Hier soir j'ai ouvert quelques livres de poésie, mais c'est le premier sur lequel est tombé mon regard qui a retenu mon attention et a suffi à enchanter ma nuit.
(Image du net - site)
« Au matin, je jetai mon filet dans la mer.
J'arrachai du sombre abîme d'étranges merveilles : les unes brillaient comme un sourire, d'autres scintillaient comme des larmes et d'autres étaient rougissantes comme les joues d'une jeune épousée.
Quand, chargé de mon précieux fardeau, je revins à la maison, ma bien-aimée était assise dans le jardin et nonchalamment effeuillait les pétales d'une fleur.
J'hésitai un instant, puis je plaçai à ses pieds tout ce que j'avais arraché à la mer et je restai là silencieux.
Elle y jeta un regard et dit : Quelles sont ces choses étranges ? À quoi peuvent-elles servir ?
De honte, je baissai la tête et je pensai : Je n'ai pas lutté pour obtenir ceci ; rien de tout cela n'a été acheté sur le marché ; ce ne sont pas des présents faits pour elle.
Alors, durant toute la nuit, je jetai ces trésors dans la rue.
Au matin, des voyageurs vinrent ; ils les ramassèrent et les emportèrent dans des pays lointains. »
Rabindranath Tagore
Le Jardinier d'amour - III
Ces présents sont des pensées puisées dans le grand réservoir du Cœur.
Comme toutes les pensées, elles peuvent retourner d'où elles viennent.
La seule offrande qui soit utile à l'Aimée, c'est Soi-même.