J'aimerais, en ce début d'année 2018, revenir à ces poèmes de Toukârâm dont les derniers sont les plus émouvants. En effet, dans l'édition citée des "Psaumes du Pèlerin", les textes semblent disposés suivant une gradation qui va du plus narratif au plus mystique.
Voici donc le n° XCVIII.
Partout je vois tes empreintes,
le tout de tout est plein de toi.
Forme, qualité, nom, Tout porte ta ressemblance.
O couleur-de-nuage, toi ôté rien ne reste.
La terre où je me roule, ton piédestal.
Chaque jour, chaque instant sont bénis,
ton amour comble mon cœur, toujours.
De partout, mon Dieu, tu me pénètres ;
espoirs, occupations, plus rien de terrestre.
Où irais-je ? Que ferais-je ?
Sur mes lèvres, sur mon cœur ton Nom, toujours.
Mon unique conversation, parler de toi,
tes noms, tes gestes, ta gloire.
Le riz, les fruits, le bétel que je mange,
des offrandes rituelles pour toi.
Ma marche, une procession autour de toi,
mon sommeil, une prostration devant toi.
Tout ce que je vois, tout ce que j'entends,
ton visage, ta voix.
Étang, rivière, fontaine, tout est sacré :
toute eau, le Gange.
Palais, châteaux, maisons, chaumières,
huttes, tout est ton temple.
Toute parole me dit ton nom.
Nous, serviteurs du Seigneur, dit Toukâ,
le bonheur d'amour nous comble, toujours.
Toukârâm, Psaumes du Pèlerin, Gallimard