• Petite histoire


        Ce matin il faisait très beau en centre France. Et vers la fin de la matinée j'eus envie d'aller marcher un peu dans la campagne située juste derrière ma rue. 

     

    Petite histoire

     

      Seulement là je ne marchais pas comme d'habitude. En fait cette promenade n'était qu'un prétexte que j'avais trouvé pour m'isoler et réfléchir tranquillement. Au lieu d'avancer à grands pas en respirant à pleins poumons et en faisant fonctionner tous mes muscles dans un esprit "sportif", j'avançais au ralenti en fixant mes pieds.

        Je butais sur quantité de questions auxquelles je m'efforçais de répondre et pour ne pas me perdre, je les prenais une à une, les éliminant, y revenant sous une autre forme, en évoquant une autre... Ce qui ne m'empêchait pas de me heurter toujours à la même incompréhension.

        Je ne marchais donc qu'à peine et en fixant mes orteils, tandis qu'il me semblait être dans un profond tunnel armée d'une pioche et heurtant la roche de toute mon énergie, pour sans cesse ne rencontrer qu'un bloc hermétique, impénétrable. Et à force de tergiverser en passant d'une idée à une autre je fus soudain si désespérée qu'intérieurement je me mis à appeler :

         -  Au secours !! Au secours !!

       C'est alors que j'entendis une voix derrière moi.

         Je pensai : "ça y est, des gêneurs !"... Des promeneurs, quoi, qui allaient certainement briser ma déchirante méditation.

        Mais aussitôt je me ressaisis et corrigeai : "Ne viens-tu pas d'appeler au secours ? Alors, les secours arrivent voyons !"

         Je me retournai et aperçus en haut du chemin de terre raviné et caillouteux sur lequel je me trouvais un garçonnet à vélo. À qui parlait-il ? Je continuai tout doucement d'avancer en montant sur le bas-côté pour qu'il puisse rouler.

     

    Petite histoire
    (photo tirée du net)

     

        Il s'approcha, juché sur un VTT d'adulte qui paraissait immense pour ses douze ans environ et m'interrogea sur le chemin à suivre, tandis qu'arrivait au triple galop son compagnon, un gros labrador beige.

     

    Labrador
    (Photo du net)

     

        L'animal, détaché et démuni de collier, se précipita sur moi en aboyant. Ce n'est pas un labrador qui allait m'impressionner... Je posai donc mon bâton à terre pour ne pas l'effrayer et lui fis face en souriant, tandis que le gamin, lui criait : "Ta bouche ! Ferme ta bouche !" C'était assez cocasse... mais je ne comprenais pas le nom du chien.

          Celui-ci cependant sautillait sur place devant moi en aboyant opiniâtrement. Je lui tendis la main pour me donner à connaître et, après l'avoir flairée il s'éloigna pour pisser un peu plus loin et bien me montrer qu'il était un garçon.

         Je demandai au jeune maître :

           -  C'est comment, son nom ?
           -  Satanas !
           - Ah ! Je comprends maintenant pourquoi il n'est pas commode !! 

      Le jeune cycliste se remit à pédaler en entraîna le chien à sa suite en me lançant :

           - Comme ça il va être bien fatigué !

     

          Il m'avait rendu le sourire. Je repartis plus gaiement en songeant à ce chien... "Satanas"! Un nom qui m'évoquait le parfait objecteur de conscience... Et soudain je compris son manège. Ce chien était le sauveur que j'avais appelé. Il était tout simplement venu me réprimander. En aboyant ainsi devant moi, voici ce qu'il me disait :

           - Dis donc, tu n'as pas bientôt fini de te torturer le ciboulot ? Tu crois que c'est une solution ! Arrête !!

            Je riais, maintenant. Je pensais que les chiens sont des maîtres remarquables en matière d'humilité et de patience.

               Et puis je me dis que cela avait été un chien, mais que cela aurait pu tout aussi bien être une pierre, ou une averse. Le maître s'exprime par tous les moyens.

             Ensuite le paysage s'est mis à rire aussi autour de moi. 
             Comme cet épouvantail rigolo.

     

     Epouvantail

      

         Ou comme ces jolis bouleaux plein de douceur...

     

     Bouleaux

             Je suis rentrée en marchant un peu plus vite... À peine.

     

      

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