Eklablog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Header cover

Mon Voyage en Afrique noire - 6

 
La vie quotidienne à Amaradougou
 
Voir ici où nous nous trouvions,
à l'ouest de Soubré vers la
frontière du Libéria.

    Comme je vous l'ai dit précédemment, le village, assez grand, était divisé en quartiers qui tous possédaient leur place équipée d'une halle centrale. A l'entrée du village et regardant la piste, se trouvait le quartier appartenant au chef, Amara Fofana, et c'était chez lui que nous habitions. Il se trouvait là aussi les cases de ses différentes épouses, avec leurs enfants respectifs. Il me semble qu'il en avait deux, une de son âge et une plus jeune. La plus âgée était la principale, elle était aussi la mère de la petite fille qu'il aimait tant. Les entrées extérieures des cases étaient tout de même équipées de portes de bois, construites par un menuisier du village que nous découvrîmes un jour en plein travail : assis à même le sol, avec quelques outils rudimentaires (marteau, clous, rabot, couteau, scie), il façonnait ces portes entre ses jambes. C'est lui aussi qui fabriquait les chaises longues que peu de villageois possédaient, et sans doute des chaises comme celle sur laquelle siégeait parfois le chef, le soir, hiératiquement devant sa case...
    Amara était un bon chef, aimé et respecté de ses administrés. Le matin il partait très tôt avec les hommes valides à la chasse. Mais Robert eut beau supplier, jamais il ne réussit à les accompagner. C'était en quelque sorte un maire de village, avec le rôle de prêtre en plus (ainsi, pas de bagarre comme dans "Père et Maire" !).
   
Toute la journée, les femmes travaillaient à la confection des repas, assistées plus ou moins de leurs enfants jeunes qui abandonnaient vite la partie, ou chargées des tout-petits accrochés derrière leur dos dans un grand pagne. On s'éveillait au son des pilons qui cognaient sans relâche pour écraser le mil, le riz ou le maïs dans d'immenses calebasses et c'était pratiquement sans arrêt jusqu'au soir.

Mon Voyage en Afrique noire - 6

Cette photo en donne une idée, mais les pilons d'Amaradougou étaient beaucoup plus étudiés
que ce sommaire bout de bois : ils étaient épaissis à chaque bout, de manière à être facilement
pris en mains au centre, mais aussi à écraser plus largement par n'importe quel côté.

    Les jeunes avaient des petits pilons à leur taille, mais ne les utilisaient guère, et je me souviens encore de cette jeune femme qui s'épuisait en plein soleil à frapper le pilon du bras droit tout en portant son bébé de quelques mois sur le bras gauche, s'épongeant de temps à autre le visage de la main... J'avais envie de lui prendre le bébé, mais chaque fois qu'elle s'en défaisait pour le confier à sa fille, il se remettait à hurler... et elle le reprenait. Ah ! C'étaient de bonnes mères ! Emportées dans leur élan, lorsqu'elles étaient en forme, elles faisaient sauter en l'air le pilon en le relevant et le rattrapaient pour frapper.

Mon Voyage en Afrique noire - 6

Voici un exemple de la tenue de ces femmes :
elles portaient toujours des pagnes superbes aux couleurs chamarrées
(beaucoup de rouge, de jaune et de noir ; parfois du vert, du bleu foncé pour rehausser)

    Il leur fallait aussi aller chercher l'eau nécessaire aux quelques puits disposés à différents endroits du village : ces puits n'étaient que des orifices disposés dans la terre et entourés d'une petite margelle rudimentaire, qu'on avait équipés d'un treuil après lequel était fixée une outre noire. La femme arrivait avec son unique ustensile bon à tout faire : sa grande bassine d'émail bleue. Elle tirait une outre du puits, la versait dans sa bassine, puis remettait tout proprement en place pour l'usager suivant, et, réinstallant sur sa tête le foulard destiné à l'aider à caler la bassine, hissait celle-ci au sommet de son crâne et repartait avec un équilibre qui faisait mon admiration. D'ailleurs ce travail était souvent l'oeuvre des jeunes filles, qui ainsi se façonnaient un port magnifique.
    A midi, la plus jeune des femmes du chef apportait une bassine de nourriture pour nous dans la case de Francis. Elle s'inclinait et nous souhaitait :
Barka !
    Ce qui veut dire : "Bon appétit". Et nous répondions :
Anikié ! (merci).
    Ils nous donnaient ce qu'ils avaient de meilleur, je le découvris par la suite. Et cela nous paraissait pourtant une maigre pitance... C'était un plat de riz agrémenté d'une sauce très pimentée qui nous calait l'estomac, avec quelques petits bouts, soit d'agouti (c'est le nom qu'ils donnaient là-bas aux singes qu'ils chassaient), soit de poisson séché rapporté du Sassandra. Je me félicitais de m'être bien nourrie le mois précédent en Périgord ! Car là, non seulement il n'y avait aucun légume, mais en plus les portions étaient fort maigres. Nous mangions dans la case de Francis et Margaret qui était équipée d'une table, et qui possédait la cruche d'eau dans laquelle nous glissions des pastilles pour purifier notre boisson.
    Le soir, vers sept heures, c'était la même chose. Quant au matin, nous nous faisions nous-mêmes notre café soluble, auquel nous ajoutions les biscuits que nous pouvions parfois rapporter de Soubré. Francis, généralement parti toute la journée avec la jeep, nous y conduisait parfois en s'en allant, nous en laissant revenir à pied.
 

Mon Voyage en Afrique noire - 6
La piste vers Soubré

  
 Lire la suite ici.
 
 
Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article