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    En route pour le Mali

     

        Le lendemain matin, à Ferkessédougou, nous découvrîmes le taxi-brousse qui devait nous mener au Mali, via Sikasso (voir carte ici).
        "
    Taxi-brousse
    " ! Quel néologisme pour nous, et que de folklore à découvrir !
        En fait il s'agissait d'une sorte de fourgonnette dont l'arrière était aménagé avec deux banquettes face à face dans la longueur.
        Ce système plus léger qu'un autobus car il correspondait à un trafic de voyageurs beaucoup moins important (un "taxi-brousse" contenait environ huit passagers) servait à desservir les campagnes, avec des horaires réguliers et des arrêts déterminés.

    Le taxi-brousse

        Hélas, c'est là que mes ennuis commencèrent... La piste avait beau être bonne et le conducteur prudent (rien à voir avec le Sahara, Dieu merci !), je ne supportais pas les cahots de la route et ressentais des pesanteurs, sans doute des contractions déjà. L'avenir devait m'apprendre (à moins que cela ne soit venu de là ?) que j'avais une faiblesse du col, et mes grossesses ultérieures se firent au lit avec un cerclage. Pour celle-ci, à deux mois seulement, je tenais encore le coup, mais de justesse... Pour amortir les chocs, je  passai presque tout le trajet sur les genoux de Robert, sous le regard attendri des autres voyageurs, qui finalement, toujours plus nombreux que prévu, en profitaient pour s'entasser à dix dans l'habitacle prévu pour huit.
        A chaque arrêt, toujours relativement prolongé à notre grand plaisir, j'allais me reposer au pied d'un arbre en étendant mes jambes, tandis que Robert, toujours aussi communicatif, posait mille questions aux autochtones.

    Mon Voyage en Afrique noire - 12

    Un arrêt du taxi-brousse 

        Peu à peu le paysage de plaine parsemée de quelques arbres s'ornait de cases de plus en plus petites et rondes : nous approchions du Mali.


    Voici plusieurs vues d'un village où nous restâmes quelque temps mais dont j'ai oublié le nom.

        Enfin, nous arrivâmes à la frontière, où nous fîmes la connaissance d'un touareg de passage.

    Mon Voyage en Afrique noire - 12

    Mon Voyage en Afrique noire - 12

    Voyez comme la frontière est simple ; cependant nous y attendîmes un moment.
    C'est peut-être là que nous avons déjeuné.


        Ce touareg, Robert s'est beaucoup plu à le photographier. Il s'y est prêté de bonne grâce, nous confiant qu'il arrivait de Tamanrasset et nous invitant à pousser jusque là... Hélas, nos moyens étaient limités, en temps comme au plan financier, et c'était hors de question.

    Mon Voyage en Afrique noire - 12

        C'est vers le soir que nous atteignîmes Sikasso, après de ravissants paysages au soleil couchant.

    Mon Voyage en Afrique noire - 12


    Mon Voyage en Afrique noire - 12



        En fait, c'est durant ce trajet que j'ai pris le plus de photos... Je n'en ai aucune de Sikasso, qui était la première ville Malienne, où s'achevait le parcours du taxi-brousse, et où faisaient étape tous les voyageurs en partance pour le Mali. Nous y connûmes la pire nuit de tout notre voyage : à la gare routière, se trouvait un "motel", qui était en réalité un baraquement semblable à une écurie dans lequel s'ouvraient des portes faites de lattes de bois vertes inclinées, comme il est courant dans ce pays, pour atténuer les effets de la chaleur. Chacune d'elles donnait sur une pièce noire  d'environ deux mètres cinquante de profondeur sur un mètre cinquante de largeur, dans laquelle, à droite de la porte, tenait juste un "lit", ou plutôt une sorte de paillasse haute, dure et étroite. Ces pièces n'étaient jamais aérées, puisque l'on s'y enfermait à clef la nuit, et que le jour on refermait pour que la chaleur n'entre pas. Il y régnait une atmosphère étouffante, et une obscurité effrayante. De plus, le lit grouillait de ce que je pris pour des cafards (et c'en était probablement !), mais n'ayant pas de lampes de poche nous ne pûmes pas savoir au juste sur quoi nous étions couchés (je suppose que c'est à cause de cette vermine qu'il était assez haut). Effarée, je voulus me sauver ; mais Robert m'assura que je ne risquais rien à venir me blottir contre lui, et je me décidai à dormir là... L'avantage était que le prix était dérisoire.

