Autre sonnet de jeunesse : c'était une commande de mon père, qui m'avait mise au défi d' "écrire un poème sur un sujet très ordinaire, comme une peau de banane..." Il n'avait pas tort, car j'avais trop tendance à épancher mes états d'âme sous forme rimée. Je n'eus alors de cesse que de lui prouver ma capacité à me plier à l'exercice ; et il fut je crois agréablement surpris du résultat ! Comme vous le verrez dans les commentaires, j'ai déjà publié ce sonnet sur ce blog en 2005.
Au travers de l'assiette une peau s'étalait,
Jaune comme un serpent aux larges taches noires,
Ouvrant nonchalamment sa robe dérisoire
Pour ne plus découvrir qu'un vieil os de poulet.
Comment dans les déchets ce détritus si laid
Avait-il pu garder souvenir de sa gloire ?
Tandis qu'au vil trognon sont réduites les poires,
La banane restait de soi-même un reflet.
Entre les pans défaits, on devinait la manne,
Qu'avait couverte, épais, l'habit de courtisane.
Tranquille, elle semblait rêver au ciel lointain
Qui l'avait vue éclore au sein de ses pareilles,
Au pays du soleil, des fleurs et des merveilles,
Lorsque l'or de leur robe éclipsait le matin.