Après un radieux week-end des Rameaux à Fontainebleau, je veux vous faire partager ma "montée au Calvaire"... d'un genre particulier (et plutôt souriant).
En effet, la "Croix du Calvaire" est un édifice érigé sur une hauteur juste au-dessus de la ville, et où l'on accède par des chemins qui traversent de superbes zones rocheuses ; c'est une de mes destinations de promenade préférées, aussi vais-je accompagner cette évocation d'une musique qui me paraît assez appropriée à cette intention, le larghetto de la 4e symphonie "Deliciae Basilienses" ("les délices de Bâle") d'Arthur Honegger. Composée dans l'esprit d'une marche lente et pesante, de plus en plus agrémentée par des chants d'oiseaux, cette page s'accorde à merveille avec l'ascension à la fois pénible et merveilleuse de cette colline altière.
Orchestre du Capitole de Toulouse sous la direction de Michel Plasson (enregistrement EMI)
Lancez la musique et suivez le guide...
Quittons tout d'abord la ville aux riches villas, telle celle-ci qui se nomme l'Orée. Vous noterez au passage la hauteur des arbres (sapin, cèdre...) : une bonne trentaine de mètres, ce qui nous change de l'habituelle petite taille des feuillus de la région centre.
Parmi les roches et les bruyères éparses, notre chemin commence à monter, souriant dans la lumière qui filtre par les feuillages tout neufs, et de plus en plus sableux entre les pins toujours abondants.
Au sol les fougères déjà bien épanouies déploient leurs petites crosses.
Là, je pense à Stellamaris... En effet, un géant de l'île de Pâques est allongé sur le sol et dort comme un bienheureux.
Mais aux flancs capricieux de la colline sableuse, un étrange enchevêtrement attire mes regards. Que s'est-il donc passé ici ? Une bagarre ? Les morceaux de bois jonchent le sol... Eh non ! C'est probablement un arbre vétuste qui s'est effondré tout seul.
Et pourtant, regardez bien comme ils s'entraident, ces arbres : le chêne au premier plan soutient de son bras droit son camarade qui est tombé, et dont la nuque repose dans les branches du chêne d'en face...
Mais poursuivons notre ascension : l'atmosphère se fait de plus en plus "méridionale" au fur et à mesure que l'on s'élève : sables, buissons, roches qui affleurent... Il faut dire que j'ai choisi la voie "directe", laissant les chaos de rochers pour le retour.
Ces deux arbustes semblent danser ensemble, l'un en arrière les bras écartés, l'autre devant, penché sur le côté.
Celui-ci me frappe par la puissance de ses racines et ses "V" successifs.
Mais celui-là est franchement génial ! Si étrange que je le photographie deux fois et ne sais quel cliché préférer.
Là, c'est de plus près mais sans zoom et avec une pointe de flash à cause du contre-jour. Regardez comme il s'incruste dans le rocher... et comme il ferme devant lui de drôles de petites pattes !! À sa droite, la roche semble s'être taillée en angle creux rien que pour protéger un tronc plus frêle... incroyable !
Mais ça y est, nous sommes arrivés à la Croix du Calvaire, par le côté.
Datée de 1699, celle-ci aurait été posée par une personne pieuse en 1697 sur le sommet des rochers du Fort des Moulins, qui prit alors le nom de "calvaire". Un pèlerinage y eut lieu à partir de 1825, mais considérée comme nuisible au maintien de l'ordre public elle fut détruite en 1830. On la réédifia cependant en 1837.
Son altitude exacte n'est pas notée, mais elle semble dominer la ville (de Fontainebleau sur la droite et d'Avon sur la gauche) ainsi que la forêt qui l'entoure de plus de cent mètres.
Je vous invite à y faire une petite pause avant d'envisager la descente encore plus passionnante.
Vue vers Fontainebleau, avec à droite la "Tour Varnery" qui domine la route de Paris, sur le devant l'église du Carmel, ancien couvent, et au fond à gauche les tours du château. (Vous pouvez agrandir l'image).
Vue vers Avon - beaucoup moins nette je l'avoue -, où l'on devine (là encore vous pouvez agrandir) le viaduc qui porte la voie de chemin de fer en provenance de Moret, et tout à fait à gauche la courbe de la Seine.
Enfin la Croix vue de face c'est-à-dire en tournant le dos au paysage (cette photo peut aussi être agrandie !), avec derrière elle une route de forêt étalée en deux voies distinctes pour bien marquer l'aspect "éperon" de cette falaise ; malheureusement depuis plusieurs années elle est coupée à la circulation, et seuls les piétons ou les cyclistes peuvent l'emprunter, pour le grand bonheur de la nature qui respire, mais pour le désespoir des personnes âgées ou handicapées qui n'ont plus la possibilité de venir jusque là, comme vers de nombreux points de la forêt autrefois desservis par des petites routes goudronnées qui sont toutes aujourd'hui fermées hermétiquement.