Jean-Yves Leloup, dans "L'Absurde et la Grâce" , cite une méthode bouddhiste zen qui consiste pour un Maître à confier à son élève un Kôan, c'est-à-dire une phrase ou parfois une petite histoire apparemment dénuée de sens, ou encore simpliste, sur laquelle méditer.
Le but de ces formules semble être de pousser celui-ci à basculer au-delà du mental, la proposition semblant trop absurde pour le sens commun.
Les exemples de kôan couramment cités sont :
« Quel est le son d'une seule main qui applaudit ? »
Ou encore :
« Quel était ton visage avant la naissance de tes parents ?»
Ainsi Leloup (cf. livre ci-dessus p. 294) raconte avoir écrit un scénario qu'il aurait intitulé "l'Assise et la danse", dans lequel il confronte une jeune femme fascinée par le Zen (et donc par l'Assise) et un jeune danseur épris de philosophie nietzschéenne, incapable de concevoir un dieu immobile : dans la rencontre entre ces deux personnages il cherche à découvrir un équilibre entre méditation et action, forme et non forme, repos et mouvement... Et il imagine pour son héroïne, partie au Japon chercher l'enseignement d'un "roshi" (d'un vieux maître), un kôan qui m'a immédiatement séduite. Le voici :
« On n'est bien assis que sur un coussin que l'on a donné. »
Peut-être ceux d'entre vous plus familiers du Zen objecteront-ils que les kôan sont plutôt des rappels à la simplicité, à l'instar de celui-ci :
« Ce qui te manque, cherche-le dans ce que tu as. »
Ou encore de simples pépites de sagesse, comme celui-ci :
« Je sais et je sens que faire du bien est le plus vrai bonheur que le cœur humain puisse goûter. »
Dans ce cas, nous y retrouverons la précieuse philosophie du "être ordinaire" qu'Osho vante en permanence dans les petits contes dont s'inspire son "Tarot de la Transformation".
Cependant, faisant écho à la phrase imaginée par Leloup, voici le kôan qui me parut surgir de soi-même lors de la promenade évoquée précédemment :
« On n'est vraiment à l'abri que dans une maison qui a été ôtée. »
Qu'en pensez-vous ?