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    Ce matin il neigeait, à tout petits flocons certes...

     

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      Et cet après-midi, il fait si sombre que, pour le coup, on pense vraiment aux Ténèbres qui se sont abattues sur le monde après la mort du Christ.

     

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        On se croirait à la Toussaint !

          Les week-ends de Pâques se suivent et ne se ressemblent pas ; comme les saisons d'ailleurs et tout sur cette terre qui est mouvance perpétuelle. Retour des choses? Certainement pas ! Je n'ai jamais rien vu se reproduire de façon semblable ici-bas, et, comme le dit si justement Héraclite : "On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve".

       J'ai évoqué plusieurs week-ends de Pâques depuis l'ouverture de ce blog (mai 2005), et j'étais persuadée avoir évoqué les Leçons de Ténèbres de François Couperin mais n'en retrouve toutefois aucune trace musicale dans mes archives...

       Cette année, l'élection inattendue d'un nouveau pape adoptant le nom de François, et qui est allé laver les pieds de jeunes délinquants non chrétiens dans une prison romaine me reconduit à François d'Assise, que j'aime depuis longtemps, et pour lequel Olivier Messiaen composa un si extraordinaire opéra.

       Au début de l'Acte 3, François demande à Jésus de lui faire ressentir sa douleur de crucifié. C'est la fameuse scène des stigmates, saisie dans la vidéo ci-dessous. 

     


     

        C'est la nuit, une nuit d'épouvante qui n'est pas sans rappeler celles qui hantent les opéras romantiques comme le Freischütz de Weber. Les cris des chouettes éclatent comme des coups de poignard dans une obscurité que traversent des voix inquiétantes. Le thème doux et paisible de François montre celui-ci arrivant ; puis sa demande incroyable est ponctuée de grands sauts d'octave qui traduisent sa décision irrévocable. Alors la voix du Christ retentit, représentée par le chœur des femmes qui la rend plus vaste et plus floue à la fois, tandis que l'orchestre "dessine" la sueur et le sang qui ruissellent, puis le marteau qui frappe et enfonce les clous... Le vent siffle... C'est vraiment la Ténèbre et l'horreur. François d'ailleurs ne s'en remettra pas ; sa fin est proche. Mais dans son extase, la Voix d'en-haut est toujours plus forte, clamant sa vérité dans toutes les voix du chœur - hommes et femmes - jusqu'à ce que les plaies deviennent visibles... et alors s'étend le calme de l'adoration.

         Aussi long qu'il paraisse, cet opéra, qui a le mérite d'être entièrement compréhensible par nous puisqu'en français (sauf je l'avoue parfois lorsqu'il s'agit des chœurs), est un véritable chef d'oeuvre. Tandis que l'on a trop souvent tendance à représenter (en peinture ou au cinéma) la Passion du Christ comme un épisode de souffrances effrayantes, le compositeur montre ici par la musique toute la douceur et l'Amour qui peuvent rayonner et dominer même cette souffrance.

     

     

     

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    paques 019     

    Revenez, cloches endormies !         paques 091

     

     
       Il y a bien, bien longtemps je suis allée vous chercher, et c'est aujourd'hui ce que je me rappelle, car mes plus beaux voyages je les ai faits très jeune, et je n'en garde que de merveilleux souvenirs.
     
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        Comme vous le voyez sur cette photo, prise sur un tout petit appareil argentique, il s'agit de la basilique Saint-François d'Assise, prise en avril 1967 juste après Pâques.
       Âgée de pas tout à fait 16 ans encore, je participais au pèlerinage des chorales liturgiques de France, et devais chanter en la basilique Saint-Pierre de Rome pour la messe de Quasimodo (1er dimanche après Pâques).
     

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       D'Assise, où nous logions chez l'habitant, nous montâmes à pied aux Carceri - l'Ermitage de Saint-François - en traversant les champs d'oliviers.
     
    Naples-01.jpg   (Le Vésuve vu du car)
     
         Après une courte visite de Florence, nous atteignîmes Rome, d'où nous fîmes une excursion jusqu'à Naples, hélas sous une pluie battante.
     
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          Enfin à Rome nous trouvâmes le soleil et j'en profitai pour me promener abondamment dans la ville antique...

     
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       Nous fûmes bien sûr reçus par la pape Paul VI (pris ici dans un des transepts de la basilique Saint-Pierre bondée).


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    (Intérieur de la basilique Saint-Pierre - carte postale achetée sur place à l'époque)
     

       Lors de la messe dominicale je m'appliquai à chanter parfaitement le grégorien, que je suivais en neumes sur ma portée à quatre lignes. Nous n'avions pas que cela à chanter, bien sûr, le concile était passé par là, et nous avions aussi de jolis airs français contemporains à plusieurs voix. Mais nous entonnâmes au moins le "Victimae pascali laudes", la fameuse séquence de Pâques qui remonte au XIe siècle... 

     


       Nous chantâmes aussi le joli psaume d'entrée qui donne son nom au dimanche concerné : "dimanche de Quasimodo", non pas à cause d'un quelconque rapport avec un personnage de Hugo - lequel justement devait son nom à ce dimanche -, mais à cause du premier mot de son psaume d'entrée en latin, "quasimodo", qui signifie "comme" (ou "de la même façon que") :
    "Comme des enfants nouveaux-nés, raisonnables et sans malice" (c'est du moins ainsi que je comprenais la suite "rationabiles, sine dolo"... voyez cependant la traduction officielle ici : "sine dolo" est en relation avec "lac" : le lait sans malignité, donc pur), "lac concupiscite" : "désirez ardemment le lait" (spirituel). J'ai beaucoup aimé cet air, qui comme les autres que nous entonnâmes en grégorien ( les différentes parties de la messe "lux et origo" que vous pouvez retrouver ici), me semblait joliment orné. 
     
         Nous en avons rapporté un microsillon, qu'hélas je ne retrouve plus depuis tant de déménagements.

           Ce que j'évoque ici peut rebuter certains, aussi vais-je m'expliquer.

            Les démarches religieuses de notre enfance sont le ciment de notre vie spirituelle ultérieure, comme les racines sont le support de l'arbre qui grandit.
       Cette marche dans la montagne jusqu'à l'ermitage de Saint-François ; ces chants pleins de fraîcheur et porteurs d'une puissance ancestrale forment, avec bien d'autres expériences, le terreau qui m'a conduite à ce que je ressens maintenant. Mais ils ne sont pas pour autant indispensables au monde actuel : le latin, le chant grégorien, ont pour moi la même valeur que le sanskrit ou les sutras tibétains ; ce sont des références, mais des références parmi d'autres.

        Et pour exprimer la joie pascale aujourd'hui, toutes les formes sont possibles, des chants d'oiseaux aux rires d'enfants, de la chasse aux œufs au repas en famille !
     
     
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         Ainsi donc :

    JOYEUSES PÂQUES À TOUS !

     
     
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