de la nuit sur le port étoilé…
Je goûte la pizza fumante et boursouflée,
Rouge comme l’Etna, en son cratère enflée ;
Et le vin généreux de ma coupe a coulé !*
Là-bas rêve la mer en voyages féconde ;
Et moi, c’est en mangeant que je refais le monde.
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À la mi-février, de fragiles petits nez commencent tout de même à pointer dans mon jardin...
Les rosiers, noircis, gorgés d'eau, tentent à nouveau quelques feuilles.
Surtout celui-ci, qui tient un peu de l'aubépine et est très vivace.
Mais les narcisses et les crocus, qui paraît-il sont déjà éclos sur la côte ouest, montent leurs feuilles et leurs tiges.
... Et aussi les tulipes ! Pauvres tulipes qui l'an passé, profitant de la douceur de février, s'étaient épanouies précocement, pour geler lamentablement sous la neige de mars ! Du moins puis-je constater que les oignons n'en avaient pas été détruits.Au soir les merles chantent accompagnés de troglodytes, qui eux aussi sentent la douceur qui revient.
Depuis quelques jours, les grues passent sur la ville !
Elles remontent vers le nord ; comme le fait le soleil.Bienheureux mouvement de bascule de notre Terre aimée ! Elle nous chauffe tour à tour, elle nous éclaire, elle nous arrose... Nous sommes sur elle comme l'herbe, portés et nourris, à nous arracher les cheveux avec nos problèmes d'humains alors que les étoiles clignotent doucement et que les météores nous effleurent à peine !
Oui, misérables sommes-nous d'être si petits et si multiples quand tout glisse ensemble, tout croît ensemble, tout s'élève ensemble vers la réalisation de la vie et de la beauté.
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Traversant la campagne ensoleillée aux abords du Cher aujourd'hui, j'ai cru voir un héron planté au milieu d'un champ.Il avait bien le long bec du héron, mais se tenait droit sur une patte et une belle couleur rouge ornait son front, si bien que n'ayant pu le photographier et cherchant maintenant une illustration sur le net, je me demande s'il ne s'agissait pas plutôt d'une grue cendrée, qui aurait perdu son groupe et se serait arrêtée pour se reposer.
Mon poème est donc un peu inexact.
Grue cendrée (photo tirée du net)
La lumière est rasante
Au blond soleil d’hiver,
Et le Cher y plaisante
Au milieu du pré vert.Mais un œil écarlate
Habillé d’un corps gris
Paraît sur une patte
Dans les joncs rabougris.Un oiseau de passage ?
Mais il semble bien sage…
Immobile et sereinLe héron solitaire
Enveloppe sa terre
D’un regard souverain.Héron cendré (photo du net)
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Certains d'entre vous ont été surpris, hier, de me voir exhiber un sonnet, alors que mes habitudes sont à la poésie "contemporaine". Je dois avouer que, plus jeune, j'en ai écrit beaucoup, ayant été nourrie de classicisme, et que j'essaie parfois de me ressourcer à cette dure école qu'est la versification dite "classique". Le sonnet d'hier appartenait au genre que l'on dit "irrégulier", car les rimes des deux quatrains ne sont pas identiques et de plus il n'est composé ni en alexandrins, ni en décasyllabes - comme ceux de Ronsard et de Du Bellay.
Aujourd'hui, je reviens au contemporain, avec ce poème que j'intitule "Mémoire"...
(Image tirée du net - site bretagne.com)
Mémoire si loin du cri
Terre grattée des ongles
de ceux qui cherchent des fossiles
Instant noyé dans l'Imparfait
Miroir des mots
À l'étang reflétés
Vague qui bruis
Ondulation qui triomphes du temps
Miroir
Miroir où mes yeux sondent
un abîme incertain
Mémoire
Je te défends d'installer tes empires
de chaux de sable de poussière
Tu seras le passé endormi sous les eaux
Et jaillira le chant
exhalé du profond
Et jaillira le cri
qui fut est et sera
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