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Toute la nuit elles sont tombées
Avec la pluie avec le vent
Tout la nuit sous les rafales
Elles ont volé dans les nuées
C'est le grand bal des feuilles mortes
Sous le soleil illuminées
Arrachées violemment aux branches
Elles jonchent le sol détrempé
Adieu, vert manteau d'Arlequin
Toi qui riais aux jours d'été
L'arbre se dévêt c'est la fin
Et je te ramasse à brassées
Halloween est passé par là
Le poirier et le cerisier
Ne sont plus que de noirs squelettes
Aux ramures presque désertes
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Petites feuilles qui brillent
Comme des coquillages
Sur la plage
Grandes feuilles aux longues tiges
Palmes ouvertes
Comme des livres
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Le nuage approche
Tel un char puissant armé de tentacules
Un énorme animal aux pattes de brouillard
Son œil unique flambe ainsi qu'un beau visage
Aux cheveux hérissés et aux bras écartés
Dans un cheminement fatal inéluctable
C'est un vaisseau splendide à la proue relevée
Qui progresse sans bruit imperturbablement
Sans voir dessous la terre écrasée par la nuit
Il approche et entraîne
Ses pans de pluies épars
Glorieux et hagard
Fasciné
Fascinant
Montagne de tourmentes
Astre fixant devant
Ange au regard de vent
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Voici longtemps que je ne vous ai pas parlé de Robert Bichet.
Il vient de composer une nouvelle oeuvre, dédiée à son père fauché dans l'accident de voiture dont il a lui-même été la victime, en juillet 2005. Elle a été jouée a Issoudun lors du concert de fin d'année du Conservatoire Municipal de musique le 25 juin 2009, avec le compositeur au cor anglais, Francesca Paderni comme toujours aux Ondes Martenot, et Frédéric Langé, le professeur de saxophone du Conservatoire, à la direction, qu'il assume avec un brio remarquable.
Au centre, Robert Bichet ; à droite, Francesca Paderni ; à gauche, Jean-Benoît Walker-Viry,
le nouveau directeur du conservatoire de musique d'Issoudun qui a succédé à Robert Bichet
en septembre 2007 - Photo Martine Maillard.
Cette oeuvre s'inspire d'un poème qu'il avait écrit précédemment en hommage à des personnes disparues de son entourage, et que je vous propose ici.
Là-bas sont tous les rêves,
les étoiles vivantes
et les astres éteints,
où reposent
les volcans des passions infinies...
Là-bas sont les oiseaux
et toutes les musiques,
celles qui chantent doucement
dans le cœur des poètes,
de la renarde rusée
ou du lièvre égaré...
Là-bas sont tous les arbres
d'une verte forêt
où les saisons se perdent
dans l'infini du temps
sans toutefois mourir
de leurs feuilles d'automne...
Il n'y a plus de pluies,
de brumes, plus de frimas,
La lumière illumine
tout l'infini du tempsRobert Bichet, janvier 1999
voir ici le poème commenté et illustré par ses soinsIl s'agit d'une évocation de l'au-delà, où se retrouvent ceux qui nous ont quittés.
Robert Bichet a donc conçu cette oeuvre en quatre parties distinctes, auxquelles s'ajoute une improvisation du chef d'orchestre, ce qui est une grande première dans le genre, comme si celui-ci était considéré comme artiste à part entière, et avait droit à ce que dans les concerti on appelle la "cadence" du soliste : un moment de liberté pour improviser sur les thèmes du morceau.
En fait, vous devez savoir, si je ne vous l'ai pas déjà dit, que Robert Bichet a conçu un langage musical qui lui est propre, et qui est destiné à permettre à de jeunes débutants de participer à l'orchestre : il a créé des "signes conventionnels" correspondant à divers schémas musicaux. Sur l'un d'eux, il s'agira de jouer des notes aléatoires mais naturelles, en notes tenues ; sur un autre, la même chose mais sous forme de petits sons itératifs ; sur un autre il s'agira de notes altérées. Cela forme des "masses sonores", qui sont gérées au moyen de durées précises. D'autres schémas seront notés sous forme d'une mélodie simple (ou pour le piano d'un accord arpégé, ou d'une série de pulsations d'accords écrits) qui se répète ; les cordes seront parfois invitées à exécuter des sons libres en pizzicati, ou à d'autres moments à effectuer des glissandos en montant et en descendant... Tous ces schémas sont soigneusement répertoriés et utilisés au fil de l'oeuvre, qui apparaît ainsi comme une sorte de montage, analogue aux taches que l'on peut appliquer à un tableau contemporain.
C'est ainsi que, riche des schémas connus de l'orchestre et désignés chacun par un numéro, le chef d'orchestre, en fin d'oeuvre, peut improviser en indiquant le chiffre avec ses doigts à un groupe orchestral, puis en faisant signe à d'autres, faisant enfler le son en écartant les bras puis le stoppant net en ramenant les bras ; ou en désignant les gongs et nombreuses percussions présentes dont Robert Bichet a la passion.
Pour cela Frédéric Langé, passionné de la musique de Robert Bichet, fut absolument excellent.
