• Renée Vivien


     
        Connaissez-vous Renée Vivien ? Je l'ai découverte grâce à un cadeau, vers 18 ans : une personne qui connaissait mon goût pour la poésie m'offrit une anthologie de poésie exceptionnelle, en 5 volumes reliés, uniquement sur la poésie "contemporaine" (depuis 1870 environ), avec une petite note biographique pour chaque auteur cité... C'est ainsi que je découvris aussi Sabine Sicaud, morte à 16 ans, dont je vous parlerai peut-être un jour...

         Mais pour Renée, son véritable nom était "Pauline Tarn". Quel joli nom, Pauline ; et comme le mot "Tarn" m'évoquait le flot rapide d'une vie foisonnante ! Cependant, à l'instar de George Sand, elle décida de changer de nom pour entrer en littérature, et surtout, de renier sa famille, qui était à vrai dire anglaise. Oui ! Pauline était née à Londres, en 1877, et faisait partie de cette grande bourgeoisie des beaux quartiers parisiens, où ses parents s'étaient installés dès 1878.

         Malgré son amour indéfectible de la langue française et son talent subtil pour l'utiliser en ses vers, elle ne se départit jamais de son délicieux accent  britannique, dans cette façon nonchalante qu'elle avait de s'exprimer en privé, comme en témoigne l'écrivain Colette qui la connut très bien (dans "le Pur et l'Impur") :

         - "Mon pethit Coletthe, que cette vie est déghoutthanthe !"

         Mais oui, Pauline était très dépressive, et malgré son visage angélique et ses multiples dons, elle mourut dès 1909 d'excès d'alcool et de drogues en tous genres... Sa poésie s'en fait l'écho, dans des accents parfois baudelairiens, mais surtout d'inspiration grecque. C'est la première, je crois, je ne dirais pas "femme" car c'est dans l'absolu, à avoir exhumé Sappho dans sa totalité, pour la traduire en vers français - et dans la foulée, d'autres poétesses grecques de la même époque : la grande époque du lyrisme éolien dans la Mytilène du VIIe siècle avant notre ère.

         Dans ce grand élan vers l'antiquité qui jaillit parmi les cercles littéraires de la Belle Epoque, elle épousa si pleinement la nature élégiaque de Sappho - dont le génie avait traversé les siècles, marquant successivement Catulle le latin, Ronsard notre grand poète, et Racine notre maître ès passions tragiques - qu'elle s'acheta une villa sur l'ïle de Lesbos, et allait s'y ressourcer avec quelques amies.

         Dans une autobiographie intitulée "Souvenirs indiscrets", Nathalie Clifford Barney parle longuement de Renée Vivien. Née en Amérique à la même époque que Renée, cette fière amazone avait un caractère tout opposé : excellente cavalière, elle possédait aussi un solide amour de la vie. Et dès qu'elle rencontra Renée, dont on lui avait vanté les talents de poète, elle fut émue de sa fragilité et de sa mélancolie profonde. Renée, il faut le dire, avait perdu son père très jeune, et souffrait beaucoup du caractère superficiel de sa mère. Aussitôt, elle fut marquée par la force intérieure de Nathalie, qui se promit de l'aider à lutter contre son goût pour le suicide.

     

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 29 Mars 2006 à 12:00
    Quelle magnifique découverte que ce blog !!! Je suis surprise d'y trouver des portraits aussi riches et si bien illustrés de Sappho et de Vivien, formidable travail, vraiment... J'avoue que je jalouse un peu cette anthologie en cinq volumes, les éditions de la poésie de Renée Vivien sont si difficiles à trouver aujourd'hui. ;-) J'ai pris beaucoup de plaisir à parcourir ce site et j'y reviendrai régulièrement, merci et bonne continuation à vous ! :-)
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