La musique peut être une source inépuisable d'enseignement, tant il y a aujourd'hui de musiciens ou compositeurs de chansons qui l'ont utilisée à cette fin.
Support parfait de la parole afin de la mettre en valeur, la musique fait connaître la poésie autant que les textes sacrés, et tandis que certains ne connaissent Jaques Prévert qu'à travers Yves Montand et le film de Marcel Carné Les Portes de la Nuit, d'autres ne croient en Dieu qu'à travers Jean-Sébastien Bach et refusent catégoriquement de franchir le seuil d'une église ou d'un temple.
C'est pourquoi je souhaite vous présenter aujourd'hui la belle méditation que l'on trouve en seconde partie de Un Requiem Allemand de Johannes Brahms.
Si la musique ne vous attire pas, le texte suffit ! Cependant sans son désir de composer une oeuvre religieuse à la mémoire de son maître Robert Schumann, puis de sa mère disparue, Brahms ne nous aurait pas offert cette sélection de textes bibliques tous plus inspirants les uns que les autres. [Vous pouvez voir ici les circonstances de cette composition].
Cette deuxième partie, la plus longue de toute l'oeuvre, se présente comme un glas sur la condition humaine, suivie d'une évocation exaltée de ce qu'offre la Foi : l'Éternité ! L'assurance de ne jamais mourir !
En voici le texte avec sa traduction (trouvés sur ce site à quelques menus détails près), à laquelle j'apporterai quelques commentaires.
Denn alles Fleisch, es ist wie Gras, Car toute chair est comme l'herbe, und alle Herrlichkeit des Menschen et toute gloire de l'homme est wie des Grases Blumen. Das Gras comme la fleur de l'herbe. L'herbe ist verdorret und die Blume abgefallen. sèche et la fleur tombe. (I PIERRE I, 24) So seid nun geduldig, lieben Prenez donc patience, mes chers Brüder, bis auf die Zukunft des frères, jusqu'à l'avènement du Herrn. Siehe, ein Ackermann wartet auf Seigneur. Voyez, un laboureur attend die köstliche Frucht der Erde und ist le précieux fruit de la terre et prend geduldig darüber, bis er empfahe den patience jusqu'à ce qu'il reçoive la Morgenregen und Abendregen. pluie du matin et la pluie du soir. (JACQUES, V, 7) Aber des Herrn Wort bleibet in Mais la parole du Seigneur demeure Ewigkeit. éternellement. (I PIERRE 1 25) Die Erlöseten des Herrn werden Ceux que le Seigneur aura rachetés wieder kommen, und gen Zion reviendront et entreront à Sion kommen mit Jauchzen. avec des chants de triomphe. Ewige Freude wird über Une joie éternelle sera sur ihrem Haupte sein : Freude und Wonne leur tête : joie et allégresse werden sich ergreifen und Schmerz und s'empareront d'eux, et douleur comme Seufzen wird weg müssen. gémissements auront disparu. (ISAÏE XXXV, 10)
Cette comparaison de tout ce qui est physique avec l'herbe m'a toujours frappée et me paraît aujourd'hui plus que pertinente. Saint-Exupéry, dans Le Petit Prince, compare bien le corps physique à "une vieille écorce" ; ainsi, celui-ci vaut-il davantage qu'un brin d'herbe, sa durée mise à part ?
À cette reconnaissance de l'éphémère de notre condition suit l'assurance que la patience et la confiance dans le "Seigneur", c'est-à-dire en cette force Toute-Puissante qui nous soutient, seront payantes : car - et c'est proclamé vigoureusement -, Sa Parole est d'une stabilité indestructible ("demeure éternellement"), et c'est donc en Elle que l'on trouve Ce Qui ne Meurt Jamais !
"Ceux que le Seigneur aura rachetés..." dit la traduction du texte allemand ; reportons-nous au texte original d'Isaïe et nous lirons : "Ceux qu'a libérés Yahvé", ce qui est sensiblement différent lorsque l'on sait que Yahvé est justement la part immortelle cachée en chacun de nous ("Je suis" , le Soi) !
Ainsi ceux qui, grâce à la Parole livrée dans les Textes Sacrés, auront trouvé en eux-mêmes la puissance immortelle cachée, ceux-là ne connaîtront plus jamais les pleurs, mais jouiront d'une joie éternelle ! Il est fait allusion à la Cité de Sion, qui est la Demeure Indestructible du Vivant Libéré, au-delà de toute perception actuelle.