• Où est la vraie vie ?

     

      Je viens de regarder en différé le dernier "Rendez-vous en Terre Inconnue", de Frédéric Lopez, qui se situe au Sahara avec Sylvie Testud. Je vous invite à le revoir ici, tant qu'il y est encore diffusé intégralement.

       Et ce qui est extraordinaire avec cette émission - je ne sais pas si son réalisateur en a eu conscience en la concevant - c'est que, quelle que soit la vedette qui est choisie, et quel que soit le lieu où elle se rend, la découverte reste la même : l'aventurier (ère) en revient bouleversé parce qu'il a découvert des êtres vrais, qui dans l'humilité de leur vie éloignée de toute civilisation, ont su lui transmettre des émotions profondes et lui apprendre la sagesse. Si bien que le spectateur lui aussi, rien qu'en suivant le cours du reportage et en se projetant dans le coeur de l'invité(e), est à son tour profondément touché par ce contact inouï avec les racines mêmes de la nature humaine.

     

    Canyon.jpgPrès de la Guelta d'Archei (Tchad)

     

        Sylvie Testud fait cette remarque forte plusieurs fois dans le film - à son arrivée dans le désert, puis au milieu lors d'un déplacement avec un troupeau de dromadaires vers un canyon extraordinaire : la Guelta d'Archei - qu'elle a l'impression de se retrouver "à l'origine de l'histoire du monde", ou "aux débuts de la Terre". En effet, le décor est biblique ; dans l'immensité du désert, il semble qu'il n'y ait en tout et pour tout que quelques hommes et quelques bêtes, vivant en harmonie. Elle évoque même le Jardin d'Eden, tant cette harmonie paraît évidente et naturelle ; ou encore l'univers des contes pour enfants - et l'on pense à Aladin ou aux Rois Mages.

     

    Kaltouma.jpgKaltouma

     

       Sa conversation avec l'une des femmes qui la reçoivent, Kaltouma, manifestement encore très jeune et enceinte pour la 4e fois, lui permet de découvrir que non seulement ces femmes accouchent entièrement seules, mais qu'en plus elles sont persuadées qu'un témoin de leur accouchement ne pourrait que se moquer d'elles ! De plus, mariée par surprise à l'âge de quatorze ans à un homme qu'elle n'avait jamais vu, et emmenée de force liée sur un dromadaire avec quelqu'un assis sur elle pour prévenir toute tentative de fuite, elle a tout de même fini par s'attacher à son mari et apprécier de vivre sous sa protection (il est heureusement environ de son âge et l'avait choisie, lui, par goût). Leur vie est si paisible dans le désert ; l'on ne s'y sent, disent-ils, jamais seul car on a des amis sur qui l'on peut compter et toujours de la famille quelque part. L'un d'eux, Hadoum, ne mettra jamais ses enfants à l'école : pourquoi les enfermer dans les villes alors qu'ils peuvent continuer à vivre cette existence libre d'éleveurs ? Il pense bien que ce métier, qui existe depuis toujours, continuera toujours d'exister.

     

    Puits.jpgLe puits

     

       Pour trouver un puits, il faut marcher quatre heures ; les nomades ne s'installent pas à proximité car il ne s'y trouve pas suffisamment de nourriture pour les troupeaux. Alors, comment ne pas penser au Petit Prince ? Tout le message du petit Prince revient dans ce reportage, notamment à la fin (et à la fin de chacune de ces remarquables émissions d'ailleurs), lorsqu'il s'agit de se quitter : car avec des gens si solitaires et si profondément ancrés dans la nature, les liens qui se nouent ne peuvent être que très intenses, et l'on pense au Renard qui dit :" Je pleurerai". On est un peu triste, lorsque l'on s'est laissé apprivoiser ! Cependant il ajoute : "Mais j'y gagne, à cause de la couleur des blés". Et de même, les deux femmes assurent à Sylvie qu'elles ne pourront jamais l'oublier, parce qu'elles l'ont tout de suite aimée... Quant à notre héroïne, elle reconnaît avec émotion qu'elle laisse une partie d'elle-même en arrière - comme l'affirmaient d'ailleurs ceux qui l'ont précédée sur d'autres terres inconnues. Dans nos villes, a-t-on le temps de se connaître si intimement ? Se laisse-t-on réellement "apprivoiser" ?

     

    Petit-Prince-Renard.jpgLe Petit Prince et le Renard (Saint-Exupéry)

     

       Quelle sagesse et quelle grandeur chez ces hommes qui affirment n'avoir jamais peur au désert, car ils savent se guider aux étoiles, et surtout, ils ont traversé toutes les peurs possibles parmi lesquelles la plus grande est celle de la mort, ayant été capables de survivre trois jours sans manger ni sans boire ! Après cela, déclare l'intéressé, "si la mort doit me surprendre, elle le fera n'importe où... "  

       Vers la fin de l'émission, en regardant ces êtres marcher sur la terre nue avec leurs simples robes, je me suis dit que ce seraient eux les premiers au "paradis"... et que s'il y avait de multiples réincarnations avant de parvenir à la perfection, eh bien c'étaient eux qui vivaient la dernière. De quoi avons-nous l'air, avec nos immeubles, nos routes et nos voitures, nos finances, nos assurances et nos connaissances, avec nos modes, nos habitudes et toutes nos complications ? Ne sommes-nous pas complètement à côté de la vérité, et si embarrassés de possessions multiples qu'il nous pousse un ego gigantesque impossible à déraciner ?...

     

    Gorane.jpg

         Seule une existence dépouillée, entre la terre et le ciel, avec de simples animaux, peut nous permettre de retrouver la voie du cœur.

     
     
     
    « Promenade automnaleUne vie libérée »

  • Commentaires

    1
    Jeudi 11 Octobre 2012 à 12:00
    Coucou Martine, Je te souhaite une belle journée en compagnie de Nicole et Robert ! J'espère que tu nous offriras un bel article sur le sujet ! Je pense à vous ! Bisous


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :