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Savoir ou ne pas savoir
Savoir revient à avoir franchi une marche dans l'évolution en cette vie ; et lorsqu'un savoir est acquis on se sent solide, affermi comme sur un sol rassurant et résistant. C'est une sécurité. Un viatique même vis-à-vis de la société.
Mais lorsque ce savoir est remis en question, lorsque vous devez franchir une nouvelle marche, alors tout bascule jusqu'à l'angoisse.Durant cette vie, tout est planifié : vous allez apprendre à marcher, à parler, à devenir autonome, à acquérir les connaissances nécessaires à votre survie, puis nécessaires à l'apprentissage de votre métier. Vous allez peut-être même apprendre d'autres choses, des réflexions de maîtres qui vont vous ouvrir à une meilleure compréhension de vous-même et du monde.
Mais tout se perd. Bien sûr certains ont une mémoire sensationnelle. Tant mieux pour eux ! Ils en savent beaucoup plus que d'autres et peuvent les épater en leur détaillant les champignons, les étoiles ou les timbres-poste. Ils peuvent donner des conférences et passionner d'autres individus en quête de connaissances. Mais un jour ou l'autre, on oublie... Voyez le spectre d'Alzheimer ! Un jour ou l'autre, on perd ses facultés. On a su tant de choses, et cela disparaît de la mémoire. Et un jour vient où l'on ne sait plus marcher ; où l'on ne parle plus... Un jour viendra où l'on ne saura même plus respirer.
D'autres vous soignent, mais vous-même, un jour, ne saurez plus vous soigner.
Et quand il faudra mourir... Savez-vous où vous allez ? Quoi que l'on puisse prétendre, l'angoisse est présente : c'est une marche à gravir, qui débouche sur l'incertain, l'inconnu. On ne sait pas.
Mon père était enseignant ; il savait des tas de choses, et c'est un de ces jours où il partageait avec d'autres tant de savoirs, à Paris, qu'il est brusquement parti. Il n'a eu que le temps, paraît-il, de dire à sa voisine :
" Excusez-moi, Madame, je crois que je vais me trouver mal".
Et il s'est "trouvé mal", il s'est évanoui, il a disparu comme ça, en pleine séance, laissant juste dans le coffre de sa voiture un bouquet d'immortelles pour son épouse - car avait-il eu tout de même un pressentiment... ?
Moi, à l'époque, je savais des tas de choses. J'ai donc dressé le thème astral du soir de sa mort. C'est arrivé pile au lever de Vénus. Oui, Vénus qui peut-être avait gouverné sa vie, lui qui s'était spécialisé dans la poésie des trouvères et des troubadours.
Et j'ai continué d'apprendre : l'astrologie karmique ; l'astrologie holistique, relationnelle, initiatique, thérapeutique, psychique... Mais si vous ne vous entraînez pas couramment, vous oubliez ! J'ai tout oublié de ce que j'ai appris, de ce que j'ai su faire - sports, langues, connaissances.
C'est comme une montagne que l'on gravit dans la jeunesse et que l'on doit redescendre en vieillissant. C'est ainsi que, tandis que Platon accumulait des volumes de philosophie, son maître Socrate allait marchant dans les rues et proclamant :
" Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien !"
En effet, ce savoir est éphémère. S'il sert ou rassure ici-bas, il n'est d'aucun secours dès lors que le souffle nous est ôté.Certains affirment (d'où la notion d'astrologie "karmique") que l'on garde certaines connaissances en mourant, et peut les réactualiser très rapidement lors d'une réincarnation peu éloignée. Aucune preuve n'a pu cependant en être apportée ! Pourquoi Mozart était-il si doué ? Oui, mais le cas est isolé tout de même ; et l'on connaît par ailleurs des quantités d'enfants "prodiges" qui sont simplement des singes savants pressés comme des citrons par leurs éducateurs. Et en admettant qu'un individu ait emporté avec lui toutes ses facultés pour les réutiliser dans une existence ultérieure, la seule conclusion en serait que finalement la "vie" est plus longue qu'on ne le croit et qu'elle peut chevaucher une période de "mort" apparente...
Croyez-vous avoir acquis un savoir et être confortablement assis sur vos certitudes ? N'importe quoi - un accident, une maladie - peut tout remettre en question .
Ces cartes tirées du tarot des Dakinis dont j'ai déjà parlé (mais manifestement inspirées, comme souvent dans les tarots récents, des lames du Marseille !) expriment parfaitement cette notion d'incapacité à se tenir en sécurité ici-bas.
Certains, prudents, affirment ne tenir pour vrai que ce qu'ils expérimentent. Ils laissent donc le courant de la vie décider pour eux de ce qui est vrai ou non. C'est une sage réserve. Abstenons-nous de tout jugement et laissons les choses se faire. Ainsi une chute brutale dans le néant ne nous surprendra-t-elle pas plus qu'un vol d'hirondelles.
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