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    Baie de Douarnenez

            

     

    J'ai couru par les plaines et par les champs
    à la recherche de Celui que j'aime,
    Et le ciel s'est illuminé de son rire merveilleux,
    La mer a flamboyé de la splendeur de son visage,
    Les arbres ont dansé de sa danse prodigieuse
    Et je me suis noyée dans l'ivresse de sa joie ;
    Tout le jour j'ai dansé en riant aux éclats... !

    Car mon Bien-Aimé était le ciel
    et le soleil et la nature,
    Il était dans les yeux des êtres rencontrés,
    Il s'infusait dans l'air et je le respirais,
    Il inondait mon cœur à l'infini.

    Mais soudain me couvrit le voile de la mort ;
    Tout me fut enlevé,
    Et je fus engloutie dans un gouffre sans fond...
    Ce fut obscurité et menace et douleur.
    "Où es-tu, Toi que j'aime ?" se lamentait mon âme.
    Elle le cherchait au firmament,
    Mais nul astre ne brillait au sein de ces ténèbres.

    Mon âme s'endormit, et glissant dans l'oubli
    Se fondit dans la nuit qu'un souffle avait produite.
    De néant qu'elle était, néant elle redevint.

    Alors mon Bien-Aimé put danser de nouveau,
    Et rire dans les champs et les airs embaumés,
    Soleil dans le Soleil, Lumière dans la Lumière, 
    Arbres embrassant le Ciel
    Et Splendeurs enneigées !

    Car son Cœur est plus grand que la nuit de mon cœur
    Sa Joie est sans mélange et sa Beauté sans tache
    Et sa Vie jaillissante
    Ignore que je fus.

           

     

    Mont Kailash

     

     


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    Eclipse lunaire à La Réunion-Le Monde

     

     


    Tout est Lui

    Il est Tout

    Comment pourrais-je prétendre être l'auteur du moindre de mes actes ?

    Et si aucune de mes actions n'émane de moi, quelle attitude puis-je avoir autre que celle de ramener sans cesse vers Lui les mouvements dont je m'imagine être l'auteur ?

    Que Sa Vérité soit manifeste et non la mienne



    * * *

        Ainsi s'exprime sans doute la lune, qui chaque mois (à la nouvelle lune) naît de Lui, le Soleil , et chaque mois (à la pleine lune) s'imagine et se glorifie de dispenser sa propre lumière pour éclairer le monde, alors qu'il n'en est rien...

          Tandis qu'elle ne fait que misérablement Le refléter, elle tire vers elle les énergies, créant un écartèlement que tous ressentent et subissent - y compris les océans et les animaux.  

          C'est pourquoi l'astrologie holistique a imaginé des méditations pour ces périodes visant à rééquilibrer en nous les énergies, et plus clairement à rendre au Soleil - le Soi - sa primauté.


    * * *         

                Il se trouve que la pleine lune de cette nuit a lieu sur l'axe astrologique  Bélier-Balance, (qui n'est pas le même que l'axe manifesté, à cause de la précession des équinoxes... d'où cette déclaration lue dans un article que la lune serait en "Poissons").

              Ce n'est pas un hasard !

          En Balance, le Soleil exprime l'ouverture à l'Autre, à "tout ce qui n'est pas moi". À l'inverse en Bélier, la lune exprime le pur jaillissement du moi, l'affirmation nette de l'identité différenciée. D'ailleurs le Bélier, étant le premier des signes, est bien celui du démarrage du monde, du démarrage de l'histoire, de la naissance de "je" et de toute la prolifération qui va s'ensuivre.

             Petit "je" illusoire, la lune vient se positionner en face de Lui, qui est Tout sauf une identité définie, qui rayonne par-Tout... et elle s'éclipse.

             Elle disparaît.

           Est-ce le résultat de cette méditation que propose Pierre Lassalle par rapport à cette Pleine Lune et qui porte sur le Pardon ?

            Le Pardon, que les chrétiens associent à la Réconciliation, et qui porte finalement ce message ultime : reconnaître que Toi et moi sommes le Même, et qu'il n'y a dans la Réalité aucune séparation...

           Abolir ces frontières du moi, et laisser simplement être ce qui EST : la Paix ; l'Amour sous toutes ses formes.

