Ce soir, tandis que mon corps harassé n'aspire qu'au repos, mon cœur gambade de joie comme un jeune faon saluant l'aurore.
Personne mieux que Kabîr ne saurait exprimer cette joie.
Ô mon frère, mon coeur soupire après
ce Guru véritable ;
il emplit la coupe du véritable
amour ; il s'y abreuve puis me l'offre.
Il écarte le voile de mes yeux et me
permet la véritable vision de Brahma :
Il me révèle en lui les mondes,
Il ouvre mon oreille à la musique inexprimée.
Je vois où la douleur et la joie se confondent :
Chaque parole, Il l'emplit d'amour.
Kabîr dit : En vérité celui-là ne connaît
plus la crainte, qu'un tel Guru conduit
au havre de sécurité.
Kabîr, La flûte de l'infini, XXII
traduit par André Gide d'après le texte anglais de R. Tagore