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De quelle heure parle-t-on ?


      Depuis hier, nous avons atteint le solstice d'hiver : la période de l'année où, sous nos latitudes, les nuits sont les plus longues... Comme en été avec la nuit de la Saint-Jean, la nuit du 24 au 25 décembre marquera le moment où la tendance va commencer à s'inverser, c'est-à-dire où le soleil va lentement reprendre du temps sur la nuit.

 

Dakini-la Roue du Temps
Carte du tarot des Dakinis, de Penny Slinger et Nik Douglas

 

      C'est un moment à ne pas manquer ; alors qu'une fête païenne avait déjà lieu à cette période (les Saturnales) et que les Francs Maçons soulignent à juste titre que la Saint-Jean d'hiver est de même importance que la Saint-Jean d'été, les chrétiens ont donc décidé d'y insérer la naissance du Sauveur (alors que Jésus est certainement né au printemps, les bergers étant selon les Écritures dehors avec leurs troupeaux).

     Pourquoi ? Parce que le Christ est la Lumière du Monde et que précisément à partir du 25 décembre la lumière commence à revenir parmi nous, éclairant chaque jour quelques minutes de plus. Or on sait combien les symboles sont essentiels à l'éveil de notre Âme.

      Ainsi, au cœur de la nuit profonde (comme on aime à le chanter dans les Noëls populaires), une "étoile" a surgi ; dans la terre obscure (message des Saturnales antiques) une "graine" a germé... Le message est très puissant.

      Mais, en résonance avec la belle carte du Tarot des secrètes Dakinis reproduite ci-dessus, "la Roue du Temps" (qui avec son numéro 10 marque sa relation avec l'arcane "La Roue du Fortune" du Tarot de Marseille), je voudrais souligner le principe de "l'heure qui sonne". C'est une notion importante dans plusieurs textes d'orientation spirituelle de ma connaissance. Tout d'abord c'est un thème récurrent dans le Parsifal de Richard Wagner, dans lequel on entend par deux fois « Die Zeit ist da » puis « die Stund' ist da », littéralement « le moment est venu », et « l'heure est venue », exprimé de façon relativement solennelle : la première fois c'est le magicien diabolique Klingsor qui prononce ces mots au moment où le jeune héros arrive dans son domaine pour y être tenté ; et la deuxième fois, c'est le vieux serviteur du Graal Gurnemanz qui l'affirme au moment où Parsifal, vainqueur de la tentation et oint de sa main, entend sonner la cloche de l'abbaye et va pouvoir reprendre la charge de prêtre du Saint Graal.
      Par ailleurs, dans son vaste poème symphonique pour récitant et orchestre La journée de l'existence, Ivan Wyschnegradsky, évoquant les douleurs et les peines de l'âme traversant le monde jusqu'à émerger dans la pleine "conscience de Brahma", répète plusieurs fois : « L'heure a sonné ; encore un cercle s'est refermé ».

      Cette "heure solennelle" proclamée dans le célèbre "Minuit, Chrétiens" a donc de quoi nous alerter, et voici les réflexions qu'elle m'inspire aujourd'hui.

 

    De quelle heure parle-t-on ?

 

      Qu'est-ce que "minuit" ?

       Non seulement, c'est le milieu de la nuit et en l'occurrence le nadir de la nuit la plus profonde de l'année ; mais c'est le point de bascule entre la fin d'une journée et le début d'une autre, moment où les deux aiguilles de l'horloge, confondues en une seule, atteignent le temps zéro. L'insterstice entre deux espaces de temps, le non-moment ou non-temps par excellence !
      Un flash insaisissable qui rappelle de façon étonnante les quelques minutes de soubresauts incontrôlés secouant Alice dans ses éclairs de conscience évoqués par Chabrol dans le film dont je parlais hier sur l'autre blog...

     "Minuit" serait une sorte de "passage secret" pour l'esprit vers le monde de la Lumière ! Le lieu de l'intimité la plus profonde, là où en vérité naît l'Enfant Divin, le "fruit de nos entrailles".

      Pour terminer, je ne saurais que citer Angelus Silesius... 
      Grâce à ce site je pourrai vous en proposer plusieurs extraits, traduits par Marcel Brion.

«    Va là où tu ne peux aller, regarde là où tu ne vois pas, écoute ce qui ne retentit ni ne résonne. Tu es là où Dieu parle.

    Je suis moi-même l’éternité quand j’abandonne le temps et que je résume moi-même en Dieu, et Dieu en moi.

    Dieu est tellement au-dessus de tout ce qu’on peut dire que c’est en te taisant que tu le pries le mieux.

      L’amour est la pierre philosophale, elle sépare l’or de la boue, elle fait du néant l’Éant.

       En Dieu on ne connaît rien. Il est un unique UN. Ce qu’on connaît en lui, il faut l’être soi-même.

     Homme, deviens essentiel ; quand le monde disparaîtra, l’accident tombera, l’essence restera.

      Sois pauvre ; le Saint ne possède rien ici-bas, que ce qu’il possède contre son gré, le corps de la mortalité.

        Quand le Christ serait né mille fois à Bethléem, s’il ne naît pas en toi, tu es perdu pour l’éternité.  »

       

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