•  

     

    Baptême

     

     

    J’ai passé les rideaux translucides des sources,
    J’ai écarté les pans obliques des cascades,
    Et j’ai porté mon ciel jusqu’à l’humble fontaine
    Glissant comme une ondée du coquillage blond.

    Une nymphe y dormait sur un lit de feuillages :
    Son sourire égaré en était le trésor,
    Ses cheveux reflétaient l’écume des rivages...
    Dans sa main étoilée sommeillait l’oiseau d’or.

    J’ai posé mon offrande entre ses émeraudes
    Et rafraîchi mon front à sa rosée d’avril.
    L’averse scintillait… Etais-je vive ou morte ?
    Je rêvais à genoux la naissance du monde.

     

    Extrait du "Rossignol d'Argent"
    © Les éditions Saint-Germain-des-Prés

     


    1 commentaire
  •  

    Les Dieux Perdus
    (Steve Roach  : Suspended Memories, Forgotten Gods
    - Hearts of Space, 1993)

     

    Dans la pénombre dorment les dieux
    Accrochés aux parois des grottes secrètes
    Ferme les yeux
    Tu entendras leur souffle
    Ferme les yeux
    Tu percevras leurs voix
    Distinctes dans la nuit
    "Nous sommes là
    Nous semblons dormir mais nous veillons
    Nous t'entendons
    Nous te voyons
    N'aie peur de rien
    Tout est silence et tout est nuit
    Nulle part n'est ailleurs
    Partout est ici
    La Mort est la Vie
    Et la Vie est Mort
    Poursuis ta route
    De gouffre en cime
    Et de cime en gouffre
    Lumière et Nuit
    Enfer ou Joie
    Tout est semblable
    Poursuis ta route
    Et tu seras un jour
    Semblable à nous
    Un dessin sur le mur
    De la caverne..."


     


    F
    orgotten Gods, début de la plage 6

     

     

     

     

    1 commentaire

  • Planète



    Un instant d’inconnu
    Et mon rêve se brise

    Un instant d’épouvante
    Et le temps s’évanouit

    Et je renais de l’eau
    Qui s’évapore

    O blanche retombée
    Du soleil inversé
    Riante gelée

    Je me regarde au loin
    Mourir dans le soleil


    Aux quatre coins de l’horizon
    Sont mes membres écartelés
    Je suis l’axe du monde

    Du centre de moi-même
    Jaillit la gerbe étincelante
    La blonde chevelure des années

    Qu’un ange te délivre
    O toi prisonnière
    Des filets invisibles des saisons !
    Rivière chaude qui pas à pas
    Descends vers les nuées
    Du sommeil…


    O mon immense espace que je crée
    O ma tendre lumière
    Qui coules de mes mains ouvertes

    Et toi qui me déchires
    Toi mon astre éclatant
    Qui couronnes le ciel

    Voici le lendemain de ton sourire !
     
     

    1 commentaire
  •  
     
    (Dessin de Martine Maillard)
     

    Vois ce grand cheval bleu qui d'un sabot rageur
    A frappé la boue du chemin :
    D'un coup d'aile puissant il fuit vers la lumière
    Et va se confondre à l'azur.

    O toi que j'adore, avec toi je veux franchir les nues !
    Emporte-moi vers ton soleil !

    Je me ferai toute petite, mais tu auras besoin de moi.
    Je serai le tremplin d'où tu t'envoleras,
    Je serai le songe qui glissera la nuit sur tes paupières,
    Je serai le sable que tu fouleras,
    Je serai le vent qui fera voler ta chevelure dorée,
    Je serai la mélodie qui brillera sur ton front,
    Je serai la plume avec laquelle tu écriras,
    Je serai le baiser que tu répandras sur le monde,
    Je serai l'arbre où scintilleront tes étoiles,
    Je serai la rose dont tu éparpilleras les pétales,
    Je serai le voile que tu déchireras,
    Je serai le parfum de ton souffle vainqueur,
    Je serai les larmes que tu pleureras,
    Je serai la couronne de ton astre radieux,
    Je serai l'ombre fraîche où tu reposeras,
    Je serai l'étincelle dans la nuit de tes yeux
    Et le frémissement de ton limpide azur.

    Emporte-moi vers ton soleil !

    Poème de jeunesse, écrit à Fontainebleau en juin 1967
     

    1 commentaire
  •  

    Château de Fougères
    Le château de Fougères

     
     

    C’était dans un château qui n’avait plus de toit
    Un très vieux château fort qui m’était sympathique
    Il était haut perché on marchait à l’étroit
    On longeait des ravins d’une hauteur tragique

    Les soleil était chaud le ciel était serein
    Le paysage au loin était bleu et tranquille
    J’aimais le fier donjon pour son air souverain
    Des églises sans nombre émergeaient de la ville

    Le guide m’ennuyait il faisait l’important
    J’eus voulu être libre et je suivais derrière
    Nous n’avions rien pu voir de très intéressant
    Au sommet du donjon j’arrivai la dernière

    La vue était si belle et si grand le soleil
    J’étais tout près du ciel qui me lançait des flammes
    J’étais tout au sommet du fort de son orgueil
    Mes cheveux rayonnaient la clarté de mon âme

    Je me suis avancée et j’ai sauté au ciel
    J’ai bondi en avant au-dessus de la terre
    J’ai crié Olivier et ce fut éternel
    Je volais je tombais tombais dans la lumière

    Je tombai très longtemps c’était délicieux
    Je volais dans les airs j’étais une colombe
    Mon être était léger il aspirait aux cieux
    Je m’abattais au sol comme un oiseau qui tombe

    Ce fut un choc brutal et puis la nuit soudain
    ----------------------------------------------------------
    J’étais là au milieu des ténèbres profondes
    J’étais toute légère et j’en cherchais la fin
    Tout était silencieux désert étrange monde

    Et tout à coup je vis les étoiles au ciel
    Elle venaient à moi elles m’éblouissaient
    Et la nuit s’embrasa d’un feu surnaturel
    Tout le ciel s’enflamma les étoiles passaient

    Ce fut épouvantable et ce fut délicieux
    Ce fut un tourbillon de chaleur de lumière
    Ce fut un grand frisson qui agita les cieux
    Une flamme brûlante et un bruit de tonnerre

    Quand je rouvris les yeux que cela fut passé
    Tout était devenu une lumière immense
    Le monde de la nuit avait été chassé
    L’univers était plein d’une chaude présence

    Tout mon être goûtait une étrange douceur
    Je m’abandonnais à une ivresse légère
    Comme si j’avais là touché au vrai bonheur
    Que depuis si longtemps je cherchais sur la terre

    Je flottais je nageais dans une mer de feu
    Des vagues de tendresse étouffaient ma poitrine
    Mon esprit oublia que j’étais peu si peu
    Et de ces voluptés je cherchai l’origine

    Le Tout qui m’avait prise était donc un grand roi
    Puisque malgré ce rapt il me rendait heureuse
    Il devait habiter depuis longtemps en moi
    Car j’aspirais à lui j’en étais amoureuse

    Je creusai mon esprit plus avant pour savoir
    Qui possédait mon cœur autrefois sur la terre
    Et le mot éternel jaillit d’un grand trou noir
    Olivier Olivier Olivier ma lumière


    C’est pourquoi mes désirs s’étaient soudain calmés
    C’est pourquoi j’éprouvais ici un tel bien-être
    De douces voluptés m’endormaient à jamais
    J’étais retournée au sein du soleil mon maître

     
    (Caen, 29 août 1966)
     
     
     
     

    2 commentaires