     

     


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           Voici une phrase du grand poète et mystique soufi Al Hallâj (858-922), qui à elle seule exprime tout ce que les grands saints, de quelque religion ou culture qu'ils soient, ont vécu ou manifesté.

     



    Al Hallaj - mystique soufi

     

    « Ô gens, quand la Vérité s’est emparée d’un cœur, Elle vide tout ce qui n’est pas Elle. Quand Dieu s’attache à l’homme, Il tue en lui tout ce qui n’est pas Lui. »

     

         Que vous interrogiez la vie de François d'Assise, de Rûmî ou de Ramana Maharshi, vous ne trouverez que cette évidence.

            À quoi bon alors débattre sur telle ou telle vision de la voie spirituelle ? Toutes conduisent au même but, au but unique : Cela, que vous appelez du nom que vous voulez (aussi bien neutre, que féminin ou masculin)...

     

     

     


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  •         Il me semble que la montagne ait toujours été associée, dans l'esprit des hommes, à la demeure des dieux, ou de Dieu.

           Voyez le mont Sinaï, le mont Olympe, le Parnasse, ou encore le Kailash. 

           Elle correspond à cet espace en nous dans lequel la matière est envisagée comme un bloc sur lequel il faut s'élever pour atteindre au divin, en montant encore et encore vers les zones plus éthérées et plus subtiles de l'esprit. 

     

     

    Arunâchala

     

          Les mystiques ont toujours "gravi la montagne du Seigneur" ou médité à son pied, et Ramana Maharshi fait partie de ces derniers.

          Établi auprès de la montagne d'Arunâchala qui pour lui est l'image même du Divin, il a pour elle composé des hymnes qui traduisent la parfaite adoration du méditant pour Celui dont il se reconnaît l'émanation.

         En voici un, intitulé en raison de ses cinq strophes "les cinq joyaux d'Arunâchala" (en sanskrit Arunachala pancharatna).

     

    «   Océan de Nectar, rempli de grâce, qui engloutis l'univers dans Ta splendeur ! Ô Arunâchala, le Suprême lui-même ! Puisses-Tu être le soleil qui ouvre le lotus de mon cœur à la béatitude !

         Ô Arunâchala ! En Toi, le dessin de l'univers prend forme, dure et disparaît ; c'est la vérité suprême. Tu es le Soi intérieur, qui danses dans le cœur en tant que "Je". "Cœur" est ton nom, ô Seigneur.

         Celui qui se tourne vers l'intérieur avec un esprit paisible afin de chercher d'où la conscience de "Je" surgit, il réalise le Soi et se dissout en Toi, ô Arunâchala, comme une rivière rejoint l'océan.

        Abandonnant le monde extérieur, l'esprit et le souffle maîtrisés pour méditer sur Toi à l'intérieur, le yogi voit ta lumière, ô Arunâchala, et trouve sa joie en Toi.

         Celui qui Te voue son esprit et, Te contemplant, voit toujours l'univers comme Ta manifestation ; celui qui en tout temps te glorifie et t'aime comme non-autre que le Soi, il est le maître sans rival, étant un avec Toi et perdu en ta béatitude, ô Arunâchala ! »


    Cité dans Ramana Maharshi, le libéré-vivant

    éditions Points, coll. Sagesses

     

         Tandis que l'extase, dès les premières strophes, est manifeste, le Maharshi, qui a toujours associé Réalisation de Soi avec Silence, montre que s'il s'exprime en mots c'est aussi pour enseigner.

        Sous les accents mystiques apparaissent donc les éléments nécessaires à l'acquisition de cette béatitude, l'attitude dévotionnelle en demeurant l'un des points fondamentaux.

         Ne souligne-t-il pas que cet océan de béatitude dans lequel le "je" est dissous peut aussi se nommer "Cœur" ? Cependant rappelons-nous ce que disait Khalil Gibran dans le chapitre du Prophète que j'ai cité récemment :

        Lorsque vous aimez, vous ne devriez pas dire : « Dieu est dans mon cœur », mais plutôt : « Je suis dans le cœur de Dieu ».

         N'oublions pas que c'est nous, qui sommes dissous ! Se mettre en quête du "je" est le moyen offert pour retrouver le point intérieur le plus profond. Mais dans ce point ce n'est plus "je" qui subsiste : c'est Lui, l'objet de votre dévotion, quel que soit le nom que vous lui donnez.

              

    Ramana Maharshi

            

       


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