    Mon Voyage en Afrique noire - 12

     

    Lire la suite ici.

     

     


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        Comme suite à cette série consacrée à "La Journée de l'Existence" d'Ivan Wyschnegradsky (voir ici), en voici l'épisode central. Profession philosophique grandiose, cette oeuvre nous montre comment Brahma, se projetant dans la matière, y éveille peu à peu la Conscience jusqu'à s'y épanouir totalement.
        Nous en sommes au stade humain.
     

    La Vision de la Fin (extrait)
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    Et l’Homme se détourne de la Terre,
    Des ténèbres du passé,
    Et dans le pressentiment de la Fin
    Se tourne vers les cieux, vers la Lumière du Tout :
    [Fin, Couronnement, Sceau de Éternité sur tout ce qui existe,
    Cercle Divin, Anneau de l'Existence, Forme Parfaite !]

     
     
    (lire la suite ici...)
     

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  • (Lire le début ici)
      
         Je vous livre immédiatement la suite de Wyschnegradsky  :

    La Journée de l'Existence

        Je vous rappelle qu'il s'agit d'une oeuvre dont ce français d'origine russe a composé et le texte, et la musique dès l'âge de 23 ans, puis qu'il a remaniée plus tard, et qui fut diffusée exceptionnellement au moment de son décès en 1979. On ne connaît de lui que quelques recherches plus ou moins concluantes pour exploiter des pianos à quarts de tons, alors que dans cette fresque grandiose il montre une maîtrise exceptionnelle de l'orchestre et une maturité de pensée étonnante.
        Dans cet enregistrement, l'orchestre Philharmonique de Radio-France est dirigé par Alexandre Myrat, et Mario Haniotis est le récitant.

     

     

    Auto-affirmation et effondrement de la Raison (extrait)
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             [Et l’Esprit pose des questions ;]

    « Qu’est-ce l’Amour ? Qu’est-ce le Désir ?
    - Vains fantômes, éclipses de la Raison !
    - Qu’est-ce la Vie ? Qu’est-ce la Terre ?
    - Changement perpétuel de formes mortes et vivantes,
    Sans but ni raison, sans commencement et sans fin !
    - Et qu’est-ce la Foi ? Qu’est-ce Dieu ?
    - Illusion des désespérés ! »

     

     

    (Lire la suite ici...)

     

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      Suite de notre voyage en Afrique Noire effectué en août 1975 et commencé ici.  Voici le trajet effectué depuis Abidjan : d'abord jusqu'à Sikasso, puis jusqu'à Mopti.


    Mopti

     

        J'imagine que nous arrivâmes directement sur ce port, au bord de l'immense fleuve Niger, auprès duquel nous nous plûmes à rester pratiquement tout le temps de notre séjour. Nous n'étions plus bien riches, et avions sorti de la banque à Abidjan pratiquement tout ce qui  nous restait de disponible jusqu'à la fin de notre voyage. Coucher à la belle étoile ? C'était bien hasardeux. Rentrer en stop ? C'était ce que nous espérions...
        Nous commençâmes par nous intéresser à un petit bar installé sur une terrasse de bois face à la large étendue d'eau et y prîmes racine : Robert était passionné par l'atmosphère de ce port très pauvre et grouillant de petits marchands de poissons la plupart du temps fumés (sinon rien ne se conserve !), et quant à moi, j'étais écrasée par la chaleur et sur le film que prit Robert, je faisais triste mine.

    Mon Voyage en Afrique noire - 13

    Voici une vue de ce bord de fleuve , avec au premier plan les barques typiques du Mali,
    équipées de nattes de protection contre le soleil,
    et en arrière-plan la ville avec sa cathédrale.

        C'est dans ce bar que nous avons pris tous nos repas durant les quelques jours où nous sommes restés. Nous y étions pratiquement les seuls clients et la patronne était charmante. Elle nous proposait grillades  et poissons fumés, ce qui nous convenait parfaitement, pour un prix modique. De belles chaises de bambou me permettaient de m'allonger à l'ombre l'après-midi, et il fut même question d'y dormir sur le toit en terrasse, à l'aide d'une natte : beaucoup de gens faisaient cela par ici, nous affirma-t-elle.
        Par contre, dans les toilettes, je trouvai deux énormes cafards collés aux murs... Et quand je m'en ouvris à notre hôtesse, elle me répondit avec un air navré qu'il n'y avait rien à y faire, car ces insectes comme nous cherchaient la fraîcheur et l'humidité. Je dus m'y habituer.

