Hector Berlioz, en tant que commentateur au Journal des Débats (ici) sur la question du Théâtre Lyrique, plaisantait en 1863 autour d'une représentation d'Ondine (un opéra-féerie tombé totalement dans l'oubli) en évoquant l'adage latin sans doute issu du stoïcisme : "Oportet Pati" ("il faut souffrir") ; il le rapprochait d'une mauvaise traduction des moines bon vivants ("qu'on apporte le pâté !") pour terminer sur l'obsession du compositeur, un certain Semet n'ayant "semé" aucune postérité mais comptant sur la renommée d'autrui pour asseoir la sienne : "Il nous faut Patti !! " En effet, Adelina Patti était la cantatrice la plus renommée de l'époque - la Callas de ce siècle - et à elle seule elle aurait pu faire salle comble.
Cependant, si vous entrez en initiation, ce n'est pas souffrir qu'il faut, mais mourir ! Tintin nous en apporte la preuve lorsqu'il cherche à pénétrer dans le sanctuaire suprême : le Temple du Soleil...
Pour pénétrer dans le Saint des Saints, il doit faire confiance à un enfant, dont personne n'est vraiment sûr, et traverser des kilomètres et des kilomètres, des jours et des nuits de jungle et de montagnes remplies de pièges mortels.
Et ce, même dans les conditions les plus difficiles.
Et même lorsque son "alter ego", le capitaine Haddock, peste plus que jamais contre les conditions de la traversée (que cependant il assume...)
Lorsque tout espoir d'approcher le sanctuaire semble perdu, il tente encore l'impossible, s'effaçant d'abord devant les autres.
Si bien que l'inévitable se produit....
Tintin disparaît... Englouti... Noyé sous la cascade.
Ses amis accablés le croient réellement mort.
C'est alors qu'il découvre l'entrée secrète du lieu auquel il aspirait !!
C'est par les entrailles de la terre, comme par une seconde naissance qu'il va pénétrer jusqu'au coeur même du Temple du Soleil : en pleine salle du Trône !
Toute aventure demandant un dépassement de soi illustre ce processus, mais c'est bien dans cet album, l'un des meilleurs qu'ait réalisés Hergé, que l'on en voit la meilleure évocation...
NB : vous excuserez la qualité très variable des illustrations, qui sont toutes issues du net.