Mais vous en aurez bientôt l'explication claire lorsque j'aurai réussi à télécharger la vidéo d'un reportage qui a été fait par des étudiants de l'AFPA d'Issoudun... Ce qui ne saurait tarder.
Voici donc quelques extraits du concert donné le 25 juin dernier à Issoudun.
Frédéric Langé à la tête de l'orchestre des professeurs et des élèves.
(Photo Daniel Besson)
L'oeuvre débute par une évocation de l'accident, qui est souligné par l'apparition brève d'une bande son, calquée sur les sonorités métalliques de l'orchestre (cuivres, cloches-tubes).
Puis sa transposition : on entend des bruissement d'insectes sous le soleil d'été. Très contemplatif, Robert Bichet bascule immédiatement dans l'évocation de la nature de son enfance, et dans ce qu'il appelle "le Rêve".
C'est là qu'apparaît le cor anglais, accompagné de l'Onde. Malheureusement l'enregistrement, réalisé avec des micros disséminés sur la scène, privilégie excessivement le premier violon, trop exposé, au détriment de l'Onde que l'on perçoit à peine.
Robert Bichet (cor anglais) et Francesca Paderni (Ondes Martenot)
Photo Daniel Besson.Et pour clore cet "Accident transposé" (la première partie de l'oeuvre), un "soleil couchant", représenté par de vastes masses sonores, comme de larges taches de couleur.
Vient alors le "Premier Rêve transposé ": c'est la nuit, et des crapauds alytes chantent sous le ciel étoilé de juillet (précisions notées avec soin par le compositeur). Là encore, une courte bande-son s'ajoute à l'orchestre pour évoquer le chant des crapauds.
Un second "soleil couchant" y met fin, préparant la troisième partie.
Cette troisième partie évoque le "Second Rêve transposé", qui n'est rien moins que l'Ailleurs - et comme le désigne le compositeur : "l’Éternel Départ". Il y adjoint la bande sonore d'un essaim d'abeilles.
Beaucoup plus lyrique, cette partie inclut la présence du piano, et son achèvement introduit la lecture du poème, par Robert Bichet lui-même, soutenue par le martèlement léger de la grosse caisse (quatrième partie).
Enfin, l'improvisation ou cinquième partie clôt cette vaste évocation. En voici la fin, à trois coups de gongs près.
Sous les applaudissements du public, Robert Bichet félicite le chef, exemplaire et son grand ami.
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Pierre Bottero, dont je vous ai vanté à plusieurs reprises le talent d'écrivain, poète et romancier, vient de se tuer accidentellement à moto (un tel sport "limite" lui ressemblait bien, mais quel danger aussi représente-t-il !). Voici l'article que lui consacre le "Journal d'Alsace " le 13/11/2009 :
Culture : Pierre Bottero, l'auteur de «La quête d'Ewilan», est décédé
L'écrivain Pierre Bottero, auteur à succès de sagas dans le genre «fantasy» comme «La quête d'Ewilan», est mort dimanche 8 novembre dans un accident de moto, à l'âge de 45 ans, ont annoncé vendredi les éditions Rageot.
Auteur vedette de la littérature pour adolescents, Pierre Bottero a notamment publié quatre trilogies, «L'Autre», «Le pacte des Marchombres», «Les mondes d'Ewilan» et «La quête d'Ewilan». Ses livres se sont vendus à plus d'un million d'exemplaires depuis le début des années 2000.
L'écrivain est mort près de chez lui à Pélissanne (Bouches-du-Rhône), après avoir perdu le contrôle de sa moto, ont précisé les éditions Rageot.
Né en février 1964 à Barcelonnette (Alpes de Haute Provence), Pierre Bottero a été instituteur pendant près de vingt ans avant de se lancer dans l'écriture.
Très influencé par «Le seigneur des anneaux» de J.R.R. Tolkien, il se passionnait pour «les littératures de l'imaginaire», qui, disait-il, «ne sont pas des littératures de fuite, mais produisent des romans équilibrants». Il créait dans ses livres des univers effrayants peuplés de monstres tentaculaires, de «mercenaires du chaos» et d'improbables croisements de lézards et de mantes religieuses.
Pierre Bottero avait francisé les codes et les personnages de la «fantasy» anglo-saxonne et conquis un large public, au delà des seuls adolescents. Auteur de plus d'une vingtaine de livres, il avait un roman, «Les Ames croisées», et un roman graphique, «Le Chant du Troll», en préparation.
Voyez aussi ici l'article de Sonia Sarfati pour "Cyberpresse", ou là l'hommage de son éditeur, Rageot (ici le site officiel de Bottero où l'hommage est reproduit).
Et pour finir, citons-le une nouvelle fois lui-même (j'ai souligné en gras la prouesse qu'il vient de réussir !)
Dix rêves pour un Marchombre· Se glisser derrière l'ombre de la lune
· Rêver le vent
· Chevaucher la brume
· Découvrir la frontière absolue
· La franchir
· D'une phrase, lier la Terre aux étoiles
· Danser sur ce lien.
· Capter la lumière.
· Vivre l'ombre· Tendre vers l'Harmonie. Toujours.
(Pierre Bottero, Ellana)
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