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22 janvier ! Jour de la Saint-Vincent, mais aussi jour anniversaire de notre plus grand compositeur vivant, Henri Dutilleux.Âgé aujourd’hui de 90 ans, il ne s’est jamais départi d’une grande simplicité et d’une indéfectible gentillesse. Très exigeant envers lui-même, il écrit très peu (surtout sur commande), mais à l’instar d’un Maurice Ravel, soigne tant ses œuvres qu’il produit presque toujours des chefs-d’œuvre.
Qu’il s’agisse du merveilleux concerto pour violoncelle et orchestre intitulé « Tout un monde lointain », dédié à Mstislav Rostropovich, ou des superbes « Métaboles » pour orchestre dédiées au chef d’orchestre George Szell, on est ébloui par la richesse de l’orchestration, par la subtilité de la recherche mélodique, par l’amour du détail et la sensibilité débordante de ses oeuvres.
N'a-t-il pas consacré une oeuvre musicale ("Timbres, Espace, Mouvement") au tableau de Van Gogh "La Nuit Étoilée" ? Ceci traduit un esprit contemplatif et épris d'absolu, ce qui ne l'empêche pas de faire preuve simultanément d'une énergie débordante, qui par les rythmes ou la force des associations instrumentales dégage vigueur et joie de vivre.
Si vous craignez un peu la « musique contemporaine », sachez que Dutilleux est un puriste de la tradition, qui a suivi d’abord les influences des grands impressionnistes et n’a jamais donné dans les « modes ». Véritable joaillier du son il se rapprocherait plutôt d’un Prokofiev ou d’un Stravinsky, notamment dans son ballet « Le Loup », conte fantastique si tendre dans la plainte exprimée au basson du loup amoureux pourchassé.
Mais si je devais me limiter à l'essentiel, je vous recommanderais surtout de découvrir ses deux symphonies, qui s’achèvent dans un chatoiement de rêve absolument vertigineux… À écouter le soir devant les étoiles !
Trouvez ici sa biographie sur Radio France et ici sa page Wikipedia.
Vous pouvez aussi écouter ici sa première symphonie.
Et voici la première partie de "Timbres, espace, mouvement ou La Nuit Étoilée" (d'après le tableau de Van Gogh)Bon anniversaire, Monsieur Dutilleux !
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L'hiver m'épuise, je bâille de plus en plus... Je pense avoir des affinités avec les marmottes, qui hibernent ! Et cela me rappelle le dernier de ces "vilains" sonnets que j'ai écrits lors de mes pénibles études parisiennes, au sujet de ce cours de philosophie abhorré. L'amie Hélène qui y est citée n'a rien à voir avec Hélène Grimaud - dont j'aimerais vous reparler prochainement ! -, et elle s'acquittait stoïquement d'un exposé sur Platon bien étrange : n'avait-elle pas dessiné au tableau un chien en train d'aboyer, nous affirmant que ce n'était qu'une "idée de chien" ??
Un chien aboie au tableau noir ;
Hélène parle des Essences ;
Mais si nous avons l'existence,
Comment pouvons-nous le savoir ?
C'est dans un sombre désespoir
Que le cours de philo nous lance,
Car ce que le grand Platon pense,
Nous ne pouvons le recevoir.
Nous dissertons ontologie
Mais notre esprit, pauvre bougie,
Vacille, fumeux et mourant...
Adieu, Vérité éternelle :
Que l'Intelligence étincelle
Bien loin de nos corps transparents !
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Un chien blanc et un chien noir, ça ne va pas fort ensemble... ; un chien et un chat, non plus... ; alors, un chien blanc et un chat noir !!! Et c'est là que nous voyons que, contrairement à nos souhaits, nos chers animaux ne sont pas moins racistes que nous ; c'est à nous de leur apprendre la tolérance !Voici une petite saynète à lire tout fort et avec le rythme...
Elle met en scène un chien blanc coursant un chat noir, lequel trouve refuge derrière une grille, laissant le chien pantois.
Chat… rogne !
Chat… pitre !
Chat… va chauffer !!!
Chat… perlipopette !
Chat… rrive !
Chat… loupé…
Ben… où est-il donc ce chat ? (teigne !)
