• Villa-Lobos : le Choros 10


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        Pour faire suite à cet article, quelques mots encore de Villa-Lobos afin de le faire mieux connaître dans sa grande originalité et son génie d'orchestrateur.

        Bien qu'ayant composé pour les grandes formes classiques (des symphonies, des concertos, des sonates, des quatuors, des trios... mais toujours en prenant ses distances et en gardant sa liberté devant les structures), il s'est surtout singularisé par ses "Bachianas Brasileiras",  au nombre de neuf (comme les neuf Muses !), une forme qu'il a créée à partir des Suites de J.-S. Bach (d'où le mot "bachianas") mais en restant fidèle à l'esprit brésilien (d'où l'adjectif "brasileiras"), et par ses Choros (au nombre de quatorze ! Mais les deux derniers sont perdus), qui est une forme traditionnelle de musique de rue au Brésil (voir l'article ici).

     

        Outre la Bachianas brasileiras 5 évoquée dans l'article précédent, qui est très connue pour sa première partie, Aria (la seconde, vive et gaie, s'intitule Dança) et utilise un groupe de violoncelles - le premier instrument qu'ait pratiqué Villa-Lobos avant le piano, la clarinette et la guitare - , une autre Bachianas Brasileiras est également bien connue des violoncellistes : la première, avec son Prélude (Modinha, le second mouvement) .

     

     
       (Pour ceux qui auraient du mal avec la réception sur youtube, je ne l'ai malheureusement pas trouvé sur deezer).

       À cette occasion, je voudrais rappeler combien cette musique d'esprit encore très romantique quoique moderne dans l'harmonisation et la forme mélodique, me rappelle la célèbre "Vocalise" pour voix, ou violoncelle et piano de Rachmaninov (à écouter ici sur youtube) : en fait Villa-Lobos la connaissait certainement, car elle date de 1912 alors que la première Bachianas date de 1932.

     

       Mais c'est dans les Choros (du moins le premier) que l'on retrouve la guitare appréciée des joueurs de rue auxquels cette forme fait référence. Ce choros 1, vous le connaissez certainement ; vous le trouverez ici sur youtube, et ci-dessous avec deezer. 

     


         Après le Choros 5 pour piano, surnommé Alma Brasileira (ici sur youtube et dans la colonne de droite de ce blog avec deezer) qui date de 1926, passons au Choros 10 qui date de 1925 (donc antérieur) et associe à un orchestre flamboyant (comprenant batterie, maracas, et d'autres instruments traditionnels) des choeurs jubilatoires à la fin.

        Villa-Lobos reprend là, tout en martelant des rythmes issus du baião et de la samba, une chanson connue des brésiliens : « Rasga o Coraçao » (approximativement « Ouvre ton coeur »1), inspirée d'une mélodie écrite en 1896 par Anacleto de Medeiros mais dont le texte fut recomposé en 1912 par Catulo da Paixão Cearense (voir celui-ci sous la vidéo sur le site en cliquant sur "plus"). Une véritable splendeur, dont je vous propose l'écoute dans une interprétation fabuleuse sur Youtube. Parmi plusieurs trouvées, celle-là vaut vraiment d'être vue en vidéo, à la fois pour apprécier tous les instruments filmés, et pour découvrir la vitalité extraordinaire qui s'en dégage, les exécutants allant jusqu'à danser en jouant ou en chantant... qui plus est, le concert est donné dans une gare, à São Paulo, pour le Nouvel An ! 2
     

     
      On trouve aussi le choros 10 sur deezer, mais entier : il dure une quinzaine de minutes. 

    (L'interprétation sur deezer ne vaut pas celle en vidéo, mais on y entend mieux certaines choses, particulièrement la note suraiguë sur laquelle terminent les sopranes : un contre-ut dièze !)

     

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    La Baie de Rio, en accord avec le texte du poème chanté dans le Choros 10

     

    1 Littéralement la chanson semble dire :

    Si tu veux voir l'immensité du ciel et de la mer

    Qui réfléchit les éclats de la lumière du soleil

    Déchire (le voile qui recouvre) ton cœur ...

    J'en profite pour exprimer mes remerciements à Marie-Claude F. (peut-être ne souhaite-t-elle pas que son nom soit publié ?) pour son aide précieuse. Née en Amérique du Sud elle a vécu de longues années au Brésil et parle couramment le portugais.

    2 Je viens d'apprendre de Marie-Claude F. que la salle São Paulo est bien une salle de concert installée dans l'ancienne gare da Luz (São Paulo), et qu'elle est le siège de l'Orchestre Symphonique de São Paulo. 

     

     
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  • Commentaires

    1
    Lundi 16 Janvier 2012 à 12:00
    Magnifique musique très riche, mais dont je ne connais pas du tout le compositeur. Merci de me l'avoir fait découvrir. C'est fabuleux! Bonne soirée!
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