Immuablement froide et ferme à l'horizon
Elle te fortifie tel l'œuf originel
Et voici ton chemin, ton paysage neuf :
A travers ces talus, ces buissons, ces rochers
Tu la vois qui t'aspire,
Et c'est la voix des cimes,
Et c'est ta voix nouvelle,
Et c'est ta voie majeure,
Sainte Marie Majeure,
Sainte Epée de Folie !
O Neige tout éclat,
Tu brilles à l'infini ;
Tu fumes d'or tissé
Et je glisse...
Et voilà, j'ai glissé, et le gouffre a parlé,
Le gouffre m'a saisie, et je file, emportée
Vers où, je ne sais pas,
Vers le bord où je meurs,
Vers le bord où je veux, vers le bord d'où je sors
Des feux du désespoir,
Où dans l'effort conscient je change
Et modifie ma trajectoire,
Où triomphalement je décide de vivre,
Et encore, et encore,
Où je dis : me voici,
Et me voici encore !
O Neige, resplendis :
Ton ciel est bleu profond...
La voix me dit : respire !
Et bientôt tu m'accueilles,
Et bientôt je suis lasse,
Et bientôt je suis là,
Blottie
Dans toi,
Au creux de ta froide blessure,
Dans l'absence même de la Terre,
Dans la molle pression d'une eau décente
Et dans la joie sans fond de la descente,
Dans le cri de terreur d'une chute insensée :
Jaillis !!!
Jaillie de toi depuis toujours,
Je gis au creux de ton sourire écumant de velours :
Je suis l'oiseau oublié de tes doigts
Qui a volé, qui est tombé,
Qui a trouvé
Et son ciel, et sa lune,
Et ses étoiles...