En ce moment, le temps particulièrement contrasté fatigue plus d'un d'entre nous, et quand arrive le soir, nous sentons nos yeux qui nous piquent... N'est-ce pas le Marchand de Sable qui, bien que nos fenêtres ne soient pas ouvertes sur la nuit étoilée, apporte son aura de douceur et la mélodie de sa flûte ?
Non, il ne jette pas de la neige, et pourtant, il en tombe en ce moment !... Non, ce n'est pas le "Père Noël" non plus, et cependant, combien ont encore en mémoire le petit nuage sur lequel il cheminait, accompagné de Nounours, pour souhaiter "Bonne nuit" à Nicolas et Pimprenelle ? Pourtant, bien avant ses débuts télévisés en costume de marionnette, il montait déjà sur les planches, dans une pièce aujourd'hui immortalisée par la musique de scène magique d'Albert Roussel, musicien français du début de notre siècle (1869-1937) dont je vous ai déjà parlé dans un article consacré à Ariane. Ce compositeur eut un parcours bien étonnant, puisqu'il intégra d'abord l'Ecole Navale (dès l'âge de 18 ans, en 1887), pour parcourir les mers et découvrir notamment les Indes. Réformé de la marine pour raison de santé en 1902, il se consacre dès lors exclusivement à la musique, qu'il adore et pour laquelle il est prodigieusement doué. "Le Marchand de Sable qui passe" est une oeuvre de "jeunesse" (créée en 1908, l'année de son mariage, sur un texte de G. Jean-Aubry ; c'est son opus 13) : délicieuse de douceur et de sensibilité mais malheureusement méconnue, je vous en livre ici deux extraits que j'interprète à ma manière, n'en connaissant pas vraiment l'argument.
Dans celui-ci, c'est comme si l'on assistait à l'envoi de petites poignées de sable sur nos paupières... Notez l'usage de la harpe, instrument impressionniste particulièrement remis à l'honneur par le chef de l'école musicale française de l'époque Claude Debussy.
Et avec celui-là, nous nous endormons, car c'est l'une des plus douces berceuses que je connaisse... Elle est d'abord jouée à la flûte, évidemment, mais l'extrait ci-dessous en est la reprise aux violons, pianissimo. La flûte continue d'accompagner le chant, dans le grave, et la harpe nous enveloppe de son atmosphère fluide et harmonieuse.