• Apollôn, île de Naxos : la grève par grosse mer


     

    Cette nuit la mer a grondé sans relâche,

    Roulé et brassé ses galets comme une lionne sa proie ;

    Par bonds féroces elle a cent fois heurté la côte,

    Pour s'épanouir en gerbes d'écume salée,

    Toujours plus haut, toujours plus loin.

    Le vent soufflait et les barques dansaient,

    Fermement amarrées à la digue ;

    Cependant nous dormions,

    Bercés par la clameur profonde

    Du ressac mugissant,

    A l'abri des arbustes

    Sous un talus de pierres...

     

    Ce matin elle gronde et explose encore,

    Et les galets scintillent

    Sous ses griffes luisantes.

    Lorsque je suis allée vers elle,

    Elle m'a tirée si violemment,

    Puis rejetée d'un flot brutal,

    Qu'on eût dit un cheval rétif

    Désarçonnant son cavalier.

    Roulée à terre, battue des vagues,

    Je dus m'écarter promptement...

    Mais qu'importait ! J'entrai ailleurs

    Et, calculant l'assaut des vagues,

    Je plongeai tout à coup et traversai la barre.

                                                  

    Je ressurgis enfin au sein d'une eau troublée,

    Mouvante et animée,

    Pressante, comme vivante...

    Progressant vigoureusement,

    Je me sentis portée comme un bouchon léger,

    Ballottée, haut et bas, par les houles énormes,

    Enserrée par l'écume,

    Inondée de fraîches coulées ;
    Et soudain je parvins dans des flots plus tranquilles,

    Plus profonds et plus bleus,

    Où je pus m'arrêter...

     

    O cœur immense de la terre !

    Je m'étais redressée au centre de la baie,

    Et là je respirais,

    Paisible entre les bras de l'eau,

    Dans un décor sublime :

    Autour de moi

    Un gigantesque cirque de montagnes

    Étincelait dans le soleil levant...

     

    Apollôn, île de Naxos : même grève en sens opposé

     

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     1 - Prélude


    Sous le scintillement diffus des projecteurs,
    Les instruments au loin resplendissent dans l'ombre...
    Le piano ténébreux comme un miroir obscur
    Ressemble à un félin faiblement assoupi ;
    Près de lui est couché l'élégant violoncelle,
    La nuque renversée comme un enfant rêveur...

     

    2 - Sonate


    Le piano gronde
    Au fond d'un gouffre de splendeur,
    Tandis que monte, intermittente,
    La plainte âpre du violoncelle...
    Puis c'est un lac profond à nos regards noyés,
    Sur lequel vient glisser en volutes d'espace
    Le chant sonore et grave d'un adolescent...
    Par questions et réponses, ils luttent un instant,
    Puis s'estompent en mourant, comme repris par l'ombre.
    Leurs voix s'enlacent encore
    Au-dessus de nos têtes,
    Flamboyant caducée
    Au ciel imaginaire...

     

    3 - Postlude


    Le rêve chaud vibre dans l'air,
    Comme une chevelure ondulante et soyeuse
    Jetant à profusion
    Ses flammèches fluides...
    La vision arrêtée
    Fige les cœurs en suspension,
    Le souffle sur les lèvres,
    L'âme prête à jaillir...
    Mais le torrent subit des applaudissements
    Brise soudain l'extase
    De cette nuit d'été.

     


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       A partir d'aujourd'hui, chers amis lecteurs, c'est à votre tour d'inscrire des poèmes, au moyen de la rubrique "commentaires" !

         Une idée, une image, une sensation, une musique, un rythme, une sonorité...  tout ce qui est de l'ordre du "ressenti" peut être le point de départ d'un texte, libre ou non, rimé ou non, gai ou triste, court ou plus long, peu importe ! Il suffit de tenter de créer des images pour l'esprit, ou des sonorités pour l'oreille ( la poésie est musique, comme le disait Orphée)... Parfois, même le "hasard" est le meilleur des maîtres.

     

         


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    A Florence Aubenas, qui vient d'être libérée.

     


    Florence,
    Ton sourire est le soleil
    De l’été retrouvé.
    Jaillie de ton hiver,
    De l’infinie noirceur du monde,
    Des profondeurs d’une terre égarée,

    Tu portes la clarté
    D’un regard ébloui,
    D’un enfant qui paraît…
    Limpide et transparente
    Comme l’Aube  qui Naît,
    Comme la Fleur d’été,
    Comme l’art florissant,

    Tu es la Renaissance.
     

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    Dieu des oiseaux,
    Dieu des mouettes,
    Sauvez la mer !
    Sauvez la brise
    Et le ressac
    Sauvez les vents
    Et les embruns !

    Dieu cormoran
    Dieu goéland,
    Sauvez les vagues !
    Sauvez les fonds
    Et les poissons,
    Sauvez les algues
    Et les tourteaux !

    Dieu albatros,
    Dieu des crieurs,
    Sauvez les flots !
    Sauvez les crabes,
    Les bigorneaux,
    Sauvez la grève
    Et sa falaise …!
      
     

     

     

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