Ô toi qui sanglotais dans la nuit
À la clarté pâle de la lune
Près du bosquet désert
Ne pleure plus je t’en prie
Puisque je t’aime
La nuit nous prêtera ses filets immenses d’étoiles
Pour que nous pêchions des bonheurs aux chemins rafraîchis
Et l’éveil nous éblouira de rayons
La lune n’est qu’un miroir glauque et trompeur
Ce n’est pas elle qui te regarde
Mais toi seule qui mires en elle ton visage en larmes
Ne pleure plus je t’en prie
Puisque je t’aime
Les arbres qui frémissent
Au vent tiède de la nuit
Ne sont que les épaves d’un naufrage ancien
Ils sont peuplés d’épines
Et ne berceront jamais ton sommeil
De leurs branches protectrices
Car que tu marches
Ou que tu t’allonges dans la poussière
Toujours la nuit sera froide et hostile
Mais si je t’aime
Alors elle sera douce
Alors elle s’ouvrira comme un bouquet d’odeurs
Et nous marcherons à la limite de l’aurore
A la limite du jour naissant
Vers d’autres horizons
Vers d’autres fenêtres
Ô donne-moi ta main
Puisque je t’ai tendu la mienne
Pour t’emmener très loin

Poème tiré du recueil que je viens de publier, dans sa troisième partie, « La Remontée du Fleuve ».