    Mon Voyage en Afrique noire - 13

    Voici Robert assis sur la balustrade de la petite terrasse que nous occupions.
    Il faut savoir que ce que l'on voit en face n'est pas la rive opposée du fleuve,
    mais la suite de la même rive, qui forme une profonde échancrure en forme de plage
    (ce que j'appelle "le port")

        Bien sûr nous nous sommes promenés dans la ville, et avons admiré la majestueuse mosquée d'argile aux tours fuselées... Je n'ai pas de photos et vous en cherche une "de secours"...

    Mon Voyage en Afrique noire - 13


        Puis nous avons fait le tour du port et avons repéré une zone plus "industrielle" vers le fond, où de grosses barques venaient entreposer d'énormes sacs de céréales.

    Mon Voyage en Afrique noire - 13


        Non loin de là nous apparut un magnifique bateau de style colonial, tout en boiseries et peint en bleu, qui s'était recyclé en hôtel ! Sur deux étages nous apparaissaient des cabines constituées de deux banquettes face à face faisant figure de couchettes, avec de chaque côté ces volets de bois qui sont partout utilisés au Mali pour filtrer le soleil en laissant passer l'air - d'un côté sous forme de porte, de l'autre sous forme de fenêtres. C'était propre, aéré, bon marché... Nous nous y précipitâmes avec enthousiasme, et passâmes une nuit délicieuse.
     

    Mon Voyage en Afrique noire - 13

    Celui-ci lui ressemble un peu...
     
     
    Suite à lire ici.
     
     

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  • Lire le début  ici 
     
        Je vous présente ici le dernier volet consacré à cette oeuvre monumentale et extraordinaire qu'est "la Journée de l'Existence", d'Ivan Wyschnegradsky.
        Il est vrai qu'il serait intéressant d'entendre d'autres oeuvres de ce compositeur du XXe siècle encore inconnu (et qui pourtant fréquenta nombre de célébrités du monde musical de son époque), mais les seuls enregistrements que j'aie pu trouver semblent actuellement épuisés (peut-être peut-on se procurer l'Etude sur les mouvements rotatoires, avec 24 préludes pour pianos, et le Chant nocturne pour violon et deux pianos à quarts de tons op.11, mais on ne trouve plus Dialogue et Dithyrambe op. 12).
        Il existe cependant une "Association Ivan Wyschnegradsky" qui est susceptible d'oeuvrer pour le faire mieux connaître, et auprès de qui on peut se procurer certains disques anciens (voir cette page).
        Nous arrivons à la fin de cette fresque mystique qui décrit l'évolution du monde depuis sa conception première par l'Esprit Divin jusqu'à la révélation finale de la Nature Divine entièrement incarnée dans les choses. On sent la montée de la philosophie hindoue au début du siècle - d'abord l'influence de Nietzsche, car Wyschnegradsky est aussi l'auteur d'une oeuvre intitulée "Ainsi parlait Zarathoustra", mais également d'Aurobindo, avec cette notion de "conscience supramentale". Messiaen connut une attirance similaire avec sa "Turangalîla Symphonie"qui date de 1946 (je veux parler surtout de l'intérêt pour la culture hindoue et du mysticisme), tandis que Richard Strauß composait "Mort et Transfiguration" dès 1889 (et "Ainsi parlait Zarathoustra" en 1896).
        Voici deux derniers extraits, dans toujours la même interprétation en concert de janvier 1978 par Mario Haniotis, récitant, et l'Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par Alexandre Myrat.

     
    senatus-creation-du-monde.jpg
    "La Création du monde", de Jean-Louis Sénatus (1996)
     
     
    L'Obtention
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    L’Heure du réveil a sonné.
    Le temps des souffrances est passé.
    Le Calice de la Vie est bu jusqu’au fond.
    Mais qu’est-ce ? Une Paix soudaine est descendue en moi
    [Et un profond silence s’est répandu autour…]
     

     

    Entrée dans l'Etat Final Parfait
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    [L'Ineffable ! Mystère auquel il n’y a pas de nom,
    Tu deviens manifeste !]

    Joie, tu es aussi Douleur,

    Liberté, tu es aussi Nécessité,
    Mort, tu es aussi la Vie,
    Moment, tu es aussi Éternité,
    Sagesse, tu es aussi Folie,
    Commencement, tu es aussi la Fin !...
     
     
     
     

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