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Socrate ou la grandeur de l'Homme, selon Jeanne Hersch
Aujourd'hui j'ai rencontré une philosophe que je ne connaissais pas.
Mais il est vrai qu'en philosophie je ne connais pas grand chose.
Cependant, parmi les philosophes il y a ceux qui parlent obscur et ceux qui parlent clair. Et il y a ceux qui compliquent et ceux qui simplifient. Il y a ceux qui choquent et vous bloquent, et ceux qui déverrouillent au contraire et vous ouvrent des horizons.
Cette femme, Jeanne Hersch, née en 1910 en Suisse de parents juifs polonais et décédée en 2000 à l'âge de 90 ans, possédait cette sagesse qui illumine.
Et peut-être tenait-elle cela du sujet qu'elle abordait alors : Socrate ? En effet, dans sa manière de s'exprimer elle me rappelait la grande helléniste que j'ai eu la chance de rencontrer à la Sorbonne, Jacqueline de Romilly, et il est certain que la pensée grecque est porteuse de ce souffle puissant qui anime et structure, et fait de ceux qui l'expriment de véritables "masques de tragédie", des êtres posés, enracinés, à la voix haute et sûre.
Si vous avez 20 minutes devant vous, écoutez je vous en prie quelles étonnantes lumières (elle qui a écrit "L'étonnement philosophique" !) elle apporte à la pensée de Socrate, qui certes n'a jamais écrit mais a inspiré ô combien, tant par ses propos que par son comportement - à l'instar d'un Jésus.
Elle y explique le "connais-toi toi-même", qui pour elle est la clef de la profonde liberté qui définit l'Humain : par le dépouillement total de ce qu'il n'est pas et le retour à la racine même de sa conscience.
Elle y explique encore l'adage "tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien", en référence à ce point racine de la conscience où tout est liberté totale, tandis que les pseudo "savoirs" ne sont jamais que des "contenus", dit-elle, des "points de doctrine"... des éléments surajoutés que l'on doit assure-t-elle rejeter en marge car n'appartenant pas à ce que nous sommes.
Elle montre aussi pourquoi Socrate, quoique pouvant fuir Athènes pour éviter la mort qui lui était imposée, préférait la choisir pour affirmer sa liberté en mettant sa vie en conformité parfaite avec ses idées : en effet, pourquoi l'accusait-on de "corrompre la jeunesse" ? Uniquement parce qu'il offrait aux jeunes une alternative à la soumission pure et simple aux idées reçues et répandues par le pouvoir.
Mais conclut-elle :« Vivre jusqu'à la racine la condition d'être conscient, c'est nécessairement prendre position pour ou contre - mais le plus souvent contre - la condition de vivre une vie humaine ... C'est pour cela qu'il a dû mourir... »
(15')Il y a encore tant de choses dans cet interview ! Sur la Parole, par exemple : pourquoi y a-t-il tant de "bouquins" dans les bibliothèques ? dit-elle encore... Parce que les mots ne sont jamais qu'une "ébauche", une approche de la Vérité - qui, quant à Elle, reste à jamais informulable...
Mais la voici, dans un enregistrement mis sur youtube assez récemment et dont j'ignore la date d'origine.
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Commentaires
je ne connaissais pas cette femme - et je reviendrai écouter ; en ce moment je lis J.Yves LELOUP - un obscur et lumineux silence (pour moi le langage est un peu difficile - mais il y a au dela des mots ..). J'écoute Messiaen et si certains morceaux me touchent - d'autres plus difficiles à l'écoute. Mais c'est aussi adapter son oreille à d'autres façons de faire de la musique.
J'ai bien lu ton message - il est douloureux de voir un proche pris par ces maladies psychiques et pas toujours facile, de les aider. Bises
- Coucou Renée, merci de ton passage !
- Durgalola : oui, attention avec Messiaen il a produit beaucoup d'oeuvres obscures et compliquées à l'époque de sa maturité, où il enseignait au Conservatoire et se laissait entraîner par les modes avec ses jeunes élèves. Il faut privilégier les oeuvres de jeunesse et de vieillesse - généralement celles en relation avec la spiritualité.
Pour Jean-Yves Leloup, riche lecture qui ne peut apporter que bénéfice !
Oui, aider les personnes en difficulté psychologique est très délicat. Cependant lorsqu'il y a addiction on peut cesser de jouer les "compréhensifs" et fixer une limite infranchissable (à condition évidemment que l'occasion s'en présente, mais pour moi elle s'est présentée) : "tu te soignes, point. Sinon, terminé." Cela a porté ses fruits !!
Bonjour ! J'ai un livre d'elle que j'ai lu il y a longtemps longtemps. Vous avez raison : c'est une grande philosophe.
Bon week end.
Quel livre avez-vous ? J'aurais aimé lire "l'étonnement philosophique"... Oui, je me laisse emporter par l'enthousiasme, mais finalement je crois que ce dont on a le plus besoin, c'est de "sagesse", et de cette sagesse qui vient de l'âge ; profondeur de la réflexion, plus âge, donnent une conscience calme et posée.
Merci, Aloysia. Je ne connaissais pas cette philosophe( il est vrai que ma culture est bien mince !). Tout ce qu'elle dit résonne en moi. On découvre toujours des êtres intéressants et c'est très rassurant.
Les vrais philosophes doivent être compris de tous et ne pas voiler leur pensée pour en dissimuler la maigreur. Merci pour cette découverte philosophique.
J'ai pris le temps d'écouter cette femme admirable et son développement de sa vision de Socrate. Merci de ce partage
Bisous
J'ai écouter cette femme qui parle de Socrate .j'aime bien son point de vu sur ce grand philosophe grecque .Sa devait être une grande femme même si je ne l'a connais pas .Pour ce qui est des philosophe en générale tu as raison , cette article est très intéressant . Bonne soirée amicalement louloullou.
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Bonjour Aloysia, elle est formidable cette femme qui évoque Socrate. Oui notre liberté est le moment présent, pas avant et pas après.
Elle a raison mais cela ne m'empêche pas de penser avec plaisir à notre rencontre prochaine ! Bises et bonne soirée