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Par Aloysia* le 18 Février 2006 à 12:00
Barques en Bretagne (photo du net)
Je partirai sans voir que les barques chavirent
Le Jour accomplira son rite ensorceleur
Et j'ensanglanterai l'espace épouvanté
Pour avoir dessiné cet écran diabolique
Rentrons à la maison il est tard, le soir tombe
Et la fraîcheur saisit les arbres et les champs
Que le voile retombe à nos fronts fatigués
Et que dans cet oubli infini nous vivions
Que nous vivions enfin notre Vie de toujoursExtrait de Le Passage, publié dans Renaître
© Editions Stellamaris, 2e trimestre 2011.
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Par Aloysia* le 18 Mars 2006 à 12:00Chute d'Icare
(image aménagée d'après un tableau de Jacob Peter Gowi, 17e siècle
visible au Musée du Prado à Madrid, voir ici l'original)Je suis monté trop haut
J’ai déployé mes ailes
J’ai fixé le soleil
Je cherchais la lumière
J’y voyais mon salut
Je cherchais l’évasion
Je croyais en l’espace
Je pensais respirer
Dans la haute atmosphère
Plus largement qu’ici
Je m’y suis consumé
Mes ailes ont fondu
Mon cœur s’est embrasé
Il n’en reste plus rien
J’ai brûlé au soleil
Comme un pauvre fétu
Et maintenant je gis
Au profond de la nuit
Rampant et démuni
Aveugle et solitaire
Prenez garde au destin
Qui vous hisse au plus haut
Pour bientôt vous lâcher
Plus bas qu’auparavant
C’est chevaucher le tigre
C’est naviguer en mer
Car plus la vague monte
Et plus le creux s’enfonce
Et lorsque vous gagnez
Vous êtes dévoré
Lamentations pour Icare par Draper
(Tate Britain de Londres)
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Par Aloysia* le 5 Avril 2006 à 12:00En ces temps de violence, un petit clin d'oeil vers celles qui en ont été victimes. Mais ce poème est plutôt inspiré du romantisme allemand et du mythe démoniaque de la "Chasse Sauvage" (aussi évoqué par Hugo dans les Djinns).Lumière ! Lumière !
Sabbat des sorcières !
Cavalcadez, chevaux de la lumière !
Légions d’anges au glaive entre les dents !
C’est la nuit des mystères
Qui éclate en menues explosions ;
Partout à la fois les étoiles se brisent
Comme des verres de champagne,
Et laissent mousser leur liquide pétillant,
Sperme, sperme de la nuit.
Chaque nébuleuse est un ange qui chante
Et tous les chants de tous les anges
Font une clameur étrange et jamais ouïe encore…
Oh ! fermez bien la porte !
Car quiconque sortira en cette nuit maléfique
Devra en mourir aussitôt.
Les arbres secoués de frissons
Sécrètent d’effrayants cavaliers,
Une giclée de cris s’élève
En gerbe qui troue le firmament ;
Sabbat ! Sabbat ! Dieu des armées !
Entends-tu l’appel de ton peuple ?
Gorgés de haine et de famine,
Les voici ces ogres guerriers,
Immaculés comme la Voie Lactée,
Cherchant de pâles épousées
Parmi la racaille mortelle.
La mort plane, entends-tu ?
Son hurlement remplit la nuit.
C’est un cavalier de tempête,
Gigantesque et maudit,
Aux yeux exorbités,
Au corps secoué de sanglots,
Au cheval fou,
Et il t’appelle !
… Ange, mon ange
Ne pleure pas…
Elle est sortie, son pas résonne au clair de lune ;
Un cri traverse la voûte céleste,
La lune pleure du sang…
O ma vierge, je t’ai tuée !!
Brutalement le jour se fait.
Au fond du jardin
Le grand chêne s’est abattu.
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Par Aloysia* le 21 Décembre 2006 à 12:00
Les étapes de ma course sont jalonnées d’éclairs
C’est que je les brûle
Et je suis avaleur de feu
Car je les dévore
Mes cheveux forment un disque scintillant
Qui tourne inlassablement autour de mon front
Et je les prends à pleines mains
Pour les offrir à l’arrivée
A Celle qui m’attend
Mais là-bas est un gouffre
Et nul ne le sait
Et moi je bondirai
Par l’espace enflammé
Pour le franchir et repartir plus loin
Vers de nouveaux espaces
Vers le grand vers le clair vers l’immense
Tandis que derrière moi grondera la fournaise
En décomposition
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Par Aloysia* le 3 Février 2007 à 12:00Où sont les roses mortes
Qui s’endormaient hier
On les a par la porte
Envoyées à la mer
Où est le cheval gris
Qui sautait la barrière
Il a fui dans la nuit
Vers une autre lumière
Où est la neige d’or
Qui scintillait aux brises
Elle a trouvé la mort
Parmi les aubes grises
Je cours ainsi qu’une étincelle
Vers un point qui m’est inconnu
Et ma trop blanche tourterelle
Agonise sous le ciel nu
Psyché passe avec sa bougie
Mais il fait nuit et elle a froid
Elle frissonne et la magie
La précipite avec sa croix
Qu’elle est lourde à porter la peine
Je crie vers mon Libérateur
Mais son âme est encore pleine
De mépris pour mon pauvre cœur
Je pleure des fleuves de flamme
Je donne des ruisseaux de sang
Ainsi se dépouille mon âme
En tremblant et en gémissant
Quand viendra donc la fin de ces tourments
Quand reverrai-je enfin mon ciel de fête
Quand viendra-t-Il si puissant si charmant
De son laurier recouronner ma tête
Je perds espoir au fond de mon abîme
Et mes appels me semblent par trop vains
Mes yeux levés fouillent parmi les cimes
Pour retrouver Celui dont ils ont faim
Tombe le ciel tombe la nuit
Tombent les cimes les montagnes
Tombe l’obstacle que je fuis
Et tous les arbres des campagnes
Meure mon rêve inoubliable
Meure ma mort de chaque jour
Meure ma peine inépuisable
Meurent mon cœur et mon amour
J’erre sans force et sans courage
Comme un vieux chien abandonné
Tout est gris sombre sous l’orage
Je n’ai plus rien j’ai tout donné
Poème de jeunesse
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