En ces temps de violence, un petit clin d'oeil vers celles qui en ont été victimes. Mais ce poème est plutôt inspiré du romantisme allemand et du mythe démoniaque de la "Chasse Sauvage" (aussi évoqué par Hugo dans les Djinns).
Lumière ! Lumière !
Sabbat des sorcières !
Cavalcadez, chevaux de la lumière !
Légions d’anges au glaive entre les dents !
C’est la nuit des mystères
Qui éclate en menues explosions ;
Partout à la fois les étoiles se brisent
Comme des verres de champagne,
Et laissent mousser leur liquide pétillant,
Sperme, sperme de la nuit.
Chaque nébuleuse est un ange qui chante
Et tous les chants de tous les anges
Font une clameur étrange et jamais ouïe encore…
Oh ! fermez bien la porte !
Car quiconque sortira en cette nuit maléfique
Devra en mourir aussitôt.
Les arbres secoués de frissons
Sécrètent d’effrayants cavaliers,
Une giclée de cris s’élève
En gerbe qui troue le firmament ;
Sabbat ! Sabbat ! Dieu des armées !
Entends-tu l’appel de ton peuple ?
Gorgés de haine et de famine,
Les voici ces ogres guerriers,
Immaculés comme la Voie Lactée,
Cherchant de pâles épousées
Parmi la racaille mortelle.
La mort plane, entends-tu ?
Son hurlement remplit la nuit.
C’est un cavalier de tempête,
Gigantesque et maudit,
Aux yeux exorbités,
Au corps secoué de sanglots,
Au cheval fou,
Et il t’appelle !
… Ange, mon ange
Ne pleure pas…
Elle est sortie, son pas résonne au clair de lune ;
Un cri traverse la voûte céleste,
La lune pleure du sang…
O ma vierge, je t’ai tuée !!
Brutalement le jour se fait.
Au fond du jardin
Le grand chêne s’est abattu.