• Un jeune prodige

     
        C'est en consultant le site de Jean-Pierre que j'ai découvert avec stupéfaction un enfant de 11 ans jouant, avec orchestre, un concerto pour violoncelle que je n'avais entendu jusque là exécuté que par de grands virtuoses (Mstislav Rostropovitch, Christine Walevska...). Malgré les coupures pratiquées dans la partition sans doute par son professeur, avec quelle maîtrise, avec quelle maturité domine-t-il cette oeuvre ! Et, qui plus est, quelles sonorités réussit-il à tirer d'un petit violoncelle qui, semble-t-il, n'est encore qu'un instrument trois quarts, adapté à sa petite taille ! 
     
     


    Oliver Aldort jouant un prélude façon Bach.


        Mais où ma stupéfaction est à son comble, c'est lorsque je découvre qu'il est tout aussi performant au piano !!! 
     

     Oliver Aldort dans le concerto n°20 pour piano et orchestre de Mozart  
     

        Moi qui avais tant entendu dire, par des personnes très autorisées, que "l'on ne pouvait pas pratiquer correctement à la fois le piano et le violoncelle, les deux instruments étant antithétiques", je suis obligée de constater que, lorsque l'on commence très jeune et que l'on se donne à fond, tout est possible.
       
        En effet, les techniques de ces deux instruments demandent aux mains des efforts totalement opposés, et je dois avouer, pour les avoir pratiqués moi-même, qu'il peut en résulter une véritable torture pour les mains. Autant le piano exige des doigts musclés au niveau des articulations, une grande souplesse des paumes en ce qui concerne l'écart en largeur, une grande indépendance de tous les doigts, et de plus une mémorisation qui m'a toujours posé problème de la position spatiale du clavier devant soi ; autant le violoncelle, presque à l'inverse, exige une fermeté fixe de l'une des mains (la droite) sur l'archet, et une pression extrême des doigts de l'autre main (la gauche) sur les cordes, créant des courbatures dans l'épaule et des durillons sous les doigts concernés, avec des écartements parfois pénibles entre les doigts, et un instrument que l'on serre sur soi, qui vibre presque en soi... à condition que l'on réussisse à exercer la pression voulue avec l'archet, ce qui n'est pas évident du tout.

        En fait, des violoncellistes d'abord pianistes, j'en ai connu, il est vrai. Il est même très possible que beaucoup de nos grands concertistes aient débuté la musique avec le piano, comme ce gamin radieux qui semble si heureux de ce qu'il fait.

        Comme le disait
    Hélène Grimaud dans son livre "Variations Sauvages", la musique ne peut être qu'une passion - même pour un enfant. Le temps des enfants poussés, comme Mozart le fut, par des parents trop sévères, est révolu. La contrainte ne mène qu'à la révolte, et Mozart lui-même n'échappa pas à cette règle : il ne resta pas interprète mais s'affirma compositeur, et qui plus est, révolutionnaire dans sa composition.
        Si Oliver Aldort met tant de personnalité et de fermeté, du haut de ses onze, puis douze, puis enfin treize ans (et voyez, dans les vidéos de 13 ans, son bonheur et sa fierté à jouer sur un magnifique violoncelle neuf de taille adulte !), c'est que tout son être la réclame, cette musique, c'est qu'il la ressent au plus profond de lui-même.

        En débutant très jeune, les mains, les bras, le corps tout entier se développent en même temps que l'exercice imposé par la pratique musicale, et donc la nature se modèle d'elle-même aux difficultés rencontrées. Ainsi à l'âge adulte l'adaptation aux deux instruments sera parfaite...


        Notes - Si l'on lit attentivement les réponses aux commentaires formulées sous la vidéo dans Youtube, on découvre :
    - qu'en fait son instrument n'est pas un trois quarts comme je le croyais, mais un demi violoncelle ! ("what kind of cello does he play?""It is a half cello from Germany, maybe 80 years old, unknown maker. It is awarded to him as a loan by the Carlsen Foundation and he will keep recieving the next size up as he grows.")
    - qu'il a commencé les deux instruments à l'âge de 6 ans et donnait ses premiers concerts à l'âge de 10 ans, à Seattle.

           
     
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  • Commentaires

    1
    Samedi 6 Octobre 2007 à 12:00
    je crois surtout que l'on a développé chez cet enfant qui est un génie en herbe et un prodigieux interprête, un grand amour de son corps. c'est du moins ce sur quoi travaillent en aprticulier els écoles japonaises d'enseignement du violon, une approche de relaxation, de plaisir dans des postures il est vrai très contraignantes. Il suffit de voir Nigels kennedy jouer pour voir que cela ne lui pose aucun souci et qu'il n'aura jamais besoin d'aller consulter le kiné ;o)beau on article ma belle!
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