Le ciel est gonflé de nuages
Dans l'air chargé d'humidité
Retentissent des cris sauvages
Jaillissant de l'obscurité
D'étranges formes apparaissent
Dessinant flèches ou museaux
En rangs serrés elles se pressent
Flottant comme des serpents d'eau
Mais oui ces cris ce sont les grues
Fuyant l'hiver et ses excès
Filant en escadrilles drues
Dans la bruine et le vent glacé
Devant les meneuses s'activent
Exhortant de leurs cris puissants
Toute la chaîne des passives
À poursuivre un effort constant
Ce sont des colliers des guirlandes
Qui apparaissent à nos yeux
Train après train elles s'étendent
Et s'évanouissent dans les cieux
C'est tout un peuple qui traverse
Groupe après groupe il en revient
L'espace immense les disperse
Mais leur cap ferme se maintient
C'est le courage et c'est la vie
Comme de bons petits soldats
Aucune d'elles ne dévie
Même si la fatigue est là
Leurs cris perçants sont des trompettes
Elles chantent pour s'entraîner
À chaque escadron se répète
Leur concert sans jamais freiner
On croirait voir passer l'armée
Dans un défilé triomphal
Irréprochablement formée
Sous les ordres d'un général
Où vont-elles si résolues
Rien ne permet de s'orienter
Elles voient par-delà les nues
Et volent droit sans hésiter
Encore une immense volière
Qui s'allonge au-dessus des toits
Aussi belle que la première
Elle fait entendre sa voix
Sous le ciel sombre et la grisaille
Étrange oiseau déliquescent
Elles s'éloignent sans bataille
Vers l'horizon luminescent
Adieu demoiselles ailées
Nous vous saluons de la main
Gagnez vite d'autres contrées
Vous nous reviendrez l'an prochain