Il est caché le chat…sœur-sachant-chasser-sans-son-chien
(dans … les chardins !!!)
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Oui j’irai dans la nuit des étoiles
Oui j’irai dans le soir des étoiles
Sans voiles
Au milieu des étoiles
Et pâle
A l’éclat des étoiles
Je courrai dans le froid des étoiles
Je courrai dans l’hiver des étoiles
Etrange
Dans la nuit des étoiles
Immense
Dans le soir des étoiles
Je fuirai dans les cris des étoiles
Je fuirai dans le chant des étoiles
Perdue
Dans le froid des étoiles
Menue
Dans l’hiver des étoiles
Je crierai dans le flot des étoiles
Je crierai dans le mer des étoiles
Pleurante
Dans les cris des étoiles
Mourante
Dans le chant des étoiles
Et la vie dans la nuit des étoiles
S’enfuira dans un envol d’étoiles
En gerbes
Comme un bouquet d’étoiles
En perles
Comme un essaim d’étoiles
Et l’amour dans le froid des étoiles
S’enfuira comme le flot d’ étoiles
En vagues
Comme une mer d’étoiles
En vagues
Et volutes d’étoiles
Je verrai s’évanouir les étoiles
Une à une je verrai les étoiles
Pâlir
Comme au matin l’Etoile
Mourir
Dans un souffle d’étoile
Je verrai s’effacer les étoiles
S’effacer comme on dissipe un voile
Brouillard
Qui s’envole en étoiles
Ou soir
Se fondant en étoiles
Plus de jour pour survivre aux étoiles
Quand seront disparues les étoiles
La Nuit
Sera l’unique étoile
La Nuit
Me tuera pauvre étoile
Je mourrai alors dans les étoiles
Je fuirai comme une brume un voile
Sans voile
Au milieu des étoiles
Et pâle
Tout comme les étoiles
Publié en 1974 aux éditions Saint-Germain-des-Prés
dans un ensemble intitulé Pour Survivre,(Le Rossignol d'Argent)
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Comme il n'est pas permis de recopier des pages entières d'un livre, je note ici quelques simples citations de ce dernier livre d'Hélène Grimaud qui fait mes délices (Robert Laffont, 2005).
"Il y a quelque chose de sorcier chez les petites filles : cette façon d'être feuille et fleur, ce frémissement à la vie. On les sent si proches du secret qu'on les sait complices avec la mort, elles l'invitent dans leur voile de communiantes, leurs dînettes de cérémonie et l'ourlet de leurs robes." (p.92)
"Etre libre, c'est faire du corps une puissance qui ne se réduit pas à son organisme, c'est faire de la pensée une puissance qui ne se réduit pas à la seule conscience. Appelons la pensée l'âme et concluons : l'âme doit vivre avec le corps et le corps avec l'âme ; autant dire, l'âme doit vivre la vie, sa vie, ici et maintenant, comme le corps doit vivre l'âme, son âme, ici et maintenant.
"J'ai eu la grande prétention de vous suggérer d'expérimenter la musique. Peut-être ces petites précisions (...) vous éclaireront-elles sur ce que j'entendais par là, et au-delà du fait, que bien évidemment, expérimenter la musique, c'est d'abord (...) que vous deveniez la vie continuée de la musique." (p.80)
"Et si, ces dernières années, je m'étais limitée à n'être le médium que de la musique ? (...) Et si j'avais sacrifié trop de ma liberté - mais sur quel autel - et qu'alors, les ailes rognées, elle ne permette plus ni à mon âme de vivre ma vie, ni à mon corps de vivre son âme." (p.99-100)
"Rien n'est jamais acquis, rien ne nous est dû, et plus la relation avec l'autre est une relation rare - et quelle merveille, quelle rareté, quel privilège que cette relation avec le loup -, plus elle est fragile, incontrôlable.
"J'ai appris à garder la plus grande vigilance, à être intensément, de toutes mes fibres, de tous mes neurones, dans la relation du moment, comme si elle pouvait m'échapper à tout instant. Et ce qui vaut avec les loups vaut avec la musique."(p.114)
"L'amour est partout où est l'art. L'art déploie l'amour. (...) L'art tutoie l'âme car c'est à l'âme qu'il s'adresse."(p.139)
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