C'est l'histoire d'un mental. Un mental qui commentait sans arrêt, qui observait sans arrêt, remarquant tout, donnant son avis sur tout... Si bien qu'on l'appelait "Komentétou".
Dès le matin, ce mental observait :
- Il fait beau aujourd'hui !
Ou bien :
- Toujours ce fichu temps !
Et puis :
- J'ai bien dormi !
Ou encore :
- Il faut se lever ! Je suis crevé !
- Quelle tête j'ai ce matin ! Je vais m'arranger un peu...
Enfin, vaille que vaille la journée se déployait et on l'entendait faire ses remarques au fil du temps :
- Regarde comme il conduit celui-là ! Ce n'est pas possible... Il va me mettre en retard !
- Chic ! Une place comme j'aime ! J'ai de la chance aujourd'hui !
- Il y a un monde au supermarché...
- Tiens, mais c'est untel ! Qu'est-ce qu'il fait là aujourd'hui ? « Bonjour ! Comment vas-tu ? ... »
- Oh ! Le dernier Bobin au rayon livres ! Je vais le feuilleter... Allez, bon, je le prends... Ça va me faire une nouvelle lecture pour ce soir.
- Oh ! Mince ! J'ai encore choisi la mauvaise file de caisse, ça bouchonne.
L'après-midi se présente, et avec lui la promenade.
- Par où je vais ?
- Qu'est-ce que je mets sur mon dos ? J'ai un peu froid.
- Ah ! Non, finalement j'ai chaud en marchant ! Zut, je n'aurais pas dû prendre ça.
- Les feuilles jaunissent ; ça sent l'automne... C'est joli avec ce rayon de soleil !
Etc... etc...
Et vous, vous observez... Un petit peu comme l'auteur d'un roman face à son héros, vous découvrez ce personnage qui frétille à l'intérieur de vous.
Il s'appelle "Komentétou" : rien ne lui échappe, il voit, il entend, il commente ; il décide, il réfléchit, il choisit.
- Qu'est-ce que je vais faire dimanche ?
- Qu'est-ce que je vais faire demain ?
- Qu'est-ce que je décide pour Noël ?!...
Ou bien :
- Cette haie est vraiment mal taillée et avec la maladie du thuya qui fait des espaces roussis, ce n'est pas joli.
- Oh ! Chic ! Mon autoradio diffuse juste ma musique préférée !
Ou encore :
- Le monde va de plus en plus mal... Quelle tristesse !
- C'est vrai, on se plaint mais il y a vraiment plus malheureux que soi.
Ce personnage qui voit, qui entend, qui pense, est-ce vraiment vous ?
Ou n'est-il pas plutôt contenu en vous, beaucoup plus petit que vous qui l'observez, tantôt absorbé dans ses sentiments, émotions et sensations, tantôt amusé de ses réflexions et conscient d'en être distinct ?
A-t-il vraiment le choix de ses actes, lui qui pense réfléchir utilement ? Ses jugements sur ce qu'il voit, entend ou ressent lui sont-ils d'une quelconque utilité ? A-t-il le moindre poids sur les aléas de son existence, qu'il voit se dérouler avec une forme d'anxiété permanente, un sentiment de responsabilité aussi puissant que s'il tenait la barre d'un navire ?
Quel est ce petit "je" qui pérore sans arrêt dans votre tête, avec ses pensées, ses idées, ses désirs, ses peurs, ses douleurs et ses joies ?
Il n'est pas "vous". Il est juste un agglomérat de pensées et de ressentis dont vous prenez acte, mais sans plus.
Vous n'êtes pas ce mental, pas plus que ce corps qu'il anime comme une marionnette et dont il prétend traduire les besoins.
Par contre tous les ressentis, toutes les pensées, tout ce que vous percevez et éprouvez, tout cela vous prouve que vous êtes, tout cela vous renvoie à votre Vérité, Vérité pure et immuable contemplant son propre déploiement à l'infini.
Et en découvrant ce murmure perpétuel du mental qui, comme l'eau d'un ruisseau, chante en s'écoulant, vous comprenez que tout est Beauté, tout est Joie, tout est Votre Vie s'ouvrant comme une fleur dans un perpétuel épanouissement.