Après maints détours aujourd'hui je reviens à Kabîr... Un poème de Kabîr s'impose. Mais lequel choisir, quand ils sont tous si beaux ?
Allons, ce sera celui-ci dont le numéro est si parfait que même les médecins s'en servent...
XXXIII
Où est l'utilité des mots puisque l'amour a enivré mon cœur ?
J'ai enveloppé le diamant dans mon manteau : pourquoi le découvrir à tous moments ?
Quand le plateau de la balance était léger, il montait... à présent qu'il est chargé à quoi bon peser sur lui ?
Le cygne a pris son vol jusqu'au lac qui est là-bas derrière les montagnes ; pourquoi rechercher les mares et les fossés ?
Ton Seigneur est en toi ; pourquoi tes yeux s'ouvriraient-ils au monde extérieur ?
Kabîr dit : « Écoute mon frère ! mon Seigneur m'a ravi et m'a uni à Lui... »
(La Flûte de l'Infini - traduction de Henriette Mirabaud-Thorens -
Gallimard poésie)
NB : Il semble que Kabîr n'ait jamais rien écrit, étant illettré. Mais il avait de nombreux disciples, qui notaient ses paroles. Et c'est ainsi que sont arrivés, plusieurs fois traduits dans les différentes langues indiennes, ces poèmes dus ici à l'interprétation anglaise de Rabindranath Tagore. J'en ai légèrement modifié la ponctuation...