Je regarde peu la télévision, mais suis habituée à allumer le poste de la cuisine en mangeant. Cela me tient au courant de l'actualité, et comme toutes choses dans la vie, m'apporte souvent des enseignements. Ce fut le cas ce soir, à ma grande surprise.
L'académicien Erik Orsenna, invité par Laurent Delahousse sur France 2, était sensé défendre la langue française et en parlait avec beaucoup de liberté, la présentant comme un être vivant en perpétuelle évolution et fait pour être aimé, fait même pour que l'on joue avec lui... C'était fort séduisant et lorsqu'il annonça qu'il allait citer Paul Valéry, j'attendais évidemment cette jolie phrase que ce dernier composa au sujet du poète Paul-Jean Toulet :
« À chaque terrible époque humaine, on a toujours vu un monsieur assis dans un coin, qui soignait son écriture et enfilait des perles... »
Mais non ! Il ne s'agissait pas d'écriture soignée. Bien au contraire. Il s'agissait d'inspiration. De cette inspiration qui, comme vous le savez, nous vient "d'ailleurs" (ou "des dieux" ?)...
La voici, très philosophique :
« Que serions-nous sans le secours de ce qui n'existe pas ? »
Alors là... Je me suis revue devant le Poisson d'or, dont la présence frivole n'était que trop concrète, et que seul pouvait justifier ce qui au-delà de lui n'existait pas ... m'obligeant à sortir du conte pour en trouver l'aboutissement.
J'ai revu ma marraine, femme intelligente et très artiste aujourd'hui disparue dont les paroles énigmatiques et pour mon goût, bien trop moqueuses, m'avaient souvent guidée sur des voies fantasques, extravagantes... pourtant aujourd'hui plus vraies que je n'aurais pu l'imaginer ! Car c'est bien une des phrases qu'elle aurait pu malicieusement prononcer devant moi, cette femme qui, décidant un beau dimanche de m'emmener visiter Rambouillet, s'écria soudain dans la voiture qu'elle m'avait choisi un surnom, et que ce serait : "Maya" ! ...Comment pouvait-elle alors savoir que c'est dans cette ville précisément que je rencontrerais plus tard mon guide en spiritualité, et que celle-ci m'enseignerait que ma prétendue existence n'est que "maya" (c'est-à-dire en sanskrit : illusion) tandis que la Réalité est en fait ce qui n'existe pas !
Aujourd'hui, il est évident que s'en tenir aux "perles à enfiler" c'est comme s'imaginer que ce corps, terminal d'une machine informatique hyper sophistiquée, est à lui seul capable de percevoir (comme de concevoir) un univers prodigieusement vaste et divers, sans prêter attention au fait qu'il y a forcément une Pensée et une Volonté à l'origine de tout cela, qui ne font pas partie de ce que nous nommons communément "l'existant" !
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12 mars 5h : je voulais reprendre cet article mais il a déjà été lu du Québec où c'était encore l'après-midi !... Pour dire ceci :
Je me suis trouvée dans des rêves étranges où je me croyais menacée par des êtres qui s'avéraient être des aveugles tirant avec des fusils à fléchettes.
Et soudain, tout est devenu blanc comme des maisons aux fenêtres bordées de bleu et j'ai entendu cette phrase :
« Juste un petit câlin dans la splendeur du contentement infini ! »
Je me suis réveillée radieuse. Pourquoi parler de "plénitude" ? De "béatitude" ? Le "contentement infini..."
Je vous l'offre.