Tu dormais mon piano
Les yeux baissés sur tes songes précieux
Brillant comme un miroir
De mes pensées confuses
Enrobé dans le soir
Tu m’attendais
Tu attendais que j’ose esquisser sur tes lèvres
L’ébauche d’un sourire
Et que je te réchauffe à courir sur tes touches
A travers les bémols et les accords parfaits
Que je souffle à tes joues le parfum des berceuses
Et que je te rappelle
Tant de moments chantants
Frémissement rêveur
Tu t’ébroues doucement sous mes doigts malhabiles
Et puis te ressaisis sous des gammes précises
Un arpège s’effondre
Un autre s’affermit
Tu ronronnes à présent mon piano réveillé
J’aime sentir ta joie quand je te fais revivre
Pour une mélodie pour un instant d’extase
Le clair balbutiement d’une chaude arabesque
Jusqu’au seuil de l’été déployé dans la nuit
Puis tu fermes tes yeux discrètement complice
Et tu gardes en ton cœur l’harmonie qui résonne
Le jardin des délices à ton front se reflète
Ruisselant à jamais
De la claire fontaine aux mille touches blanches