François Villon savait à merveille montrer combien la vie est peu de chose et éphémère.
Cette ballade m'est subitement revenue en tête, et même avec la mélodie que lui ajouta le grand Brassens, car lorsque je l'ai étudiée, en seconde, le professeur avait eu à cœur de nous la faire chanter... sous ma direction !
(Nota : j'ai modernisé certains mots ou leur orthographe pour la compréhension, d'autres sont expliqués en note ; ici le texte original avec les liens wikipedia pour repérer les personnages évoqués )
Dites-moi où, n’en quel pays
Est Flora, la belle Romaine ?
Alcibiade, ne Thaïs,
Qui fut sa cousine germaine ?
Echo, parlant quand bruit on mène
Dessus rivière ou sur étang,
Qui beauté eut trop plus qu’humaine ?
- Mais où sont les neiges d’antan ?
Où est la très sage Heloïs(e)
Pour qui fut châtré et puis moine
Pierre Abélard à Saint-Denis,
(Pour son amour eut cet essoyne1 ) ?
Semblablement, où est la reine
Qui commanda que Buridan
Fût jeté en un sac en Seine ?
- Mais où sont les neiges d’antan ?
La reine Blanche comme un lys,
Qui chantait à voix de sirène,
Berthe au grand pied, Bietris 2, Allys,
Harembourgis qui tint le Maine,
Et Jeanne, la bonne Lorraine
Qu’Anglais brûlèrent à Rouen,
Où sont-ils 3, Vierge souveraine ?…
- Mais où sont les neiges d’antan ?
Prince, n’enquérez de semaine
Où elles sont, ni de cet an,
Qu’à ce refrain ne vous remène :
Mais où sont les neiges d’antan ?
1 essoyne : ici, épreuve.
2 Pour Béatrice, l'inspiratrice de Dante.
3 Mis pour "elles"
L'interprétation de Georges Brassens
Je pense aujourd'hui à François Villon, qui a si bien montré le caractère éphémère des choses de la vie ; leur peu de valeur au regard de l'éternité. Car qu'est-ce que la mémoire, sinon une pensée sans plus de consistance qu'un rêve ? Qu'est-ce que l'histoire, sinon un enseignement destiné juste à nous servir de "modus vivendi" dans la jungle du monde terrestre ? Pas plus que la neige qui en fondant ne laisse aucune trace, ceux-ci n'ont eu d'existence réelle...