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Par Aloysia* le 29 Octobre 2007 à 12:00Ce poème, tiré du recueil "Le Passage" (édité dans "Renaître"), est composé à la façon des Chœurs du théâtre antique, sur une forme en trois parties : la strophe, l'antistrophe, et l'épode - les deux premières se répondant, la troisième concluant.
Les "Choeurs", dans le théâtre grec, intervenaient pour ponctuer l'action tragique d'épisodes méditatifs, sous forme de poèmes assez longs (plus longs que celui-ci, les séquences se répétant plusieurs fois) ; ils étaient chantés et dansés sous forme d'évolutions lentes sur la scène, et commentaient la situation ou les sentiments des personnages.
Lorsque j'ai écrit ce texte, j'étais plongée dans l'étude de la prosodie et de la musique des passages chantés du théâtre d'Euripide, et forcément, il en est resté quelque chose... Mais son contenu, par contre, n'a pas de rapport direct avec cette lecture. Il rappelle plutôt le Petrouchka de Stravinski, dont je vous livre un extrait ci-dessous.
Le jour de ton départ
J'aurai presque oublié
Avec quelques étoiles
Avec quelques sanglots
Le soleil déchiré sera le rideau rouge
De mon théâtre ouvert
Je serai le Pierrot
Désarticulé sur la scène
Et par les bois lointains dont tu hantes les ombres
Passera comme la mort
Un grand oiseau d'automne
O chante avec la nuit
Toi dont le souffle est semblable au reflux
Des immenses marées
*
Lorsque tu t'en iras
Avec tes traînées d'astres
Le cœur s'arrêtera de battre au firmament
Les ondes répandues sècheront au soleil
Les bois se figeront à la glace d'hiver
Et je serai ce cri
Inarticulé sur la scène
Et par les soirs lointains où tu m'étais promise
Le désert sans limite
S'étendra comme un voile
O chante pour ma nef
Toi dont le souffle est le seul qui m'anime
Au théâtre bouffon
De la mer insensible
*
La plus brillante étoile
Aussitôt née s'éteint
Le bateau fait naufrage
Le pantin agonise
Le théâtre s'écroule
Et il ne reste plus qu'une fumée bleuâtre
Toi qui t'enfuis bien loin
Vers le ciel des vivants
Et moi je suis Pierrot
Qui ne respire plus
Sur la scène inventée
Petrouchka, ballet d'Igor Stravinski
extrait du second tableau
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Par Aloysia* le 20 Janvier 2008 à 12:00
Journées
Multiples facettes de ma vie
kaléidoscopique
Palettes métalliques où le soleil se joue
par éclairs successifs
Journées comme des oies de cirque
marchant de leur pas consulaire
à l’abattoir
Têtes royales tranchées
l’une après l’autre
Journées
Mes tranches de fromage
Où je me taille ici ou là un petit trou
pour oublier un peu
l’horreur du jeu
Journées pâles comme des jeunes filles
Flexibles comme des roseaux verts
exagérément étirées
Journées compactes comme de grands rochers
marquant ma route par jalons
de leur grondement de tonnerre
Journées étalées sur ma chaussée de ciment
Sur vous je joue à la marelle
à cloche-pied à contre-cœur
D’un mouvement toujours avant
toujours précaire
Sans espoir de retour
Sans espoir de repos
Terre où t’ai-je laissée
Mais où est donc le Ciel
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Par Aloysia* le 5 Mars 2008 à 12:00Pour faire suite à l'article "Mélancolie d'école", voici un poème issu de ma propre cancrerie... Ecrit en 1977. Si le "Cancre" de Prévert était un cancre joyeux (parce que encore jeune et non condamné par la société comme c'est le cas aujourd'hui), ce poème traduit le malaise bien réel né d'une situation d'échec, tel que le dénonce Pennac.
Tourne la ronde
Passe le temps
Je fais des entrechats
(Pas très gracieux)
Le ciel me tombe sur la tête
Que voulez-vous
J’étais trop bête*
Tourne la ronde
Passe le temps
Je m’applique à marcher
(Très gauchement)
Le ciel me fait un croc-en-jambe
Que voulez-vous
C’était tentant*
Tourne la ronde
Passe le temps
J’essaie de m’immiscer
(Timidement)
Le ciel me chasse avec mépris
Que voulez-vous
Question de place*
Tourne la ronde
Passe le temps
Je m’assieds sous un arbre
(Dissimulée)
Et regarde danser les autres
Que voulez-vous
C’est plus facile
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Par Aloysia* le 29 Juin 2008 à 12:00Dans mon jardin un arbre est tombé.
Pour moi c'est comme si j'avais perdu un être cher.
Et cela m'a rappelé ce poème, écrit autrefois lorsque j'essayais de comprendre l'origine de mon sentiment d'insécurité.
À quoi bon chercher à comprendre ?... Je n'ai plus en tête que la chanson de Brassens :"Auprès de mon arbre je vivais heureux ;
J'aurais jamais dû m'éloigner de mon arbre".Mais là c'est pire : il n'y en a plus !!!
Image tirée du site Ephphata
Donne-moi ta petite main blanche
Où s'enchevêtrent des tiges fleuries de volubilis
Souris de ta petite bouche fine
Qu'égayent des corolles de liserons blancs
Penche ta chevelure précieuse
Entremêlée de glycine folletteTu n'es qu'une fleur
O petite bien-aimée
Vers laquelle je me penche pour te respirer
De ta robe violette
S'exhale le parfum des gentianes
Et de ton buste blanc
Je ne vois que la forme en lysSi je souffle vers toi
Pencheras-tu rêveusement sur le côté
Comme au souffle du vent
La fleur de mon jardin
Et si j'attends le soir
Fermeras-tu ta corolle aux rosées de la nuit
Et quand viendra le temps
Tomberas-tu flétrie en poussière à mes pieds
O grâce sois encore
Devant moi gigantesque
Comme le mur de mon jardin
Le paradis c’est tout petit
Sinon où suis-je qui suis-je que devenir
Il n’y a plus de paradis
Voilà ce qui arrive, quand on oublie ses amis...
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Par Aloysia* le 14 Décembre 2008 à 12:00Autre poème sur la séparation, écrit à la même époque que le précédent, et publié également dans le recueil "le Rossignol d'Argent" ( © éditions Saint-Germain-des-Prés, Paris 1974).
Mon tombeau, c'est la nuit,
Cette obscurité trouble
Où rien ne se dessine
Que la mort...
...Mais un parfum surgit...
Une harmonie enfuie,
Ou bien... un regard bleu,
Un sourire ?
Quel est-il, d'où vient-il ?
(Peut-être qu'autrefois,
Dans une vie perdue,
Je l'aimais ?)
Mon tombeau, c'est le vent,
Cette affreuse tempête ;
Et peut-être la mer
Si glacée...
L'insoutenable absence
De mon soleil de paille,
De mon ciel d'hirondelle
Invisible !...
...Mais quel dieu intervient ?
Quel souffle du Levant
M'apporte ses aurores
Dans la nuit ?
Un souvenir peut-être...
Une chanson perdue...
Le cristal des feuillages
Dans les bois ?
(Peut-être la forêt
Agonisait aussi ;
Mais le Soleil pour moi
Respirait !)
L'absence se dessine
En filigranes d'or
Sous l'épaisse toison
D'araignée...
Tombeau des mille morts,
Et des lunes d'automne
Qu'emportent mes sanglots,
Ouvre-toi !!!
...Un chant s'y éparpille,
Une fleur s'y prosterne,
Les nuages ont fui :
Tu es là...
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