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Étreinte sacrée

 

Tarot des Dakini-Solar Return


    Cette lame du tarot des secrètes Dakinis évoquant la "nouvelle lune" semble indiquer que, à l'instar de la lune qui cache le soleil et n'en laisse voir que les manifestations comme pour faire croire qu'elles sont de son fait, de même l'ego se dresse devant l'être véritable et s'arroge la responsabilité de son action.   


    Ce jeu de cache-cache engagé entre le Soleil et la Lune, archétypes des deux grands pôles qui nous caractérisent (être profond-personnalité apparente, conscient-inconscient, réel-imaginaire, émetteur-récepteur, masculin-féminin, jour-nuit, yin-yang, etc.) et donc de la dualité, me ramène tout naturellement à l'Évangile de Philippe qui consacre de nombreuses pages à ce que Jean-Yves Leloup traduit par l'étreinte sacrée, Alliance suprême sensée se réaliser dans la chambre nuptiale et dont la finalité efface cette dualité. 

 

«  Ceux qui prient vraiment à Jérusalem,
tu les trouveras seulement dans le Saint des saints...
la chambre nuptiale.

Qu'est-ce que la chambre nuptiale
sinon le lieu de la confiance et de la conscience dans l'étreinte :
une icône de l'Alliance,
qui est au-dessus de toute forme de possession ;
c'est là que le voile se déchire du haut en bas,
c'est là que quelques-uns s'élèvent et s'éveillent.

Les pouvoirs ne peuvent rien contre ceux qui sont revêtus de lumière,
ils ne peuvent les voir.
Tous revêtiront cette lumière
lorsqu'ils entreront dans le mystère d'une étreinte sacrée.

Si la femme ne s'était pas séparée de l'homme,
elle ne serait pas morte avec l'homme.
Sa séparation a été à l'origine de la mort.
Le Christ vient à nouveau guérir cette déchirure,
retrouver l'unité perdue,
vivifier ceux qui se tuent dans la séparation,
les rétablir dans l'union. »

Évangile de Philippe traduit par Jean-Yves Leloup,
pages 76 (fin) à 78 

 

Tarot des Dakinis-Wish full filling Gem


       N'est-ce pas la puissance de l'Amour, évoquée ici par les mots "confiance" et "conscience", qui rétablit l'harmonie nécessaire ? L'ouvrage est long et revient sans cesse sur ce sujet, l'éclairant sans cesse en l'approfondissant, et j'ai eu peine à choisir le passage à citer. Mais je dois aussi avouer que Jean-Yves Leloup y apporte une interprétation limpide avec l'adaptation qu'il donne, distinguant par là nettement son texte des versions en ligne, beaucoup plus elliptiques.

     Malgré les tentatives de certains commentateurs de rapprocher ces unions sacrées de relations sexuelles purifiées ou inspirées, il est évident que la chambre secrète n'est pas un lieu extérieur du monde visible, mais un espace intérieur.

      Même la tradition tantrique qui m'a offert la belle illustration ci-dessus (extraite du  Tarot des secrètes Dakinis de Nik Douglas et Penny Singer), n'est pas sans évoquer nettement, plus que l'union du "masculin sacré" et du "féminin sacré", celle du Bien-Aimé Divin avec sa Bien-Aimée l'Âme humaine.

     En effet, qu'est venu réparer le Christ ? Certainement pas une vision du mariage, la femme dont il est question étant l’Ève du Jardin d'Eden ; mais la séparation entre la personnalité extérieure de l'homme et sa nature spirituelle profonde.

     Et comme l'indique à la perfection cette lame de tarot, le Lieu intime où se produit la rencontre pourrait bien être ce "Joyau des Désirs du Coeur", le Chintâmani sanskrit puis bouddhiste, la pierre précieuse enfouie au plus profond de soi et que l'on a longuement ciselée puis éclaircie jusqu'à en faire l'Espace-Temple évoqué par Jean-Yves Leloup.

      Encore une fois, ici toutes les mystiques se rejoignent, puisque Attâr évoquait lui aussi ce lieu à la fin du "Cantique des Oiseaux". Ici le Roi amoureux du fils de son vizir découvre enfin que celui qu'il croyait avoir lui-même tué (par dépit) était en fait bien vivant... Certains mots sont transcrits en italique par mes soins pour souligner les points étonnants. 

 

« Le roi tomba à terre et l'enfant dans le sang,
Ô stupeur ! Mais qui peut saisir ce qu'est cela ?

Désormais, j'aurais beau parler, c'est indicible
Car personne n'a pu et ne pourra percer
La perle qui se trouve au profond des abysses...

Le roi fut libéré de la séparation,
Tous deux se retrouvèrent au pavillon intime.

Au-delà de ce point, nul ne sait les secrets
Car ici nul ne vient s'il n'est pas familier ;

(...) Qui suis-je, moi, pour dire ce qui advint alors ?
Et si je le faisais, je signerais ma mort. 

(...) Il faut donc le silence, seulement le silence... »


Cantique des Oiseaux traduit par Leili Anvar
distiques 4471 à 4489 (extraits)


    

 

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