Et voici maintenant un poème de Théophile Gautier (1811-1872), merveilleusement mis en musique par Hector Berlioz (1803-1869) dans "Les Nuits d'Été" : le Spectre de la Rose.
Soulève ta paupière close
Qu'effleure un songe virginal ;
Je suis le spectre d'une rose
Que tu portais hier au bal.
Tu me pris encore emperlée
Des pleurs d'argent de l'arrosoir,
Et parmi la fête étoilée
Tu me promenas tout le soir.
Ô toi qui de ma mort fus cause,
Sans que tu puisses le chasser
Toute la nuit mon spectre rose
A ton chevet viendra danser.
Mais ne crains rien, je ne réclame
Ni messe, ni De Profundis ;
Ce léger parfum est mon âme
Et j'arrive du paradis.
Mon destin fut digne d'envie :
Et pour avoir un sort si beau,
Plus d'un aurait donné sa vie,
Car sur ton sein j’ai mon tombeau,
Et sur l'albâtre où je repose
Un poète avec un baiser
Écrivit : « Ci-gît une rose
Que tous les rois vont jalouser. »
Le Spectre de la Rose dans sa version chorégraphique
Écoutez ici l'intégralité de la mélodie par Véronique Gens, accompagnée par l'orchestre de l'Opéra de Lyon dirigé par Louis Langrée.